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Culture - Salon du livre francophone - Rencontre

C’est sa « Mémé » qui amène PhilippeTorreton au Liban !

Parce qu'avant « Mémé » (éd. L'Iconoclaste), le livre souvenirs qu'il consacre à sa grand-mère et qu'il est venu présenter au Salon du livre de Beyrouth, il avait aussi rédigé un « Petit Lexique amoureux du théâtre », nous avons eu envie de tracer le portrait de ce comédien-écrivain sous forme d'un « Petit lexique savoureux de Philippe Torreton ». Condensé des confidences d'un volubile !

Torreton au Salon... Le comédien a participé dimanche à une table ronde sur les « Parcours personnels et familiaux » avec Marc Lambron, avant de dédicacer son livre au stand de la Librairie Stephan. Photo Michel Sayegh

« Je suis d'autant plus content de venir au Liban sachant que la situation y est difficile, parce que je crois que la littérature est l'arme la plus noble qui soit pour combattre l'ignorance et la barbarie », affirme d'emblée Philippe Torreton. Le comédien, ex-sociétaire de la Comédie-Française, acteur et metteur en scène français au talent consacré par le césar du meilleur acteur et le molière 2014 pour son interprétation de Cyrano de Bergerac, était jusqu'à la publication de Mémé plus connu pour ses foudroyantes colères que pour sa tendresse. Et pourtant, au-delà de l'homme passionné, aux prises de positions tranchantes, c'est une sensibilité frémissante qu'il révélera au détour de ses réponses (promptes !) à cette interview menée comme un jeu. Ainsi que par cette émotion qui lui embue parfois les yeux lorsqu'il évoque sa « Mémé » de Normandie. « C'est elle qui m'amène aujourd'hui au Liban. Et j'y vois là encore un signe d'amour de cette femme qui continue à nous faire du bien », dit-il.

 

Petit lexique savoureux de Philippe Torreton

(Réalisé à partir des lettres de ses prénom et nom)

P comme... « Plaisir. C'est le mot qui me vient instantanément à l'esprit. Prendre du plaisir... à faire ce qu'on fait. Autant cette notion est diffuse quand je suis sur scène, où je suis plus dans la concentration et la motivation, autant j'ai du plaisir en sortant de scène. Et, puis aussi avant, quand je m'embarque dans un nouveau projet, quand je l'imagine. C'est incroyable comme je suis transporté par un rôle à venir. »

H comme... « Houx. J'aime bien les arbres et en particulier cet arbuste piquant avec des boules rouges qui me rappelle mes Noëls d'enfance en Normandie chez ma grand-mère. »

I comme « Ivresse. Celle des mots, d'être sur scène, de dire certaines paroles. Vous savez, il m'est arrivé à plusieurs reprises de pleurer en pleine représentation le soir de la dernière. Non pas à cause du sentiment que je devais jouer mais parce que je me disais cette phrase-là, c'est la dernière fois que je la prononce. Il y a un plaisir intense, une réelle ivresse à avoir la chance de pouvoir dire certaines tirades là debout face à tout un auditoire ! »

L comme... « Liberté. De mener ma vie comme je l'entends. De me donner les moyens d'être un citoyen qui dit ce qu'il pense, qui écrit ce qu'il pense, sans me sentir pris au piège des contraintes commerciales. Du coup, dans l'univers du politiquement correct, j'apparais comme un éternel insatisfait, une sorte de grande gueule... »

I comme... « Intensité. Intransigeance aussi ». Celle de ses prises de position évidemment. Dont la plus éclatante est peut-être sa lettre ouverte publiée dans Le Monde dans laquelle il fustige Gérard Depardieu pour son exil fiscal, et qui avait provoqué une vive polémique !

