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Culture - Rencontre

Roméo Lahoud revient au musical par... « Tarik el-Chams »

Après une longue absence, Roméo Lahoud revient sur la scène du musical libanais avec « Tarik el-Chams ». Un spectacle qu'il avait promis de faire à sa femme décédée il y a quelques années et qu'il adresse en priorité aux jeunes générations. Comme un message, une bouteille à la mer, une œuvre destinée à leur communiquer son attachement au patrimoine...

Roméo Lahoud : « J’ai toujours défendu le patrimoine... » Photo Michel Sayegh

Roméo Lahoud a souvent été qualifié de « roi du folklore ». Un titre qu'il réfute toutefois, malgré ses fameux Mawal, Mijana, Ataba, son célébrissime Bint el-Jabal et ses contributions aux Nuits libanaises de Baalbeck d'avant-guerre. « Moi, c'est plutôt le patrimoine que j'ai toujours défendu », assure cet auteur, compositeur, metteur en scène de comédies musicales libanaises qu'il n'est nul besoin de présenter. « Et si j'y reviens à nouveau aujourd'hui, c'est parce que notre patrimoine est en danger de disparition. Parce que les villages agonisent, parce que les jeunes se détachent de leur terre natale et que, tout comme nos dirigeants, ils tentent de construire un pays, mais oublient d'ériger une patrie. Or sans patrimoine il n'y a pas de patrie. Et sans passé, il n'y a pas d'avenir... »


C'est ce message que Roméo Lahoud aimerait délivrer à travers Tarik el-Chams (à ne pas confondre avec Tarik el-Cham!), la comédie musicale qu'il présente, à partir du 20 février, au théâtre du Casino du Liban* et dont il a signé la composition musicale, le livret, la scénographie et les décors.


« C'est l'histoire d'un palais situé à un croisement de routes. Un emplacement qui attise – évidemment ! – la convoitise de tout le monde. Pour protéger son bien, la châtelaine fait appel à une puissante émissaire des nations, une amie des chefs et des rois. Qu'elle attendra en vain et qui ne viendra pas. Par contre, une mystérieuse dame fait son apparition, chamboulant tout sur son passage. Ce personnage irréel soulève les interrogations des uns, la méfiance et la crainte des autres, et se lie d'amitié avec l'espiègle jeune orpheline du château... », résume l'auteur. Qui, sous cet habillage de conte fantastique, a voulu représenter, dit-il, le destin des petits pays, comme le Liban, depuis toujours soumis à des dominations étrangères et néanmoins éternellement vivants. Relevant que « beaucoup d'anciens conquérants du Liban n'existent plus, on n'arrive même plus à retracer leurs frontières, alors que le pays du Cèdre est toujours là... »



Pour les jeunes avec des jeunes...
Après 33 spectacles créés au cours d'une quarantaine d'années et présentés dans de prestigieux festivals à travers le monde, à Baalbeck, Jarash, Byblos (dont il contribue à la création en 1997), mais aussi à l'Opéra impérial de Théréran, à L'Olympia à Paris, au Palais Royal des beaux-arts à Bruxelles... bref, après une carrière pleine, couronnée de reconnaissance et de prix, Roméo Lahoud avait choisi de se retirer de la scène.
« Je voulais me reposer, peindre (des gouaches toujours inspirées du patrimoine, des paysages et scènes de villages traditionnels), voyager avec ma femme...Malheureusement, la vie en a décidé autrement », raconte-t-il, la voix chargée d'émotion. « Je n'ai pas eu le loisir de profiter de ce repos, passant mon temps dans les hôpitaux auprès de mon épouse Alexandra, qui m'a quitté (à quelques mois d'intervalle avec sa sœur Salwa Katrib, la vedette de quasi toutes ses comédies musicales) en me faisant promettre de m'atteler à la production de ce spectacle, que j'avais écrit il y a quelques années pour Salwa et sa fille, ma nièce, Aline Lahoud. Salwa est décédée il y a quatre ans. Et Aline est aujourd'hui à Paris où elle est liée par contrat d'exclusivité à Universal. J'ai donc dû procéder à quelques changements et réactualisations, et faire appel à de jeunes comédiens-chanteurs comme Michaela, Jad Katrib, Zeinab Chreif ou encore Walid Alaily... De nouveaux talents qui jouent aux côtés d'acteurs plus confirmés comme Fadia Abboud, Joseph Abi-Khalil ou Issam Merheb, tous dirigés par Jihad Andari », signale-t-il.


Interprétée par une quarantaine d'artistes, dont 24 danseurs et danseuses de la toute nouvelle troupe d'Alain Merheb, dirigés par (sa sœur) Nay Merheb, qui a signé la chorégraphie, et habillés d'un florilège de costumes folkloriques de toute beauté créés par (son autre sœur) Papou Lahoud, Tarik el-Chams est une production coûteuse qu'il assume quasiment seul. Mais aussi un défi – celui de faire un musical sans Salwa, ni même Aline – que Roméo Lahoud relève par fidélité envers les siens et espoir dans la nouvelle génération...

*Au Casino du Liban, jusqu'au 6 avril, du mercredi au dimanche, à 20h30. Plus matinées, les dimanches.

 

Roméo Lahoud a souvent été qualifié de « roi du folklore ». Un titre qu'il réfute toutefois, malgré ses fameux Mawal, Mijana, Ataba, son célébrissime Bint el-Jabal et ses contributions aux Nuits libanaises de Baalbeck d'avant-guerre. « Moi, c'est plutôt le patrimoine que j'ai toujours défendu », assure cet auteur, compositeur, metteur en scène de comédies musicales libanaises...

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