Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé hier à un règlement politique global de la crise qui sévit depuis plusieurs mois au Liban, estimant que les solutions « au cas par cas » ne servent plus rien. Il a dans ce contexte confirmé la présence de son bloc parlementaire à la séance législative convoquée par le président du Parlement, Nabih Berry, pour ce jeudi et demain vendredi, appelant tous les protagonistes à faire de même « dans l'intérêt du pays ».
Le chef du parti chiite s'exprimait dans un discours retransmis en direct, dans le cadre d'une cérémonie organisée dans la banlieue sud de Beyrouth, à l'occasion de la Journée du martyr.
Hassan Nasrallah a dénoncé la situation politique et « les responsables qui n'assument pas leurs responsabilités et qui se lancent des accusations », estimant que non seulement l'État mais même la société libanaise est de plus en plus fragilisée.
« Toute partie approche tout dossier comme elle l'entend. Il y va de même pour la lecture de la Constitution », a-t-il lancé, dans une claire allusion à la polémique sur la séance consacrée à la législation de nécessité. « Il existe différents points de vue concernant cette séance, et nous les respectons tous, a indiqué le leader chiite. Mais qui est la référence censée trancher ce débat ? »
Les trois principales composantes chrétiennes du pays, le Courant patriotique libre, les Forces libanaises et les Kataëb s'opposaient à la tenue de la séance qui, selon les milieux de Aïn el-Tiné, est commandée par l'urgence de voter des lois financières devenues pressantes si l'on veut éviter au pays une calamité économique et financière contre laquelle la communauté internationale n'a cessé de mettre en garde.
Tout en reconnaissant l'impératif financier derrière ce type de législation, les pôles chrétiens refusaient de participer à moins de voir placée à l'ordre du jour la discussion autour de la loi électorale. Les FL et le CPL demandaient que soit également débattu par la même occasion le projet de loi autour de la récupération par les membres de la communauté libanaise résidant à l'étranger de la nationalité, en prenant en compte les conditions préalablement définies par ces deux formations.
Hier, et après plusieurs jours de tensions et de débats houleux, un accord a pu finalement être dégagé, ce qui a poussé le Courant patriotique libre de Michel Aoun et les Forces libanaises, les deux plus importants partis chrétiens, à se préparer à prendre part à la réunion.
L'intérêt national a prévalu
Hassan Nasrallah a d'ailleurs estimé dans son discours qu'« il est dans l'intérêt du pays » que tous les blocs parlementaires participent à cette séance. Il a dans ce contexte salué la décision du chef du bloc du Changement et de la Réforme, son allié, Michel Aoun, de finalement faire acte de présence. « Cela veut dire que nous sommes parvenus à faire primer l'intérêt national », a-t-il estimé.
Le chef du parti chiite a dans ce contexte appelé à un règlement politique global qui inclut la présidence de la République, le prochain gouvernement, la loi électorale et tous les autres dossiers en suspens. « Arrêtons de perdre notre temps, a-t-il lancé. La résolution des problèmes "au cas par cas" ne sert plus à rien, nous sommes tous responsables ».
Dénonçant l'échec du gouvernement et des municipalités à résoudre la crise des déchets qui sévit depuis plus de trois mois au Liban, Hassan Nasrallah a rappelé que beaucoup de dossiers ne sont toujours pas réglés, notamment les militaires otages des jihadistes, le chômage et la crise de l'émigration.
« Guerre médiatique »
Par ailleurs, le leader chiite a salué « les martyrs de la résistance et de l'armée libanaise qui, grâce à leurs sacrifices, ont mis le Liban à l'écart du danger ». « Notre responsabilité est de préserver l'arsenal de la résistance afin de libérer les territoires toujours occupés et de faire face à toute agression », a-t-il lancé.
Il a dénoncé ce qu'il a qualifié de « guerre médiatique » contre la résistance dans le but de minimiser ses exploits et porter atteinte à son essence. « Porter des armes en perdant notre âme, notre dignité et notre volonté ne sert à rien et c'est ce à quoi nous devons faire face », a-t-il insisté.
Le chef du Hezbollah a écarté l'éventualité d'une nouvelle offensive militaire israélienne contre le Liban. « Ils se contenteront de la guerre médiatique, des mensonges, des fausses accusations, des pressions économiques, du blocus, comme ils le font depuis des années, a-t-il estimé. Mais nous appelons certains Libanais à ne pas être les partenaires du (Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu et (du président des États-Unis) Barack Obama dans leur projet visant à frapper la résistance. »
Évoquant brièvement le dossier syrien, le chef du parti chiite a salué l'exploit de l'armée syrienne qui a brisé mardi un siège de plus de deux ans sur l'aéroport militaire de Kweires, près d'Alep. Cet aéroport, à l'est d'Alep, avait été assiégé à partir d'avril 2013 par une coalition de rebelles. Après une guerre fratricide entre jihadistes et groupes rebelles en janvier 2014, c'est le groupe État islamique qui a encerclé l'aéroport. « Il s'agit d'une victoire qui a une très grande signification et d'un message aux États-Unis et à leurs alliés », a estimé le chef du parti chiite dont les miliciens combattent aux côtés du régime de Bachar el-Assad. Il a dans ce contexte réitéré son appel à une solution politique et non militaire à la crise syrienne.
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restons optimistes...
PPZZ58
23 h 30, le 12 novembre 2015