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À La Une - Syrie

Trois quartiers de Aïn el-Arab aux mains des jihadistes

La guerre contre l'EI "pourrait durer trente ans", selon un ancien chef du Pentagone.

Les jihadistes de l'Etat islamique ont planté, lundi 6 octobre 2014, les drapeaux noirs de l'organisation extrémiste à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Aïn el-Arab. AFP /ARIS MESSINIS

Les jihadistes ont pris lundi soir, en quelques heures, trois quartiers de la ville kurde syrienne de Aïn el-Arab (Kobané en kurde), que des centaines d'habitants ont fuie par crainte des exactions du groupe Etat islamique (EI).

Les forces kurdes engagées dans la défense de la ville étaient parvenues à repousser dans la nuit de dimanche à lundi un assaut des jihadistes, mais ceux-ci ont finalement réussi à entrer dans Aïn el-Arab en fin de journée.
Très rapidement, ils se sont emparés de trois quartiers de la ville: "ils ont pris la cité industrielle, Maqtala al-Jadida et Kani Arabane, dans l'est de Aïn el-Arab après de violents combats contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG)", a déclaré à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, en évoquant des scènes de "guérilla urbaine". Terrorisés par l'avancée des jihadistes connus pour leurs exactions - meurtres, viols, rapts - des centaines "de civils résidant dans les quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine", a-t-il précisé.

 

(Lire aussi : "Ici, on est tellement désespérés qu'on ne peut même plus manger")


Sur Twitter, les messages portant le mot-clé #SOSKOBANE se multipliaient, certains faisant état de l'avancée de Kurdes de Turquie vers la frontière syrienne pour venir en aide à la ville. Sur sa page Facebook, le militant kurde originaire de Aïn el-Arab, Moustafa Ebdi, a précisé que l'EI avait "lancé l'assaut grâce à des kamikazes qui se sont fait exploser".

Quelques heures auparavant, les jihadistes avaient planté les drapeaux noirs de l'EI à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Aïn el-Arab, troisième ville kurde de Syrie.
Dans la nuit pourtant, les combattants des YPG étaient parvenus à tendre une embuscade aux jihadistes, tuant 20 d'entre eux, alors que ceux-ci tentaient de pénétrer à Aïn el-Arab pour la première fois depuis le début de leur offensive, le 16 septembre.

Frappes "insuffisantes"
S'ils conquièrent Aïn el-Arab, les jihadistes s'assureront du contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

 

 


En face, les Kurdes ont mobilisé les combattants de l'YPG, mais ceux-ci sont moins nombreux et moins bien armés que les jihadistes, équipés notamment de chars. Signe du désespoir des forces kurdes, dimanche, une combattante de 20 ans a mené un attentat suicide contre une position de l'EI à l'est de la ville, provoquant la mort de "dizaines" de jihadistes, selon des sources kurdes. Il s'agit de la première kamikaze kurde recensée depuis le début des violences en Syrie en mars 2011. "Si nécessaire, tous les combattants des YPG suivront son exemple", a averti son mouvement.

 

(Lire aussi : "Si Aïn el-Arab tombe, il y aura des attentats-suicide partout")


La coalition américano-arabe, qui a débuté des raids en Syrie le 23 septembre, n'a mené qu'un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d'arrêter l'avancée de l'EI. Les raids "sont insuffisants pour battre les terroristes au sol", a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant "des armes et des munitions".

L'offensive de l'EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300 000 habitants, dont 180 000 ont trouvé refuge en Turquie.
Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation, notamment en raison des obus qui atteignent son territoire depuis une semaine. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment où la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l'EI pourraient avoir fait l'objet d'un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

 

(Lire aussi : En Syrie, les États-Unis confrontés aux limites des frappes aériennes)

 

Une lutte qui "pourrait durer trente ans"
Ailleurs en Syrie, au moins 30 combattants et policiers kurdes ont péri dans un double attentat à la camionnette piégée mené par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH. Les attentats ont visé deux positions des YPG et des assayesh, dont un camp d'entraînement, à l'entrée d'Hassaka. Parallèlement, les forces loyalistes regagnaient du terrain près de la capitale en reprenant lundi Doukhaniyé, aux portes de Damas.

