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Moyen Orient et Monde - Irak

L’offensive jihadiste en Irak suscite une inquiétude croissante

Maliki accuse l'Arabie saoudite de soutenir les « groupes terroristes » ; 5 000 Iraniens se portent volontaires pour défendre les lieux saints chiites.

Des combattants chiites brandissent leurs armes et une photo du grand ayatollah al-Sistani, pour montrer leur allégeance aux forces de sécurité irakiennes et leur volonté de contrer l’avancée fulgurante des jihadistes. Haïdar Hamdani / AFP

Les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (Daech, EIIL) ont tenté hier de s'emparer d'une ville à 60 km de Bagdad, après le début de leur offensive en Irak, qui s'enfonce dans le chaos.

En une semaine, les jihadistes, qui bénéficient du soutien de partisans du régime déchu de Saddam Hussein, ont pris le contrôle de la deuxième ville irakienne, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive, de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala et Kirkouk. Dans la nuit de lundi à mardi, ils ont « lancé une attaque à l'arme automatique » contre Baqouba, à 60 km au nord-est de Bagdad, mais les forces de sécurité sont parvenues à les repousser, a indiqué le général Abdelamir Mohammad Reda. Au moins 44 prisonniers ont été tués dans cette attaque, ont indiqué hier des sources de sécurité et médicales.

À une centaine de kilomètres de la frontière avec la Syrie, les jihadistes se sont par ailleurs emparés de la plus grande partie de Tal Afar, a indiqué un responsable du Conseil provincial de Ninive. Cinquante civils et plusieurs dizaines d'insurgés et membres des forces de sécurité ont été tués dans les combats, selon cette source. Quelque 200 000 personnes – soit la moitié de la population de Tal Afar et ses environs – ont fui ces derniers jours, selon un responsable municipal. Dans la province multiethnique de Kirkouk, les jihadistes ont pris Moultaqa, mais ont en revanche été repoussés par les forces de sécurité à Bachir.
Des rebelles syriens ont de leur côté pris hier le contrôle d'al-Qaëm, un poste-frontière entre l'Irak et la Syrie, ont indiqué des officiers de l'armée irakienne.

 

 (Lire aussi: L’Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)



À l'est de Samarra (110 km au nord de Bagdad), la police irakienne a annoncé avoir découvert les corps de 18 membres des forces irakiennes. Les victimes portaient des impacts de balles à la tête et à la poitrine, mais on ignorait si elles ont été exécutées ou tuées dans des affrontements.
Enfin, 17 personnes ont été tuées dans divers attentats à Bagdad, sur lequel les insurgés ont promis de « marcher ».

Dans ce contexte, le Premier ministre Nouri al-Maliki a limogé hier plusieurs officiers supérieurs des forces de sécurité ayant échoué à contrer l'avancée des jihadistes. Le commandant en chef responsable de la province de Ninive, la première à être tombée en grande partie aux mains des insurgés, a notamment été démis de ses fonctions. Le Premier ministre a par ailleurs ordonné à l'état-major de former des conseils de discipline pour enquêter sur les officiers ayant « abandonné leurs positions ».

 

(Eclairage : L'armée irakienne minée par une corruption endémique)


M. Maliki a par ailleurs accusé l'Arabie saoudite sunnite de soutenir les « groupes terroristes ». « Nous tenons (Riyad) responsable des aides financière et morale que (ces) groupes reçoivent », a indiqué le bureau du Premier ministre. L'Arabie saoudite avait ouvertement accusé la veille M. Maliki d'avoir conduit l'Irak au bord du gouffre par sa politique d'exclusion des sunnites et réclamé la formation d'un gouvernement d'entente nationale.

Dans ce sens, le Premier ministre du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, a déclaré hier à la BBC que « nous devons nous asseoir tous ensemble et trouver une solution, trouver comment vivre ensemble ». « La solution n'est pas militaire. Il faut un processus politique. La communauté sunnite se sent abandonnée. Il faut que les différentes tribus et communautés soient intégrées dans le processus. »

 

Inquiétude internationale
L'offensive jihadiste – qui a récemment fait deux victimes parmi les journalistes, un caméraman irakien ayant été tué et son collègue blessé – suscite l'inquiétude croissante de la communauté internationale, notamment des États-Unis qui se sont militairement retirés d'Irak fin 2011 après huit ans de présence.

 

 (Lire aussi : Pour Blair, attribuer la crise actuelle en Irak à l'invasion de 2003 est "bizarre")



Alors que les États-Unis, l'Australie et l'ONU notamment ont commencé à retirer une partie de leur personnel diplomatique de Bagdad, la Turquie a évacué son consulat général de Bassora, une semaine après l'attaque de son consulat de Mossoul. Ankara a justifié cette décision par « l'augmentation des risques », Daech détenant déjà 80 de ses ressortissants.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fait part de son inquiétude quant au débordement extraterritorial du conflit sectaire alors que l'envoyé spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a jugé que l'offensive jihadiste constituait « une menace vitale pour l'Irak » ainsi qu'« un grave danger pour la région ».

 

(Lire aussi: Liban : mesures de sécurité renforcées après l'avancée de Daech en Irak)



Le secrétaire d'État John Kerry a déclaré que les États-Unis étaient ouverts à des discussions avec l'Iran sur les moyens de contrer l'offensive jihadiste en Irak et a indiqué que le président américain Barack Obama procédait à « un examen minutieux de chaque option » pour aider son allié irakien, parmi lesquelles des frappes via des avions de combat ou des drones.
M. Obama a en outre annoncé le déploiement de 275 militaires américains pour protéger l'ambassade des États-Unis à Bagdad, une force « équipée pour le combat ». Il a d'ailleurs invité les quatre dirigeants du Congrès (John Boehner, Nancy Pelosi, Harry Reid et Mitch McConnell) à la Maison-Blanche aujourd'hui pour discuter des options.

Alors que l'Iran chiite a promis une aide à son allié Bagdad s'il le lui demandait, quelque 5 000 Iraniens se sont portés volontaires pour défendre les lieux saints chiites en Irak, selon un site conservateur iranien. « Les inscrits sont organisés en unités (...) et si l'ordre est donné par le guide suprême (l'ayatollah Ali Khamenei), ils se rendront en Irak pour défendre les lieux saints », peut-on lire sur harimshia.org.



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Et allez! Encore plus de chair a canon pour assouvir la faim de fous furieux et pas de Dieu!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 47, le 18 juin 2014

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Commentaires (1)

  • Et allez! Encore plus de chair a canon pour assouvir la faim de fous furieux et pas de Dieu!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 47, le 18 juin 2014

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