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Présence libanaise dans le monde : et si la terre s’exportait ?

Sous la houlette du recteur de l'USEK, le père Hady Mahfouz, le 3e colloque autour de la présence libanaise dans le monde s'est tenu les 27 et 28 mars à la salle des conférences de l'université. À l'ordre du jour, la question de la terre-mère, terre se greffant sur d'autres continents.

Une partie du public à l’USEK.

Parler d'identité, de terre, d'histoire, de civilisation, de génie libanais est devenu une tradition à l'Université Saint-Esprit de Kaslik. C'est au père Jean-Maroun Maghames que l'on doit l'idée ingénieuse d'inviter des panélistes libanais, résidant au pays du Cèdre ou à l'étranger, à plancher sur la question de la présence libanaise dans le monde avec toute la subtilité sémantique que renferme en lui le mot « présence ». « Le Grand Liban est un témoin de notre civilisation millénaire, qui est une conquête de la nature par l'homme pour l'imprégner de spirituel ainsi que de notre présence libanaise dans le monde », note le père Maghames dans sa présentation. Les réflexions échelonnées sur la période de deux jours ont apporté, sciemment, un éclairage sur trois axes : art et sciences ; terre, environnement et écologie ; lettres et mémoires.

S'enraciner ou prendre le large ?
La question de l'identité a toujours représenté un dilemme pour les Libanais. La difficulté de s'affirmer dans une terre exposée à tous les vents pousse à larguer les amarres pour se diriger vers un nouveau pays. La géographie du pays du Cèdre joue un rôle crucial dans la génération de ce sentiment dual. En effet, avoir le regard tourné vers la Méditerranée suscite chez le Libanais l'envie, irrépressible presque, de partir. Idée développée largement par le Dr Georges Yarack, un des rares philosophes libanais à se pencher sur le thème de la « terre libanaise ». En se reférant aux travaux de Mgr Hamid Mourani et Mgr Michel Hayek, le Dr Yarack a lié la notion de la terre libanaise au « Dasein » heideggerien, en d'autres termes à l' « être là ». Le Libanais naissant et vivant au Liban, les bases de la nation sont forcément édifiées et le lien entre peuple et terre est viscéral. La docteure Pamela Chrabieh (Université de Montréal et USEK) a fait le point sur les œuvres des Libano-Canadiens(nes) : Sami Aoun, politologue libanais, Maria Mourani, députée et auteure, et Rawi Hage, photographe et auteur. « Aujourd'hui, on compte plus de 400 000 Libanais actifs dans tous les secteurs au Canada », précise-t-elle avant de poursuivre : « Le Pr Aoun lie son sens d'ouverture et de dialogue au Liban d'avant la guerre ; un milieu qu'il qualifie de cosmopolite. Contrairement à Rawi Hage qui, influencé par ses expériences traumatisantes au Liban, refuse toute forme de société et n'arrive pas à s'y intégrer. Quant à Maria Mourani, elle est l'exemple de l'immigrante intégrée à la société d'accueil. » Le Dr Frank Darwiche, de l'Université de Balamand, intervient sur la notion du retour qui confirme l'appartenance. « Pour aller vers le retour, il faut partir de l'appartenance et la développer comme concept puisqu'en elle se retrouvent deux éléments immanquablement conjoints : le départ et le retour », soutient le Dr Darwiche. Le metteur en scène franco-libanais Nabil el-Azan, de son côté, fait la lumière sur le défi de l'altérité que suggère la scène. « C'est cette position d'entre deux, entre deux langues, deux pays, deux cultures, qui m'a permis de mettre en pratique puis de développer des projets où la rencontre et le partage étaient des éléments constituants du spectacle », souligne-t-il dans son intervention.

Jeunes et immigration : inspection du terrain
Nombreux étaient les étudiants qui assistaient à ce colloque sur la présence libanaise dans le monde. Leurs perceptions du pays dans lequel ils sont nés ou auquel ils ont été amenés par leurs parents à se trouver, après des années à l'étranger, divergent. Éliane Braidy, étudiante en master I de traduction, assume qu'il est nécessaire de faire carrière à l'étranger pourvu qu'il y ait retour au pays natal. Joe, étudiant en médecine, ne veut pas mentionner son nom de famille (aux résonances libanaises !), rejette l'idée même de l'État libanais et « attend impatiemment le moment du départ définitif ». Vanessa Frem, 2e année en relations internationales, affirme sur un ton blasé que le Liban n'a jamais été un pays où l'homme peut vivre dignement : « Je préfère vivre à l'étranger ! Ce n'est même pas une nation dont on peut discuter dans le cadre de colloques et de conférences. »
Entre jeunes réalistes ou pessimistes, personnalités académiques penchées sur la question de la diaspora libanaise et la nécessité du retour, l'aiguille de la boussole des réflexions menées sur deux jours ne saurait trouver le Nord. Le Liban existe-t-il vraiment dans le hic et nunc ? Ne serait-il qu'un doux rêve transporté à travers les océans et implanté dans les continents du globe terrestre ?

Parler d'identité, de terre, d'histoire, de civilisation, de génie libanais est devenu une tradition à l'Université Saint-Esprit de Kaslik. C'est au père Jean-Maroun Maghames que l'on doit l'idée ingénieuse d'inviter des panélistes libanais, résidant au pays du Cèdre ou à l'étranger, à plancher sur la question de la présence libanaise dans le monde avec toute la subtilité...

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