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Moyen Orient et Monde - Turquie

Erdogan s’engage à régler son compte à Gülen

Le chef de l'opposition agressé au Parlement.

Recep Tayyip Erdogan fulminait hier, promettant les foudres de la loi à son ennemi Fethullah Gülen et désavouant encore une fois la justice ainsi que les réseaux sociaux. Adem Altan / AFP

Conforté par son triomphe aux élections municipales, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a promis hier d'en finir avec son ennemi Fethullah Gülen, dans un climat politique toujours tendu marqué par l'agression de son principal opposant.

À l'occasion de la reprise de la session parlementaire, M. Erdogan s'est livré devant les députés de son parti à une nouvelle charge contre l'organisation du prédicateur musulman exilé aux États-Unis, à laquelle il a promis les foudres de la loi. « Notre peuple a renouvelé sa confiance à notre gouvernement (...) notre peuple nous a donné l'ordre de lutter contre la structure parallèle », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre a déclaré la guerre à la confrérie de M. Gülen depuis la révélation, à la mi-décembre, d'un vaste scandale de corruption qui éclabousse son gouvernement islamo-conservateur. M. Erdogan accuse ce mouvement, très influent dans la police et la justice, d'être à l'origine de ces accusations et d'avoir, depuis plusieurs semaines, inondé Internet de comptes-rendus d'écoutes téléphoniques compromettantes.

« Ils ont illégalement mis sur écoute des milliers de personnes (...) tous les coupables seront poursuivis », a insisté M. Erdogan, « l'histoire politique n'oubliera jamais cette lâcheté, ces attaques inhumaines, ces trahisons. » « Nous appelons tous ceux qui sont victimes de chantage (de la part de la confrérie de M. Gülen) à nous informer de ces incidents », a-t-il ajouté.

 

(Eclairage : Des municipales, certes, mais une démocratie en chute libre)


Illustration de cette chasse aux sorcières, huit policiers – dont deux hauts gradés – ont été interpellés et placés en garde à vue hier au cours d'un coup de filet à Adana. Les motivations de l'opération restaient confuses. Certains médias turcs l'ont liée à l'affaire des écoutes pirates, d'autres à l'interception en janvier dans la région de camions escortés par des agents des services de renseignements (MIT) et transportant des armes qui auraient été destinées à des groupes rebelles syriens.


Le Parlement turc doit précisément débattre aujourd'hui d'un projet de loi très controversé qui renforce considérablement les pouvoirs du MIT, dont le patron, Hakan Fidan, est considéré comme l'un des plus fidèles soutiens de M. Erdogan. Le projet, sur lequel le président Abdullah Gül a émis des réserves, doit autoriser le MIT à procéder à des écoutes en Turquie comme à l'étranger sans l'autorisation d'un juge et à disposer de tous les documents relatifs à la « sécurité nationale ».


Toujours très irrité par les réseaux sociaux, M. Erdogan a une fois de plus dénoncé l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui l'a contraint à lever l'interdiction de Twitter. « Ça ne sert pas la justice. Cet arrêt doit être corrigé, a-t-il fulminé, tout le monde a bien compris que les entreprises internationales comme Twitter, YouTube et Facebook sont utilisées comme des instruments pour attaquer la Turquie. » YouTube est toujours interdite, mais la Cour constitutionnelle devrait rapidement statuer sur cette mesure.


Parallèlement, signe de l'extrême tension politique qui continue de régner en Turquie, le chef du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, a été agressé hier dans les couloirs du Parlement par un homme présenté comme proche des milieux nationalistes. « Nous ne reculerons pas à cause d'un coup de poing », a assuré M. Kiliçdaroglu avant d'appeler ses partisans à la « retenue ».

 

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