Mettre les déchets dans des sacs étanches, en attendant une solution radicale

La crise des déchets s'aggrave. Aucune solution n'est en vue. De nombreuses associations ont tenté de proposer des projets de règlement. En vain. En attendant une solution radicale, l'ONG Offre-Joie s'est donc efforcée d'atténuer l'impact de cette crise : pendant près d'un mois, ses volontaires se sont employés à « nettoyer » plusieurs quartiers de la capitale et de sa banlieue. Munis de masques et de gants, ils ont rassemblé les déchets dans des sacs en nylon blanc, plastifiés et étanches, qu'ils ont ensuite déposés dans des bennes, en attendant que le gouvernement prenne une décision quelconque concernant les déchets.
« Notre action a commencé il y a sept semaines, avec la participation, chaque week-end, de 40 personnes de notre association. Ces personnes, divisées en deux groupes (20 personnes le matin et 20 le soir), ont rassemblé les ordures entreposées sur les routes et dans les rues et les ont déposées dans les sacs étanches. Nous avons mené cette opération à Beyrouth, mais également dans d'autres régions comme Jdeidé », explique Melhem Khalaf, président et l'un des fondateurs d'Offre-Joie.
À l'origine de cette idée, l'ingénieur Pierre Abi Rached, membre de l'ONG éco-citoyenne Terre (militant pour la protection de l'environnement). Ce dernier a tout d'abord fait un test avec ces sacs étanches chez lui à Baabda. Un test concluant qui a poussé Offre-Joie à prendre le relais.

Des gestes simples pour la santé et l'environnement
Ces nouveaux sacs pourraient être, à titre provisoire, la solution à la situation chaotique qui affecte le Liban. En effet, ils limitent l'impact préjudiciable que les poubelles ont sur notre santé ainsi que sur l'environnement. « Ils empêchent la fermentation ou la fuite du liquide noir provenant des déchets, lorsque la pluie tombe. L'odeur est réduite à 95 %. De ce fait, les insectes (comme les cafards) ne sont plus attirés par nos poubelles et ne viennent plus dans nos maisons. De plus, ces sacs ont une durée de vie d'au moins un an », précise Melhem Khalaf. Ces sacs sont fournis par Sami Semaan, qui les fabrique. Une fois les sacs remplis de déchets, ils sont déposés dans des bennes prévues à cet effet.
« Le but de notre action est de montrer aux citoyens libanais que nous pouvons lutter contre cette crise par des gestes simples. Nous voulons convaincre les municipalités de suivre cet exemple en attendant le plan d'action définitif du gouvernement », poursuit Melhem Khalaf.
Cinq municipalités ont déjà commencé à suivre les conseils d'Offre-Joie : Jdeidé-Sed el-Bauchrieh (Metn), Qornet Chehwan (Metn), Aïn el-Saydé (Aley), Bmakkine (Aley) et Kfarhim (Chouf).

Une innovation peu coûteuse
Les sacs sont peu coûteux pour une municipalité, ce qui devrait permettre aux différents conseils municipaux des régions libanaises d'adhérer à cette action. « Pour une municipalité de 1 000 habitants, il faudrait 700 sacs étanches et deux employés pour les ramasser. Les sacs coûtent entre 0,45 et 0,75 cent. Si on additionne le prix des sacs, le salaire et les tenues des employés, on arrive à un total de 2 131 dollars, ce qui est une dépense minime pour une municipalité », souligne M. Khalaf. « L'opération peut même être améliorée si les citoyens opèrent un tri au quotidien. Il s'agit de gestes simples qui ne prennent pas de temps ni d'argent et qui pourraient sauver notre environnement ainsi que notre santé », explique-t-il.
Récemment, l'association Offre-Joie a organisé une rencontre à l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, en présence de représentants de municipalités du Mont-Liban. C'est autour d'une table ronde que M. Khalaf a expliqué l'action menée par Offre-Joie et a mis en avant tous les bienfaits écologiques de ces sacs afin de convaincre toutes les municipalités de suivre leurs pas.