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Liban - Liban

La réunion sur la grille des salaires boycottée par 5 blocs parlementaires

Tout porte à croire que la crise politique née de l'incapacité des deux coalitions politiques rivales à s'entendre sur un successeur de Michel Sleiman, dont le mandat a expiré samedi, est appelée à perdurer, comme le montre le sort réservé hier à la réunion parlementaire qui était consacrée à la poursuite de l'examen de la grille des salaires dans le secteur public.

Le vide... à la mode. Ici, au Parlement, hier (photo Sami Ayad).

De report en report ! Tel semble être le trait marquant des réunions parlementaires que le président de la Chambre, Nabih Berry, continue de convoquer. La prochaine séance législative a été fixée au 10 juin, soit 24 heures après la sixième réunion qui sera consacrée à l'élection d'un chef de l'État. Mais étant donné les positions politiques exprimées au cours des derniers jours par les pôles des 8 et 14 Mars, qui campent chacun sur ses positions, le Liban ne sera pas doté de sitôt d'un chef de l'État et les fonctionnaires et les enseignants attendront longtemps encore avant que leurs revendications ne soient satisfaites.


Le Parlement se réunira donc de nouveau le 10 juin prochain, soit au lendemain de la séance prévue pour l'élection d'un nouveau chef de l'État, afin de tenter de poursuivre l'examen de l'échelle des salaires dans le secteur public.
Cela a été rendu possible grâce à l'ouverture d'une session extraordinaire de la Chambre, dont le décret, signé par l'ancien président Michel Sleiman, avant l'expiration de son mandat, a été envoyé hier au Parlement. Celui-ci n'a pas été en mesure de plancher hier sur la grille des salaires pour cause de polémique autour de la constitutionnalité de la réunion, à l'origine du boycottage par un grand nombre de députés. Après la fin du mandat du président de la République, la Chambre est considérée comme un collège électoral et ne peut pas légiférer tant qu'un nouveau chef de l'État n'est pas élu.

 

(Lire aussi : Grille des salaires : faute de quorum, la séance reportée au 10 juin)


Le président de la Chambre, Nabih Berry, est arrivé tôt, place de l'Étoile, suivi des membres de son bloc parlementaire, puis de ceux du Hezbollah, du PSNS, des Marada et de la Rencontre démocratique. Leurs collègues des blocs de la Réforme et du Changement, des Forces libanaises, du courant du Futur, des Kataëb ainsi que du bloc centriste ont boycotté la séance. Seuls MM. Georges Adwan (FL) et Ghazi Youssef (courant du Futur) sont venus mais pour faire part de la position du 14 Mars par rapport à la réunion législative à l'ombre d'une vacance présidentielle.
À cet effet, ils ont tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils ont d'emblée affirmé que leur coalition considère qu'« il n'est pas permis que le Parlement examine des lois alors que la présidence de la République est vacante », en rappelant que « ce sont ceux qui ont empêché le déroulement de la présidentielle en provoquant des défauts de quorum répétés qui assument, devant les Libanais, la responsabilité de cette vacance ».

 

(Lire aussi : Petit manuel utile en cas de vacance présidentielle)


Les deux députés ont souligné l'attachement du 14 Mars aux revendications sociales et syndicales des Libanais et notamment à la grille des salaires qu'ils ont présentée comme une « nécessité absolue ». Ils ont réitéré l'engagement de cette coalition à l'approuver mais en tenant compte de « l'équilibre délicat entre les exigences sociales et la nécessité de protéger l'économie nationale et la stabilité monétaire et financière ».
M. Adwan a insisté ensuite sur le fait que « la situation dans le pays n'est pas saine en l'absence d'un chef de l'État et que la priorité doit porter sur ce qui permettra de combler ce vide ».
Du Parlement, le député Marwan Hamadé a averti que « si ce climat se poursuit, ni la grille des salaires sera votée ni un président sera élu, sachant que la priorité va à la deuxième échéance », pendant que son collègue Estéphan Doueihy relevait les « nombreuses interprétations relatives à la Constitution », pour ce qui est du droit de la Chambre à légiférer en l'absence d'un chef de l'État, mais soulignait la possibilité de trouver une approche commune.

 

(Lire aussi : La Chambre est en collège électoral et ne peut légiférer, estiment les Kataëb)


À son tour, le député Akram Chehayeb a expliqué que son bloc « n'a jamais boycotté une réunion parlementaire et ne commencera pas maintenant à le faire ». « La Chambre est la mère des institutions et reste le lieu idéal pour le dialogue. Nous espérons que celui-ci se poursuivra que ce soit au Parlement ou ailleurs jusqu'à ce que nous puissions élire un président », a-t-il ajouté.


Hani Kobeyssi, Marwan Farès et Qassem Hachem ont chacun critiqué leurs collègues qui ont boycotté la réunion. « Il n'est pas permis en cas de vacance ou de paralysie d'une institution que les autres soient également bloquées », a déploré M. Kobeyssi en estimant que « toutes les parties se doivent d'assumer leurs responsabilités en cette phase critique sur le plan interne ». « En cas de vacance dans une institution, toutes les autres devraient se mobiliser pour sauver celle qui est défaillante. Mais cette façon de se comporter est étrange et inacceptable », a-t-il fulminé en allusion au boycottage de la réunion par les cinq blocs.
Le député a plaidé en faveur du dialogue entre les différentes parties politiques qu'il a appelées à « assumer leurs responsabilités », avant de relever que « le Parlement est prêt à accueillir toutes les parties pour parvenir à une entente » sur la présidentielle.

 

(Repère : Les principaux points du mandat de Michel Sleiman)


Abondant dans le même sens, Marwan Farès s'est indigné du boycottage de la réunion en jugeant que « l'inaptitude des députés à élire un président de la République ne doit pas être prise comme une excuse pour paralyser le Parlement ». « La présidentielle n'a pas eu lieu à cause d'une candidature jugée provocatrice par tous les Libanais. Qu'ils s'entendent sur un candidat à la présidentielle et nous sommes prêts à venir le même jour au Parlement pour l'élection présidentielle. Mais la provocation est inadmissible », a-t-il indiqué.
Quant à Qassem Hachem, il a stigmatisé une « atteinte aux règles constitutionnelles », avant de se dire « persuadé que ce n'est pas à cause de la présidentielle que la réunion législative a été boycottée ». Il a ainsi dénoncé des « surenchères politiques à cause desquelles les intérêts des gens sont bloqués ».
Une fois la réunion parlementaire levée, pour cause de défaut de quorum, le président de la Chambre a reçu en son bureau l'ambassadeur de Russie, Alexander Zasypkin, puis l'ancien président de la Chambre, Élie Ferzli, qui a jugé « primordial que la Chambre puisse constinuer à assumer sa mission ».

 

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commentaires (1)

La honte . Des députés de toutes les couleurs irresponsables qui méritent bien d’être traduit en justice. Mais qui ose lever leur immunité ?

Sabbagha Antoine

17 h 10, le 28 mai 2014

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Commentaires (1)

  • La honte . Des députés de toutes les couleurs irresponsables qui méritent bien d’être traduit en justice. Mais qui ose lever leur immunité ?

    Sabbagha Antoine

    17 h 10, le 28 mai 2014

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