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Moyen Orient et Monde - Espionnage

Après une nouvelle fuite sur Internet, le gouvernement turc lance une chasse aux sorcières contre Gülen

À la veille d'élections municipales cruciales, Erdogan contraint au silence par une extinction de voix.

À la veille d’élections municipales cruciales, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan était contraint hier au silence par une extinction de voix. Adem Altan/AFP

Les autorités turques ont lancé hier la chasse aux auteurs de la fuite retentissante sur Internet du compte rendu d'une réunion sensible sur la Syrie, dénoncée comme un nouveau coup de la confrérie de Fethullah Gülen à la veille des élections municipales.
Après une série de conversations téléphoniques visant le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, la publication la veille sur YouTube d'un enregistrement piraté impliquant des hauts responsables de la sécurité du pays a provoqué stupeur et colère à Ankara. M. Erdogan contraint hier au silence par une extinction de voix, c'est le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, piégé par la fuite, et le chef de l'État Abdullah Gül qui ont sonné la charge contre cette atteinte à la « sécurité nationale ».
« Une telle cyberattaque pendant une réunion où sont discutées des opérations militaires n'est rien d'autre qu'une attaque militaire », s'est indigné M. Davutoglu à la télévision, « tout sera inspecté et tout le monde interrogé ». Le ministère des Affaires étrangères a été passé au peigne fin à la recherche d'éventuels micros espions.
« C'est un acte d'espionnage qui menace la sécurité de l'État. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour identifier ceux qui sont à l'origine de cet acte », a renchéri pour sa part M. Gül.
Ce nouveau rebondissement a encore tendu un peu plus le climat politique en Turquie, à deux jours d'élections municipales cruciales pour M. Erdogan, de plus en plus contesté pour sa dérive autoritaire après douze ans de règne à la tête du pays.
La bande-son diffusée jeudi met en scène M. Davutoglu, son numéro 2 Feridun Sinirlioglu, le chef des services de renseignements (MIT) Hakan Fidan et un général de haut rang lors d'une réunion qui, selon la presse turque, s'est déroulée le 13 mars au ministère des Affaires étrangères à Ankara. Ils y évoquent à bâtons rompus le scénario d'une opération secrète susceptible de justifier une riposte militaire turque en Syrie. Sur cet enregistrement, la voix attribuée à M. Fidan propose d'envoyer « quatre hommes (en Syrie) pour lancer huit missiles dans un terrain vague » en Turquie. « Ce n'est pas un problème, une justification peut être fabriquée », ajoute le chef du MIT.

Gülen dans le collimateur
Le gouvernement turc a confirmé l'existence de la réunion mais assuré dès jeudi que son compte rendu avait été « manipulé ». Dans la foulée, il a ordonné le blocage de YouTube, une semaine après avoir ordonné celui de Twitter, pour tenter d'enrayer la diffusion de l'enregistrement. M. Davutoglu a justifié hier la décision de bloquer entièrement l'accès à YouTube par le refus de la plate-forme de « fermer un compte ». « Il ne s'agit pas là de liberté d'opinion mais d'une menace à notre sécurité », a-t-il plaidé.
Prenant en considération cette « préoccupation légitime », des experts de l'ONU en droits de l'homme ont condamné hier le blocage des réseaux sociaux par la Turquie. « Le droit à la liberté d'opinion et d'expression constitue un pilier central des sociétés démocratiques modernes. Bloquer les accès à YouTube et Twitter limite excessivement ce droit fondamental », a rappelé l'expert de l'ONU en charge de ces questions, Frank La Rue.
YouTube restait toutefois largement accessible hier en Turquie. Comme celle frappant Twitter, cette nouvelle interdiction a suscité de multiples critiques. Après Bruxelles et Washington, l'ONU a déploré une interdiction qui « limite indûment le droit fondamental » à la liberté d'opinion et d'expression.
Le barreau d'Ankara a saisi hier la justice pour mettre un terme à l'interdiction de YouTube en Turquie.
Et comme M. Erdogan, M. Davutoglu a accusé l'influente confrérie du prédicateur Fethullah Gülen, qui vit aux États-Unis, d'être à l'origine de la nouvelle fuite. « Nous prendrons des mesures contre ceux qui veulent plonger la Turquie dans le chaos à des fins politiques », a ainsi promis le ministre, « à quelques jours des élections, tout le monde comprend bien qui est derrière tout ça ». C'est dans ce contexte que les autorités turques ont annulé hier un passeport de service qui avait été accordé à M. Gülen, 73 ans, qui vit depuis 1999 aux États-Unis.
(Source : AFP)

Les autorités turques ont lancé hier la chasse aux auteurs de la fuite retentissante sur Internet du compte rendu d'une réunion sensible sur la Syrie, dénoncée comme un nouveau coup de la confrérie de Fethullah Gülen à la veille des élections municipales.Après une série de conversations téléphoniques visant le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, la publication la veille sur...

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CHASSE AUX SORCIÈRES ? VA-T-IL DRESSER DES BÛCHERS? L'ERDO ?

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 50, le 30 mars 2014

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Commentaires (2)

  • CHASSE AUX SORCIÈRES ? VA-T-IL DRESSER DES BÛCHERS? L'ERDO ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 50, le 30 mars 2014

  • mais que font les droits de l'hommistes?où sont leurs vertueuses indignations?leurs yeux accusateurs? leur vertu outragée?Chut....faut pas l'dire,mais le sultan est du "bon côté"...c'est pas demain la veille qu'on verra un BHL secouer sa mise en plis en ouvrant sa chemise blanche pour les libertés du peuple turc.

    GEDEON Christian

    10 h 21, le 29 mars 2014

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