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Liban - Éclairage

Un début de changement, mais pas encore de grands accords...

L'ancien président de la République Émile Lahoud n'a jamais caché sa conviction que le président syrien restera en place et qu'au final, l'Occident finira par reprendre contact avec lui, sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Lorsqu'on lui demandait quand donc ce changement dans la politique occidentale deviendrait perceptible, il avait cette phrase sibylline : « Lorsque les Britanniques parleront ouvertement de la menace takfiriste dans leur pays, il faudra en déduire que le changement est engagé. »


Aujourd'hui, c'est fait. Le Premier ministre britannique David Cameron a clairement dénoncé la menace que représentent des jihadistes de l'État islamique pour Londres. Est-ce à dire que l'Occident a réellement changé d'attitude à l'égard du régime syrien ? Beaucoup d'informations circulent sur le sujet. Certains vont jusqu'à affirmer que les dernières frappes syriennes contre les combattants de l'EI dans la région de Raqqa, qui étaient mieux ciblées et plus efficaces que d'habitude, seraient le fruit d'une coopération au niveau des renseignements entre les services américains et les services syriens. D'autres annoncent la visite à Damas en septembre d'une importante personnalité française, dans une sorte de reprise de contact officieuse. Mais, à part une nette mutation dans l'approche des médias occidentaux de la situation en Syrie, on ne peut pas encore dire que le changement a eu lieu et qu'il est officialisé. Il y a certes des tentatives d'ouverture, dont la rencontre à Oslo entre Bouthayna Chaabane et Jeffrey Feltman, ainsi que le fait que les médias occidentaux parlent de moins en moins de l'Armée syrienne libre et de plus en plus de l'EI et de ses méfaits. Mais pour l'instant, sur le plan officiel cela ne va pas plus loin.


Pourtant, une source diplomatique arabe est, elle aussi, convaincue qu'un grand compromis est en train de se préparer dans la région et sur le plan international. Le soudain ralliement du roi Abdallah à la guerre contre le terrorisme dont il se veut désormais un pilier en serait la preuve. Dans ce même sillage s'inscrit la dernière déclaration du mufti d'Arabie qui a qualifié l'EI et el-Qaëda d'ennemis de l'islam. De plus, cette nouvelle attitude saoudienne est intervenue au moment où l'Iran a lâché le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Ce qui est depuis longtemps une revendication saoudienne. D'ailleurs, les Saoudiens eux-mêmes sont en train de répandre un climat positif, au sujet d'un éventuel dialogue entre le royaume wahhabite et la République islamique, pour lutter contre les jihadistes.


Toutefois, côté iranien, c'est la discrétion la plus totale. Les sources proches de la République islamique précisent que si l'Iran a lâché Maliki, c'est parce que celui-ci était devenu un problème et non plus « un cheval gagnant ». Il était contesté au sein de la communauté chiite, notamment par l'ayatollah Sistani et par le chef de l'Armée du Mehdi, Moqtada Sadr. De plus, envoyée sur place pour évaluer la situation, après le coup de force de l'EI à Mossoul, une délégation du Hezbollah était rentrée avec les conclusions suivantes : les Irakiens n'ont pas besoin d'effectifs ni d'armes. Ils ont juste besoin d'une motivation et d'une cause qui mérite qu'on se batte pour elle, car personne ne voulait le faire pour Maliki, ce dernier n'ayant pas réussi à fédérer la population, ni à initier des réformes, ni même à dynamiser l'armée.

De plus, il a non seulement exclu les sunnites, mais il a aussi radicalisé les Kurdes, au point que dans les dernières semaines, le chef de la province kurde Massoud Barzani avait menacé de déclarer l'indépendance du Kurdistan si le Premier ministre était reconduit dans ses fonctions. Pour toutes ces raisons, les Iraniens ont estimé que le moment était venu de lâcher Nouri al-Maliki. Qu'ils aient réussi à convaincre les Saoudiens et l'Occident qu'ils faisaient ainsi une grande concession, c'est tant mieux, estiment les sources proches de l'Iran. En même temps, l'ayatollah Khamenei a nommé comme un de ses conseillers Mohammad Ali Chamkhani (de la province d'Ahwaz, qui compte de nombreux sunnites), connu pour avoir de bonnes relations avec les autorités saoudiennes.

