« Aujourd'hui j'écris et je le crie : je suis slameur. » Les mots résonnent à l'étage d'une petite libraire du centre de Beyrouth, prise d'assaut par un public francophile venu lire et écouter le poète Marc-Alexandre OhoBambé.
Livre en main et chapeau sur la tête, celui qui se fait appeler Capitaine Alexandre a déclamé ses textes avec passion, brillamment accompagné à la guitare par deux élèves du Grand Lycée franco-libanais, où il anime depuis une semaine des ateliers de poésie. « Ils ne sont qu'en terminale ! » s'extasie le Capitaine, demandant au public une salve d'applaudissements pour saluer leur talent.
Ils n'ont pas eu le temps de répéter mais peu importe, il aime l'improvisation. « Cela permet de garder la routine à distance, parce qu'on se met en danger et qu'on redécouvre toujours ce sentiment propre à sa première fois sur scène, estime-t-il. En tant qu'artiste, c'est ma quête : essayer de retrouver cette sensation qui fait qu'aucune présence sur scène ne ressemble à une autre. »
La performance était suivie d'une séance de dédicace de son livre Le chant des possibles, un recueil de poésie qu'il utilise sur scène comme un outil pour slamer. « Dans ce recueil, il y a les textes qui sont d'abord nés sur scène et que j'ai mis après sur papier, et puis il y a les textes que j'ai écrits et que je slame ensuite », explique Capitaine Alexandre. « C'est un projet que je voulais aborder de cette manière, en mêlant texte et performance musicale. »
À la fin du livre, un QR code permet, en le scannant avec un smartphone, d'accéder à un site Internet où sont disponibles les textes mis en musique. « Mes poèmes sont toujours écrits du bout des lèvres, parce que j'ai besoin d'avoir la musique en tête lorsque je rédige mes textes », dit-il. Envisagé comme une plate-forme participative, le site invite les visiteurs à proposer leurs propres textes.
Entre deux slams, Capitaine Alexandre se tourne vers ses élèves, venus assister en nombre à sa performance, et leur demande : « À quoi sert la poésie ? » « À tout et à rien ! » entonnent-ils en chœur. « C'est bien ce qui la rend si indispensable », conclut leur capitaine.
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