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CD, DVD - Un peu plus de...

Ariane

Jouons à qui (se) perd gagne. Jouons le jeu. Jusqu'au bout. Misons sur l'errance. Les pérégrinations. Acceptons de nous perdre. Enfants, nous le faisions. C'était notre jeu favori. Se perdre pour qu'on nous (re)trouve. On courait dans tous les sens. Enfants, nous jouions à nous perdre. On se perdait en forêt, dans les buissons. On se perdait à vélo. Sur le chemin de l'école. On se perdait au parc. Au zoo. Il est difficile pour un enfant de se perdre aujourd'hui. Il est pisté. Traqué. Contrôlé. Il peut rarement perdre son chemin. Pourtant c'est en route que c'est le mieux de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les plans font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement, que le voyage commence. Le vrai. On n'est pas obligé de suivre la voie ferrée. De se faire aiguiller. Il est tellement plus beau de tomber sur une rue, sur un quartier. Sur un endroit insoupçonné. Il est tellement plus beau de ne pas arriver là où on avait décidé de se rendre. De ne pas gagner l'Inde, mais de la perdre. D'avoir changé d'axe, de s'être planté. D'avoir dévié d'un centimètre. Rien qu'un centimètre pour se perdre plus loin. On ne peut pas se retrouver sans s'être perdu. Ça ne sert à rien de vouloir croire que le chemin est tout tracé. Il ne l'est pas. On ne saura jamais vraiment où la vie nous mène. Vers un mur, un ciel azuré ou un lac. Et qu'importe la route qu'on aura empruntée, il y a bien un moment où on va se perdre. Nietzsche disait qu'« il faut savoir se perdre pour un temps si l'on veut apprendre quelque chose des êtres que nous ne sommes pas nous-mêmes ». On ne peut pas apprendre sans s'être perdu. Sans s'être abîmé. Sans s'être égaré dans l'obscurité. Quand on cesse d'être perceptible. C'est là tout le bien de l'errance. Ne plus être perceptible. Ne plus être joignable ni atteignable. L'espace d'un instant, le temps qu'il faudra. On perd son temps à se perdre dans les nouvelles technologies. On vit Internet, on bouge Internet, on mange Internet, on boit Internet, on fait l'amour à Internet. C'est la perdition 2.0. Se perdre serait mieux sans tout ça. Sans téléphone. Sans ordinateur. Sans rien. Un jour. Deux. Trente. Peu importe la durée, tant qu'on a l'ivresse. Oui, on se sentirait perdu. Coupé de tout. Coupé du monde. Quelle ironie. Quel monde ? On ne s'est pas perdu au bon endroit. Alors, allons nous perdre. Vraiment. Là où il faut. Et là où il ne faut pas surtout. Quelque part à la croisée des chemins. Quelque part où il y a peut-être une clé. Ou pas. On n'en sait rien. Le but du jeu, c'est de ne pas savoir. Celui qui gagne, c'est celui qui (se) perd. On ne peut pas rêver sans s'être perdu. Sans s'être perdu dans des livres. Dans les poèmes de Baudelaire. Ceux de Rimbaud. Sans s'être perdu avec Gabriel García Márquez, avec Proust, De Nerval, Tcheckhov, Shakespeare. Sans s'être égaré(e) avec Barbara Cartland. Dans les dédales surannés de ses histoires sirupeuses. Sans s'être perdu dans ses pensées. Dans son monde imaginaire. Ses contes illusoires, ses fantasmes d'enfant. On ne peut pas s'entendre sans s'être perdu. Perdu dans le silence. Dans la quiétude et l'apaisement. Là où aucun bruit ne vient rien perturber. Perdu sans la voix, sans les murmures, sans les mots. Perdu dans les pianos de Chopin, les violons de Bach ou les chants de La Callas. Ceux de Bowie et de Gainsbourg. On ne peut pas aimer sans s'être perdu. Sans perdre la raison. Trébucher, se briser, se fracasser. Sans perdre une partie de soi. Sans se brûler les ailes parce qu'on s'est perdu trop près du soleil. Sans être Ariane. Celle de Racine ou celle de Cohen. On ne peut pas aimer sans s'être perdu. Sans perdre la tête pour gagner le cœur. « Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. » On ne peut pas se trouver sans s'être perdu. On ne peut pas partir sans s'être perdu. On ne peut pas revenir sans s'être perdu. On ne peut pas sortir sans s'être perdu. Sans chercher la porte exacte, le mot exit. On ne peut pas entrer dans le labyrinthe sans s'être déjà perdu. Parce que la finalité serait non pas d'en trouver la sortie, mais l'entrée. En laissant Thésée et le fil derrière. Le fil de sa pensée.

Jouons à qui (se) perd gagne. Jouons le jeu. Jusqu'au bout. Misons sur l'errance. Les pérégrinations. Acceptons de nous perdre. Enfants, nous le faisions. C'était notre jeu favori. Se perdre pour qu'on nous (re)trouve. On courait dans tous les sens. Enfants, nous jouions à nous perdre. On se perdait en forêt, dans les buissons. On se perdait à vélo. Sur le chemin de l'école. On se...

commentaires (3)

CORRECTION ! Merci : ".... et qu’il part pour revenir en fin de nuit sentant le whisky ou l’arack et 1 autre bonne femme....".

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 00, le 19 avril 2014

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Commentaires (3)

  • CORRECTION ! Merci : ".... et qu’il part pour revenir en fin de nuit sentant le whisky ou l’arack et 1 autre bonne femme....".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 00, le 19 avril 2014

  • ET QUI SERA LE THÉSÉE... ET QUELLE ARIANE LUI DONNERA LE FIL SAUVEUR... QUI DESCENDRA DANS LE SOMBRE LABYRINTHE LIBANAIS POUR LE DÉBARRASSER DU MINOTAURE ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 26, le 19 avril 2014

  • A l’inverse de celles qui pensent que "Celle qui se perd dans sa passion est moins perdue que celle qui perd sa passion", celles d’ici en ont 1 toute autre conception. A les zyeuter, on dirait d’1 certaine façon des "étrangères" : coiffure, botox etc. Parlent l’anglais, le français, et écoutent même la même musique. Toute ressemblance s’arrête là car elles n’arrivent pas à comprendre les choses de la même façon. Leurs hommes, e.g., se plaignent de devoir réaliser touuus leurs caprices à leurs bonnes femmes, touuut payer, proposer les idées et faire la conversation pour 2 lors des dîners. Pour l’intéressée, par contre, il est normal que son homme s’occupe de Touuut, c’est comme ça que ça se passe ici. Lui propose, et herself dispose. Elles veulent coûte que coûte un éhhh Montagnard quoi ! Face à la rareté de + en + de ce genre à l’étranger, elles y renoncent et celui-ci ne les fait plus rêver, et attendent donc autre chose de leur éhhh Campagnardisé. Mais pardi, elles ont tout ici : + ou - un "travail", des ami(e)s, la famille. L’étranger, c’est bon pour l’Été. Ce qu’elle attend de son homme, c’est 1 fort, 1 sûr qui sache la diriger, assumant ; financièrement surtout ; la famille.... élargie. Et s’il ressemble à 1 buffle, 1 baghél ou à 1 mufle, et qu’il part pour revenir la nuit sentant et l’arack et 1 autre bonne femme, c’est pas si grave! Elles, ici, elles sont juste pragmatiques.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 37, le 19 avril 2014

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