Mais la réalité est un peu plus subtile. Tout comme il ne faut pas non plus, comme le font certains penseurs au sein du 14 Mars, en conclure que, comme ils ont lâché Maliki, les Iraniens pourraient lâcher le président syrien dans une étape ultérieure. Les sources proches de l'Iran précisent à cet égard que Maliki était devenu un poids, alors que le président syrien est en train, avec son armée, de remporter des victoires sur le terrain et de marquer des points face à ses adversaires. Sa présence est aujourd'hui plus nécessaire que jamais, car il est le seul à pouvoir maintenir l'unité de l'armée et du pays en général. De plus, le processus de réconciliation qu'il est en train de lancer dans plusieurs régions du pays, selon le modèle donné par le Hezbollah après le retrait israélien du Liban en 2000, où aucun règlement de comptes n'a été enregistré, montre qu'il peut incarner l'État syrien capable d'absorber ses fils.

L'Iran n'est donc pas sur le point de lâcher Assad et, toujours selon les sources proches de la République islamique, aucun dialogue n'a été amorcé avec l'Arabie saoudite. Selon ces sources, il est donc encore tôt pour parler d'un grand compromis régional et international, d'autant que le feu continue de brûler à Gaza. Mais en même temps, il est certain que le climat général est en train de changer, mais le processus en est encore à ses débuts et il faut du temps pour que les choses se mettent en place, estiment ces sources.


Quant au Liban, il n'est pas en tête des priorités et s'il est certain qu'un jour les compromis en gestation auront des conséquences positives sur sa situation intérieure, pour l'instant aucun règlement de fond n'est encore à l'horizon.

 

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L'ancien président de la République Émile Lahoud n'a jamais caché sa conviction que le président syrien restera en place et qu'au final, l'Occident finira par reprendre contact avec lui, sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Lorsqu'on lui demandait quand donc ce changement dans la politique occidentale deviendrait perceptible, il avait cette phrase sibylline : « Lorsque les...

commentaires (4)

Le petit Hitler de Damas est victorieux par le triomphe de Daech en Syrie et en Iraq. Alleluia ! Ses laquais au Liban, notamment le fameux....... de la sinistre tutelle, en jubilent. Mais qu'ils prennentt garde. Tant que les petits et/ou "les grands accords" ne font pas avec leur dictateur bien aimé la même chose qu'avec le maladroit Nouri el-Maliki en Irak, Daech, dont il est la raison d'être, sera invincible et leur jubilation ne durera que l'espace d'un matin.

Halim Abou Chacra

14 h 10, le 21 août 2014

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Commentaires (4)

  • Le petit Hitler de Damas est victorieux par le triomphe de Daech en Syrie et en Iraq. Alleluia ! Ses laquais au Liban, notamment le fameux....... de la sinistre tutelle, en jubilent. Mais qu'ils prennentt garde. Tant que les petits et/ou "les grands accords" ne font pas avec leur dictateur bien aimé la même chose qu'avec le maladroit Nouri el-Maliki en Irak, Daech, dont il est la raison d'être, sera invincible et leur jubilation ne durera que l'espace d'un matin.

    Halim Abou Chacra

    14 h 10, le 21 août 2014

  • On joue aux echecs avec des pions humains. Mais la mort du roi signifiera la fin de la partie .et le roi mourra .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 38, le 21 août 2014

  • DU BARATIN POUR ÉCLAIRAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 54, le 21 août 2014

  • "D'autres annoncent la visite à Damas en septembre d'une importante personnalité française, dans une sorte de reprise de contact officieuse." walla je vous prendrai aux mots... et on verra si cela arrive .. ne vous en faite je vous le rapelerai

    Bery tus

    03 h 53, le 21 août 2014

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