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Liban - Crise des déchets

L’exportation des déchets, une procédure coûteuse, indispensable et contestée

Tammam Salam convoquera le Conseil des ministres lorsque son plan de règlement sera au point.

Alors que le problème des immondices devient de plus en plus insupportable, la présidence du Conseil peaufine, dans l’urgence, son projet d’exportation des déchets, pour une durée d’un an. Une option qui suscite cependant des grincements de dents du côté des écologistes. Parallèlement, les autorités sont malmenées à cause de leur laxisme, comme le montre cette photo officielle du gouvernement, jetée par le collectif « Vous puez ! » parmi les détritus. Photo Michel Sayegh

Le dossier des déchets s'est imposé à la conférence de dialogue. Mais quatre mois, jour pour jour, après le début de la crise, on en est toujours à discuter des moyens de la régler. La présidence du Conseil a opté pour l'exportation. Le député Ali Fayad a confirmé à sa sortie de Aïn el-Tiné que le chef du gouvernement, Tammam Salam, envisage sérieusement cette option.
Face au blocage politique et à l'opposition exprimée à toutes les solutions qui avaient été proposées pour ramasser les immondices des rues, ce dernier n'avait d'autre choix que de recourir à l'exportation, une solution dont il est en train d'étudier tous les aspects, indique-t-on dans son entourage, en précisant qu'il multiplie à cette fin les concertations avec la commission ad hoc que préside le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb.


De mêmes sources, on souligne que le plan prévu à cet effet serait dans sa phase finale et que c'est une question de jours avant que le Premier ministre ne le dévoile. D'aucuns affirment que M. Salam peut prendre seul la décision d'exporter les déchets sans avoir, pour cela, à prendre le feu vert du gouvernement, mais de diverses sources concordantes, on insiste sur le fait qu'il compte convoquer le Conseil des ministres dès que son plan pour l'exportation des déchets sera mis au point. Cette convocation devra marquer la redynamisation du Conseil des ministres, bloqué à cause des tiraillements politiques autour du mécanisme de prise de décision et des nominations sécuritaires. Le CPL, qui refuse de prendre part aux réunions du gouvernement pour marquer sa désapprobation de la façon avec laquelle les deux sont gérés, s'est engagé à assister à un Conseil des ministres qui sera consacré au dossier des déchets ou à toute autre question urgente.
Pour l'heure, le Premier ministre s'attelle à l'examen du volet technique de l'exportation, une solution qui s'avère extrêmement coûteuse pour le Liban, mais que Tammam Salam considère comme étant indispensable compte tenu de l'ampleur de la catastrophe écologique qui frappe le pays. Aucun chiffre n'est cependant avancé. La LBCI a fait état d'une fourchette allant de 130 à 170 dollars la tonne. On sait seulement que parmi plusieurs offres faites au Liban – elles seraient au nombre de sept –, le gouvernement optera pour la moins chère et la plus sérieuse.

 

(Repère : Actes citoyens, précautions à prendre : que faire, au niveau individuel, face à la crise des déchets)

 


Durant la conférence de dialogue, M. Salam a expliqué aux personnes réunies que le Liban devra exporter ses déchets pendant un an, en attendant la mise en place d'une solution locale durable. Dans son entourage, on indique qu'à partir du moment où le choix sera porté sur une compagnie, le tri, l'essorage et l'emballage des déchets qui seront entreposés au port devront commencer.


Ce processus reste cependant flou. À supposer que le gouvernement confiera à une ou plusieurs compagnies les opérations d'emballage et d'exportation des détritus, quel sera le temps nécessaire pour se débarrasser des déchets accumulés pendant quatre mois ? Ne faut-il pas qu'il y ait au préalable des négociations avec les pays qui souhaitent les prendre ? Comment enlever les immondices qui ont été jetés au fond des vallées et que la pluie a mélangés à la terre ? Plus important encore, où seront les centres de tri ? Plusieurs écologistes ont exprimé dans le passé des réserves sur ce règlement. L'un d'eux, Naji Kodeih, exprime des doutes quant à l'efficacité de cette solution, en rappelant que la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets impose des conditions très strictes et une procédure assez longue pour l'envoi de détritus d'un pays à un autre. Il explique que le Liban doit, avant d'obtenir l'autorisation de faire exporter ses déchets, remplir un formulaire de notification dans lequel il est tenu d'identifier ses déchets. Cela implique, explique-t-il, que le Liban devra au préalable trier ses déchets, un processus qui, quatre mois après le déclenchement de la crise, n'a toujours pas été entamé, en dépit des nombreux appels lancés par les écologistes en ce sens. « Qui, au Liban, peut aujourd'hui assurer que les ordures jetées partout ne contiennent pas des déchets hospitaliers, industriels ou radioactifs ? » s'est-il interrogé en rappelant que les autorités auraient pu facilement lancer ce processus étant donné la présence de 10 centres de tri, mis en place dans plusieurs régions libanaises grâce à un financement de l'Union européenne. Il est vrai que ces centres ne sont pas suffisants aujourd'hui pour trier les dizaines de milliers de tonnes d'ordures accumulées, mais ils auraient aidé à atténuer l'impact de la crise. « Entre-temps, au cours de ces quatre mois, le gouvernement aurait pu lancer les chantiers d'autres centres de tri et de traitement plutôt que de s'embourber dans des querelles autour des décharges », a poursuivi M. Kodeih, en expliquant que ce processus aurait pu mettre le Liban sur la voie d'un règlement durable du dossier des déchets, d'autant, précise-t-il, qu'il ne faut pas plus de six mois pour construire ces centres.


