Alexa s'installe enfin : le Liban sous la neige et le gel

La neige qui est tombée en masse dans les régions montagneuses a recouvert les villages et les paysages naturels d'un superbe manteau blanc. La tempête Alexa a atteint hier son point culminant, selon les prévisions météorologiques, mais la vague de froid devrait se poursuivre le week-end, avec des éclaircies à partir de cet après-midi. Il faudra donc continuer à se méfier des couches de gel sur les routes de montagne.

La neige abondante présage par ailleurs d'une saison de ski prometteuse. Selon les informations de L'Orient-Le Jour, les pistes de Ouyoun el-Simane ne seront pas ouvertes ce week-end, mais celles des Cèdres pourraient l'être « si le temps le permet », selon un des responsables de la station.

La décision de fermer les écoles a été prise jeudi soir par le ministre de l'Éducation Hassane Diab pour la troisième journée consécutive. Une décision qui a été jugée incompréhensible par de nombreux établissements privés qui ont ouvert leurs portes quand même, notamment sur le littoral.

Malgré la beauté de la neige, la vague de froid a entraîné avec elle son lot de problèmes et de contraintes. Tout au long de la journée, hier, des bulletins ont été publiés sur l'état des routes, notamment dans les hauteurs. Comme la neige est tombée aussi bas que 600 ou même 500 mètres par endroits, beaucoup de routes étaient ouvertes pour les seules voitures 4x4 et/ou équipées de chaînes. La route de Dahr el-Baïdar, qui relie le Mont-Liban à la Békaa, était totalement fermée à partir de 17h en raison de l'accumulation de la neige. D'autres routes étaient coupées telles celles de Ouyoun el-Siman-Hadeth Baalbeck, Maasser el-Chouf-Kefraya, Zahlé-Dhour Choueir...

Sur le littoral, c'est l'eau qui a rendu les routes péniblement praticables. En fin d'après-midi, les forces de l'ordre ont demandé aux automobilistes dans le Grand Beyrouth de conduire avec prudence et de ne prendre le volant qu'en cas de nécessité, pour éviter d'éventuels embouteillages causés par les immenses mares d'eau de pluie formées sur les routes. Le trafic était très dense sur l'autoroute reliant Beyrouth au Nord durant l'après-midi, mais il est redevenu plus fluide en soirée.

Dans certaines régions, ce n'est pas le trafic ou l'état des routes mais bien les besoins de première nécessité qui préoccupaient la population. L'armée a porté secours aux habitants de plusieurs villages isolés par la neige dans la Békaa centrale et du Nord, à Bécharré, dans les hauteurs du Kesrouan et dans le jurd du Akkar. Ces services ont consisté à déplacer les voitures vers des endroits sûrs, à ouvrir certaines routes à l'aide des véhicules militaires et à distribuer des produits alimentaires.

Les véhicules de l'armée ont également tranporté des aides provenant du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) vers certains camps de réfugiés syriens dans la Békaa. Ces derniers se trouvaient d'ailleurs dans une situation particulièrement précaire durant cette vague de froid, étant donné que les logements où ils se trouvent sont inadaptés à de telles conditions météorologiques.

(Lire aussi : Au Liban, 80.000 réfugiés syriens vivent sous des tentes de fortune balayées par la pluie et la neige)

Le ministre des Affaires sociales Waël Abou Faour a fait une tournée dans les camps dans la Békaa, constatant l'étendue de la souffrance de ces familles. Il a déploré « l'absence des organisations internationales qui ont pourtant des budgets pour aider les réfugiés » et affirmé que « l'État libanais doit désormais mendier la moindre chaufferette pour aider ces familles ».
Pour sa part, l'Unicef a publié hier un communiqué dans lequel elle a annoncé avoir distribué, durant le seul week-end dernier, plus de 5 000 kits contenant des habits chauds pour les enfants, dans les régions de la Békaa, particulièrement à Ersal. Jusque-là, un total de 74 603 kits ont déjà été distribués, et à la fin de ce mois, plus de 153 000 enfants en auront reçu, selon l'organisation.

Autre catégorie touchée par la fureur des intempéries : les agriculteurs. Les cultivateurs d'olives dans le caza de Zghorta sont parmi les premières victimes de la tempête. Les vents forts et la neige ont provoqué la chute des olives. Les agriculteurs de la région ont demandé à l'État de les dédommager pour cette saison perdue. Au Akkar, plusieurs serres ont été détruites. À Saïda et à Tyr, les pêcheurs sont restés à quai. 

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