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À La Une - Syrie

Fabien Clain, vétéran du jihadisme français et voix de l'EI

Converti à l'islam dans les années 90, ce jeune Français semble s'être radicalisé dans la première moitié des années 2000.

Fabien Clain, dont la voix a été identifiée par les enquêteurs sur une revendication audio des attaques de Paris par l'État islamique, est un vieux routier du jihadisme français. Photo d'illustration AFP.

Fabien Clain, dont la voix a été identifiée par les enquêteurs sur une revendication audio des attaques de Paris par l'État islamique, est un vieux routier du jihadisme français, pilier de la mouvance toulousaine des Merah.
L'intonation n'est ni martiale ni agressive, la voix est douce, posée. Les mots sont d'une violence rare pour se réjouir de la mort des "idolâtres" du Bataclan, des "croisés", et pour prévenir: "Cette attaque n'est que le début de la tempête et un avertissement pour ceux qui veulent méditer et retirer leurs leçons."

Ce Réunionnais de 37 ans n'appartient pas à la génération des "jihadistes Facebook" partis en Syrie après un embrigadement éclair par internet et dotés d'un bagage religieux sommaire. Comme un Saïd Arif ou un David Drugeon, son profil et son passé en font un cadre et un mentor naturels pour les plus jeunes parmi les quelque 850 Français et Belges qui seraient actuellement en Syrie.

Converti à l'islam dans les années 90, il semble s'être radicalisé dans la première moitié des années 2000, comme son frère Jean-Michel, 35 ans. Il appartient alors à un groupe de jeunes salafistes radicaux qui fréquentent la salle de prières de Bellefontaine, en fait une salle de judo prêtée par la mairie. "C'était quelqu'un qui faisait gentil, affable, souriant, je n'ai jamais eu de discussion dogmatique ni quoi que ce soit avec lui", se souvient pour l'AFP l'imam, Mamadou Daffé, qui apprend toutefois au milieu des années 2000 qu'il est la cible de critiques du groupe de jeunes salafistes. Et en 2005, Clain cesse de venir "parce qu'il n'était pas d'accord avec le prêche", pense Mamadou Daffé.

Le groupe se retrouve aussi volontiers dans un petit village de l'Ariège, Artigat, autour d'un "gourou", Olivier Corel. D'origine syrienne, l'"Émir blanc", aujourd'hui septuagénaire, fait office de "savant en religion" pour ces jeunes qui viennent régulièrement dans sa petite maison écouter ses préceptes. Au même titre qu'un autre converti, l'Albigeois Thomas Barnouin, Fabien Clain, alias "frère Omar", exerce un ascendant intellectuel certain sur le groupe. Notamment auprès de deux frères, Abdelkader et Mohamed Merah, et d'un de leurs intimes, Sabri Essid.

Surveillé de plus en plus près, le groupe de Toulouse-Artigat apparaît dans les radars de la justice fin 2006. Le 12 décembre, Essid et Barnouin sont interceptés par l'armée syrienne, en route pour combattre les troupes américaines en Irak. Après quelques mois de détention ponctuées de tortures selon Essid, ils sont remis à la justice française.

 

( Lire aussi : Le fonctionnement du groupe Etat islamique en cinq questions)

 

'Capitale des abominations et de la perversion'
Corel et Abdelkader Merah sont entendus sans être inquiétés mais Essid, Barnouin et Clain, présenté comme un "organisateur", sont condamnés. Le parquet fustige la "haine contre les incroyants" qui anime les membres de la filière.

Arrivé libre au tribunal pour entendre le jugement, Fabien Clain en ressort menottes aux poignets. Aussi est-il en prison (il devait sortir quelques mois plus tard) au moment de la campagne d'assassinats de Mohamed Merah à Toulouse et Montauban en mars 2012. Mais les deux hommes ont correspondu par courrier durant les périodes de détention de Mohamed Merah dans des dossiers de droit commun comme pendant les années de prison de Clain.

A l'instar de Barnouin, celui-ci se désolidarisera publiquement des crimes du tueur au scooter et, à sa libération, il ne s'installe pas à Toulouse. Sa trace se retrouve en Syrie. Quand y est-il parti ? Peut-être à la même période que le clan des Toulousains qui, de manière échelonnée durant le premier semestre 2014, trompent la surveillance des services français.

En mars 2015, Essid revient à la une, apparaissant sur la vidéo d'une exécution à l'arme de poing d'un Arabe israélien qui semble tué par un enfant. Cet enfant est son beau-fils. Comme l'avait révélé Le Monde, Fabien Clain apparaît aussi dans l'enquête sur le projet avorté d'attaque d'une église à Villejuif (Val-de-Marne) en avril.

Pour les services, c'est sa voix que l'on entend sur le message de revendication de l'EI, où il glorifie les kamikazes, "soldats du califat" qui ont "pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la Croix en Europe, Paris". "Qu'Allah les accepte parmi les martyrs et nous permette de les rejoindre", ajoute la voix.

 

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