Toujours est-il qu'au niveau officiel, la procédure enclenchée pour permettre aux municipalités de s'associer au règlement du problème des détritus poursuit son chemin. Hier, le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, a signé le décret portant transfert, tous les trois mois, des recettes perçues sur les factures de la téléphonie mobile au titre de la TVA et dues aux municipalités.

 

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Le dossier des déchets s'est imposé à la conférence de dialogue. Mais quatre mois, jour pour jour, après le début de la crise, on en est toujours à discuter des moyens de la régler. La présidence du Conseil a opté pour l'exportation. Le député Ali Fayad a confirmé à sa sortie de Aïn el-Tiné que le chef du gouvernement, Tammam Salam, envisage sérieusement cette option.Face au...

commentaires (3)

"...le dossier des déchets s'est IMPOSE à la conférence de dialogue..." Vous vous rendez compte...s'est IMPOSE...quelle bonne nouvelle après 4 mois...mais en lisant la suite de l'article, on déchante vite ! "...M. Salam a expliqué aux personnes réunies que le Liban devra exporter ces déchets pendant 1 an, en attendant la mise en place d'une solution locale durable..." Connaissant nos MARIONETTES-INCAPABLES, tout ce qui sera fait réellement durant cette période de 1 année, ce sera le remplissage des poches de tous ceux qui participeront de près ou de loin à cette "solution provisoire". Et pendant ce temps, ces montagnes de déchets augmenteront partout, dans les rues, les valées, à la montagne et au bord de la mer ! Car, malheureusement, nous sommes un peuple foncièrement indiscipliné...à part quelques rares exceptions. Par la faute de nos dirigeants qui, depuis toujours, ne se sont jamais vraiment préoccupés d'inculquer le sens civique et patriotique aux citoyens, et cela dès l'école, ainsi que la discipline. Irène Saïd

Irene Said

14 h 33, le 18 novembre 2015

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Commentaires (3)

  • "...le dossier des déchets s'est IMPOSE à la conférence de dialogue..." Vous vous rendez compte...s'est IMPOSE...quelle bonne nouvelle après 4 mois...mais en lisant la suite de l'article, on déchante vite ! "...M. Salam a expliqué aux personnes réunies que le Liban devra exporter ces déchets pendant 1 an, en attendant la mise en place d'une solution locale durable..." Connaissant nos MARIONETTES-INCAPABLES, tout ce qui sera fait réellement durant cette période de 1 année, ce sera le remplissage des poches de tous ceux qui participeront de près ou de loin à cette "solution provisoire". Et pendant ce temps, ces montagnes de déchets augmenteront partout, dans les rues, les valées, à la montagne et au bord de la mer ! Car, malheureusement, nous sommes un peuple foncièrement indiscipliné...à part quelques rares exceptions. Par la faute de nos dirigeants qui, depuis toujours, ne se sont jamais vraiment préoccupés d'inculquer le sens civique et patriotique aux citoyens, et cela dès l'école, ainsi que la discipline. Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 33, le 18 novembre 2015

  • Le cycle.... collecte/exportation/traitement est très couteux ! et ne peut durer dans le temps ,la/les solutions sont ici...mais apparemment avec les nuls politiques au pouvoir ...qui n'ont même pas su , "prévisionner " en temps dû .. le traitement des ordures ...il faut s'attendre à tout ...! sauf ...à de l'efficace et de l'économique...!

    M.V.

    12 h 01, le 18 novembre 2015

  • LE PROJET LE PLUS ÉCONOMIQUE... À LA MAISON... NE LAISSE PAS BEAUCOUP DE MARGE POUR LES RAPACES DES COMMISSIONS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 45, le 18 novembre 2015

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