En Irak, où l'EI contrôle plusieurs régions, au moins 25 jihadistes ont été tués dans des frappes aériennes visant trois bases du groupe autour de Mossoul (nord), selon des sources médicales et des témoins.
L'Australie, la Belgique et les Pays-Bas ont réalisé ces dernières heures leurs premières missions aériennes pour la coalition en Irak.

L'ancien chef du Pentagone Leon Panetta a averti que la lutte contre l'EI "pourrait durer trente ans" et "faire peser des menaces sur la Libye, le Nigeria, la Somalie et le Yémen".

 

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Les jihadistes ont pris lundi soir, en quelques heures, trois quartiers de la ville kurde syrienne de Aïn el-Arab (Kobané en kurde), que des centaines d'habitants ont fuie par crainte des exactions du groupe Etat islamique (EI).Les forces kurdes engagées dans la défense de la ville étaient parvenues à repousser dans la nuit de dimanche à lundi un assaut des jihadistes, mais ceux-ci ont...

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La situation des troupes turques rappelle étrangement Celles de Staline stationnées aux portes de Varsovie pendant l’insurrection. Il est possible que la Turquie attende l’anéantissement des Kurdes de Syrie pour prendre partit aux combats. Ceci malgré la complainte d’un quart de sa population qui assiste au massacre de ses frères par delà la frontière. Premier constat Les troupes d’Assad n’ont jamais sérieusement affronté l’EI depuis le Début de la guerre Civile. Ceci renforce l’Idée d’une alliance entre l’EI et le Régime Assad ; sans doute comparable a celle de l’EI avec les islamistes d’Erdogan. L’adhésion du Qatar et de la Turquie à la coalition occidentale a du se négocier au détriment des kurdes de Syrie avec de possibles contreparties territoriales pour la Turquie en cas d’invasion massive par ses troupes. Il reste peu d’habitants à Kobané Mais si L’EI l’emporte, la défaite des Kurdes résonnera comme un camouflet pour la coalition par sa fragilité, et ses luttes de conflits d’influences aux enjeux cyniques. Il faut que la coalition se mobilise pour Kobané . Le Véritable enjeu est celui de l’image. Pour tarir le recrutement de l’EI aucune défaite n’est souhaitable.

ANDRE HALLAK

00 h 00, le 07 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • La situation des troupes turques rappelle étrangement Celles de Staline stationnées aux portes de Varsovie pendant l’insurrection. Il est possible que la Turquie attende l’anéantissement des Kurdes de Syrie pour prendre partit aux combats. Ceci malgré la complainte d’un quart de sa population qui assiste au massacre de ses frères par delà la frontière. Premier constat Les troupes d’Assad n’ont jamais sérieusement affronté l’EI depuis le Début de la guerre Civile. Ceci renforce l’Idée d’une alliance entre l’EI et le Régime Assad ; sans doute comparable a celle de l’EI avec les islamistes d’Erdogan. L’adhésion du Qatar et de la Turquie à la coalition occidentale a du se négocier au détriment des kurdes de Syrie avec de possibles contreparties territoriales pour la Turquie en cas d’invasion massive par ses troupes. Il reste peu d’habitants à Kobané Mais si L’EI l’emporte, la défaite des Kurdes résonnera comme un camouflet pour la coalition par sa fragilité, et ses luttes de conflits d’influences aux enjeux cyniques. Il faut que la coalition se mobilise pour Kobané . Le Véritable enjeu est celui de l’image. Pour tarir le recrutement de l’EI aucune défaite n’est souhaitable.

    ANDRE HALLAK

    00 h 00, le 07 octobre 2014

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