P comme... « Politique. C'est très compliqué, il faut y consacrer énormément de temps, si on veut réellement faire des choses. Je m'y suis impliqué en tant que conseiller auprès de la mairie du 9e arrondissement et puis j'ai laissé tomber parce qu'avec l'imprévisibilité de mon métier, je ne pouvais pas être là en permanence pour me battre à la réalisation de mes modestes projets. À savoir la création à Paris d'un théâtre jeune public et faire une maison des interprètes. J'ai eu le sentiment d'emmerder tout le monde... Mais je reste un citoyen impliqué en politique. »

P comme... « Partage. Parce que c'est vraiment ça que je fais. Que ce soit le théâtre, l'écriture ou l'art. C'est curieux d'ailleurs, parce que l'art, n'importe lequel, part toujours d'une démarche très égoïste. Je joue pour moi d'abord, parce que j'aime ça. Idem pour l'écriture. Ce livre par exemple qui me vaut tellement de lettres émues de gens que je ne connais pas, c'est d'abord pour moi que je l'ai écrit. Je ressentais le besoin de le faire comme un acte d'amour pour ma grand-mère, sans imaginer un seul instant qu'il intéresserait autant de monde. Et ça me touche énormément ! »

E comme... « Elsa. Ma femme. Voilà ! » dit-il en coulant un regard amoureux vers cette dernière, journaliste radio, animatrice d'émissions musicales, qui l'accompagne à Beyrouth.


T comme... « Théâtre. Évidemment. J'y suis venu un peu par hasard dès l'âge de 12ans. Comme j'étais timide, voire même timoré, c'est ma mère et l'un de mes professeurs qui m'ont conseillé d'en faire, pour mon bien-être. Ça m'a plu tout de suite. Même si ça m'a fait peur, très peur... »

O comme... « Othello, que je m'apprête à jouer dans un an, et qui après deux ans de représentations du Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand me fera retrouver Shakespeare, dont j'ai déjà interprété les Henri V, Hamlet et Richard III. Ce que j'adore chez cet auteur, c'est outre son intemporalité, le fait qu'il faisait feu de tout bois. Son écriture pouvait être savante, vulgaire, philosophique, tragique, comique tout cela au sein d'une même œuvre et parfois d'une même tirade ! »

R comme... « Regard. C'est très important. C'est le chemin que va emprunter la parole après. À mes débuts, je ne regardais pas le public en jouant, ça me terrifiait. Aujourd'hui, je cherche à voir les gens, même si cela me fait toujours aussi peur... »

R comme ... « Rugir. De rage, de révolte, mais d'amour et de joie aussi ! C'est une expression intense. Fauve ! Shakespearienne aussi... »

E comme... « Écriture. J'écris tout le temps. J'aime batailler avec les mots, trouver la bonne formulation. Et de temps en temps cela donne un livre ! En ce moment, j'écris un livre sous forme de lettres adressées au président de la République. Une sorte de journal de bord politique qui s'intitulera Cher François à paraître en janvier aux éditions Flammarion. Oui, le ton de certaines de ces lettres est un peu énervé, dans d'autres il est dépité ou ironique... »

T comme... « Timide. Je le suis encore. Mais c'est un vrai moteur. C'est ma timidité qui me pousse à me préparer beaucoup en amont. À chaque premier jour des répétions je retrouve mes sensations de gamin au premier jour de la rentrée des classes. Les répétitions me font peur. Et dans la vie, un regard, une situation, une circonstance peuvent m'intimider énormément. Comme je peux monologuer des heures... »

O comme... « Othello, toujours. C'est un rôle qui me parle parce qu'il a à voir avec l'exclusion, le racisme, avec cette non-acception de l'autre, qui vient d'ailleurs, ce qui le fera crever de jalousie et le conduira à tuer... »

N comme... « Naviguer... À vue. J'aime bien ce mot, plus que conduire. On conduit sa voiture, sa petite entreprise, sa vie... Ou du moins on le prétend. Mais dans naviguer il y a quelque chose de plus respectueux du flux qui nous entoure. On essaye de profiter d'une force, celle du vent, de l'eau... Et on essaye de tenir la barre malgré ces courants. C'est une belle métaphore de la vie, je trouve. »

 

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