Cinquantième semaine de 2013.
Même lorsqu'il centuple ses efforts pour essayer d'être plus ou moins civilisé, un tant soit peu normal, pour essayer de ressembler aux autres, ce pauvre Liban échoue lamentablement. Il n'y a rien à faire : c'est génétique.
Elle a fini par atterrir, Alexa. Tempête au nom de starlette pornochic, slave jusqu'au bout de son obstination à ne frapper que lorsqu'elle-même l'aura décidé, buzz viral et hilarant sur le web, elle aura (re)prouvé, entre autres dommages collatéraux, la gargantuesque incompétence des autorités libanaises. Cela aurait pu être encourageant de les voir, ces autorités-là, s'employer, maladroites mais studieuses, à prévenir pour une fois, plutôt que de (vainement) guérir ; cela aurait pu être touchant, toute cette hystérie, et surtout ces p'tits loups qui ne doivent pas prendre froid et qui se retrouvent privés d'école pendant trois jours pour absolument rien ; cela aurait pu être prometteur, cette orgie de préventions, d'informations, d'analyses climatologiques et météorologiques digne des typhons les plus barbares, les plus meurtriers.
Cela aurait pu. Sauf que c'est tout juste ridicule. Et inacceptable. Un ministère n'est pas une école où l'on apprend sur le tas à assumer ses responsabilités. On ne tâtonne pas, on ne tente pas, empiriquement ; on ne s'improvise pas ministre (de l'Éducation, des Transports, des Finances, de l'Intérieur...), président de municipalité ou mohafez. Quand on sait que l'on ne sait pas, on s'en va. Ou on dit non, dès le départ.
Rien n'est aussi sacralisé, sanctuarisé, dans ce pays comme l'incompétence. Et la honte aussi – de ces hontes qu'on n'essaye même pas de cacher, mais que l'on exhibe presque fièrement : sans aucunement chercher à savoir qui a raison et qui a tort, la farce Ghazi Aridi-Mohammad Safadi, cette hallucinée et hallucinante scène de ménage entre deux membres d'un même gouvernement, aura au moins eu l'élégance de cracher la vastitude de cette supercherie, de cette imposture qu'est le cabinet Mikati, démissionnaire de surcroît depuis des lustres. Quelques gouttes de pluie en warm up d'Alexa, quelques routes défoncées et quelques embouteillages cauchemardesques auront suffi à pulvériser le degré zéro de la politique. Et du politique.
(Mal)heureusement, le ridicule ne tue pas. Alexa si. Deux enfants sont morts en Syrie, dont un bébé de six mois. Plus encore : la tempête aura fini, aussi, d'achever dans son esprit et dans sa lettre le concept d'opposition syrienne. Celle-ci, définitivement dynamitée, s'est irréversiblement palestinianisée : seule, abandonnée, formée du meilleur comme du pire, elle accouchera tôt ou tard d'un Fateh et d'un Hamas made in Syria qui désoleront l'immense majorité des Syriens mais feront le ricanant bonheur du gang Assad. Exactement comme en Israël : sionisme et alaouisme triomphants ne seraient finalement qu'une seule et même manifestation de l'État criminel dans toute sa barbarie.
Peu importe, ceci dit, la forme sous laquelle cette opposition syrienne se rendra à Montreux : elle reste pour l'instant la deuxième opposition la plus sotte, la plus stérile, la plus occasions-en-or-ratées, de la planète. Pitoyable. Maigre consolation pour les Syriens : l'opposition libanaise, cette opposition urgente et vitale contre la milice, armée soit-elle ou pseudo-intellectuelle, du Hezbollah, du CPL et de leurs alliés ; cette opposition formée pourtant de belles, de bonnes individualités mais qui ne sert strictement à rien une fois conglomérée ; cette opposition-là reste, et de loin, la plus inutile jamais vue.
En attendant, peut-être, sait-on jamais, une tempête, un typhon, un ouragan qui la dégèle, la chavire, la lave, l'essore et la ressuscite.
Liban - En dents de scie
Sleepy Hollow
OLJ / Par Ziyad MAKHOUL, le 14 décembre 2013 à 00h00
Je suis sincerement triste de voir Ziad le "mathematique"( on oublie pas les stats des 70% de mignons gentils ) aussi triste , je dirai limite deprime . Mais c'est comme une partie de foot, il ya un vaincoeur qui jubile , et un vaincu qui pleure sauf bien sur que la partie qui se joue implique du sang et des larmes . En fallait il autant pour comprendre que les "opposants syriens " tout comme les "opposants libanais" etaient des pieds nickeles sans assises nationales , et que l'internationale sur lequel ils comptent aujourd'hui a change tous ses numerous d'appel ? Allez Ziad , j'ai aime ce que vous avez ecrit cette fois ci (qui n'est pas coutume ), parce que votre peine m'a emu , elle admettait votre erreur de jugement originelle .
10 h 51, le 14 décembre 2013