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Campus - Libre cours

Hervé Sabourin : « La francophonie, c’est une chance pour la diversité »

L'AUF, qui est l'une des plus importantes associations d'institutions d'enseignement supérieur et de recherche au monde, est présente et très active au Liban depuis 1993. Rencontre avec Hervé Sabourin, directeur du bureau régional pour le Moyen-Orient.

Hervé Sabourin lors du séminaire sur le thème « Formation des directeurs de recherche » organisé le 2 juillet passé à la faculté des sciences de l’Usek, en partenariat avec le Consortium doctoral régional en économie et gestion (Codeg) et le soutien de l’AUF.

Qu'est-ce que l'Agence universitaire de la francophonie ?
L'AUF, une association internationale dont les membres sont des établissements d'enseignement supérieur. Ces universités ont en commun le partage de la francophonie. J'insiste bien: cela ne veut pas dire que chaque université membre de l'AUF n'utilise que le français comme langue d'enseignement. Bien au contraire, dans chaque pays, l'université membre de l'AUF utilise sa langue, voire d'autres langues. Mais, d'une certaine manière, elle s'engage à l'intérieur de son établissement à utiliser le français et, je dirais même plus, les valeurs francophones, car ce qui unit aussi la francophonie ce sont des valeurs communes : intellectuelles, culturelles et humaines. L'AUF est gérée par une direction à deux têtes : l'une basée à Paris, l'autre à Montréal.

 

Revenons sur vos activités de l'année qui vient de s'écouler; lesquelles, à votre avis, ont été les plus marquantes?
La première est le Prix
Goncourt/Choix de L'Orient, qui a une vertu régionale, une dimension intellectuelle forte dans la valorisation de la littérature francophone et, bien sûr, une grande valeur éducative puisque, à travers l'organisation de ce prix en jurys composés par les étudiants, on donne l'occasion à ces jeunes d'analyser, de comprendre, de s'aider, de travailler ensemble, le tout sous les couleurs de la francophonie.
Une autre activité importante est, à mon avis, la conférence sur la cybersécurité au mois de mai qui a été l'occasion pour nous de montrer à un large public ce que pouvait représenter le thème de la cybersécurité dans un pays comme le Liban. C'est un projet très important et excessivement ambitieux. Important, car à mon avis la cybersécurité nous concerne tous à tous les niveaux : dans les foyers, dans les banques et les ministères ; et elle va nous concerner de plus en plus dans les années à venir. Ambitieux, car rien ne sera fait sans une prise de conscience collective et générale. C'est-à-dire qu'il faut sensibiliser les enfants qui jouent avec leurs smartphones, les hommes d'affaires, les établissements, le monde politique.
Il y a eu d'autres événements importants : le dialogue interculturel, les séminaires organisés dans les différentes universités sur l'émigration, sur la résolution des conflits. Toutes ces questions-là, nous essayons de les porter au niveau des universités pour permettre à des étudiants et à des professeurs de s'y initier.

 

Quel rôle joue l'AUF dans la valorisation de la recherche universitaire ?
L'AUF appuie fortement la recherche. Le renforcement des actions de recherche, initié l'année passée, doit prendre toute son ampleur en 2016.
L'université est avant tout acteur du progrès de la société. Ce sont donc les chercheurs et les professeurs qui doivent faire des propositions, non seulement pour la société, mais aussi pour améliorer la formation universitaire. Vous montez un master dans n'importe quel domaine par exemple : si vous ne vous abreuvez pas des résultats de la recherche, votre master n'aura pas de grandes qualités, pas d'excellence. Donc nous avons essayé, à travers notre soutien à beaucoup de colloques, dans tous les domaines, de montrer que nous avons cette préoccupation.
Les grands thèmes sur lesquels nous travaillons en général dans le monde sont : l'eau, l'environnement, les énergies, la gouvernance publique et le patrimoine. L'AUF s'engage à aider au maximum les équipes de chercheurs des différentes universités à travailler sur ces questions en les finançant, et, ce qui va être nouveau en 2016, en obtenant d'organisations partenaires, comme le CNRS libanais ou l'Institut de recherche et développement français, des cofinancements.

 

Quels sont les grands défis sur lesquels vous axez vos prochaines actions ?
Dans le prolongement de ce qui a été fait, nous avons trois grands défis à relever : éducatif, sociétal et intellectuel. À mon avis, ce sont les défis des universités d'aujourd'hui qu'elles soient libanaises, régionales ou internationales. Défi éducatif : notre mission est de proposer des réformes notamment en utilisant les nouvelles technologies, le numérique. Nous le faisons notamment à travers des programmes européens que nous mettons en place tels que le programme Apprentissage à distance et innovation pédagogique (Adip). Le deuxième grand défi, c'est le défi sociétal et c'est là où la recherche prend tout son sens. Et, évidemment, il y a également la question de formation des personnes à travers des séminaires notamment sur la cybersécurité, le piratage éthique, le dialogue interculturel ou interreligieux. Dans le troisième grand défi, on trouve les questions de langue avec tout un enjeu : promouvoir la langue française et promouvoir la diversité. Il y a une phrase que j'aime citer : La francophonie, c'est une chance pour la diversité. Et c'est le vrai défi qu'on se lance au niveau de la francophonie universitaire.

 

La première année de votre mandat, vous avez axé vos activités sur le Liban et l'Égypte. Des changements pour cette nouvelle année universitaire ?
Cette année, j'intensifie mes activités régionales. J'entends aller porter la parole de l'AUF dans des pays qui n'ont pas encore eu ma visite : en Iran à la demande des universités iraniennes, en Irak pour l'inauguration d'une formation des formateurs, en Éthiopie qui souhaite s'intégrer davantage à la francophonie, à Djibouti, en Jordanie, à Abou Dhabi pour l'Assemblée générale des recteurs de la région Moyen-Orient prévue début novembre. À noter que nous avons des demandes d'adhésion potentielles au Koweït et en Arabie saoudite.
Je voudrais insister sur le positionnement de l'AUF dans un environnement non francophone qui est celui du Moyen-Orient. Notre bureau n'a pas la même activité qu'en Afrique et qu'en Europe. Nous avons des défis beaucoup plus importants dus à cet environnement non francophone et, bien sûr aussi, aux questions des conflits. J'insiste autant sur cette question de diversité parce que je crois que c'est notre seul atout majeur. Il ne faut pas chercher à rester rigide. La flexibilité et l'engagement sur nos valeurs sont, à mon avis, la seule façon d'aider les autres.

L'AUF en chiffres
L'AUF est un réseau de 812 établissements membres dans 104 pays. Le Bureau Moyen-Orient (BMO) de l'AUF, basé à Beyrouth, compte quant à lui 58 établissements membres répartis dans 13 pays de la région: Liban, Syrie, Palestine, Égypte, Jordanie, Émirats arabes unis, Irak, Iran, Soudan, Yémen, Chypre, Djibouti, Pakistan.
4 Campus numériques francophones (CNF) lui sont en outre rattachés au Liban, en Égypte et en Syrie. Il compte également un CNF partenaire à Djibouti.

 

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