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Guerres à domicile

Pas de guerre sans l’Égypte, mais pas de paix sans la Syrie !
 

Des décennies durant, cette célèbre maxime, que l’on doit à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger, a paru régler les soubresauts, tantôt diplomatiques et tantôt guerriers, du conflit arabo-israélien. Tout étant relatif, c’était l’heureux temps où les États arabes désunis n’avaient d’autre cause à plaider publiquement que la libération de la Palestine ; il est vrai qu’en réalité, leurs gouvernants dépensaient bien plus de temps et d’énergie à opprimer leurs peuples, ou à défendre leurs fauteuils présidentiels ou leurs trônes contre les généraux ambitionnant de devenir calife à la place du calife.

 

La paix, de nos jours, paraît plus lointaine, plus illusoire que jamais. Et si Israël digère tranquillement les territoires occupés sans plus avoir à se soucier des risques de guerre, c’est parce que celle-ci a déserté les vieilles frontières de discorde. C’est chez les Arabes, dans leurs murs, qu’elle s’est installée. L’Irak implosé ; la Syrie plongée dans une horrible guerre civile : laquelle est en voie de devenir la huitième plaie d’Égypte, une plaie qui menace maintenant de se rouvrir au Liban, alors qu’on la croyait à jamais cicatrisée. Face à tant de cauchemars, on en oublierait presque la Palestine elle-même. Ou ce qu’il en reste, c’est-à-dire les deux misérables ghettos laissés en lots de consolation aux frères ennemis du Fateh et de Hamas...

 

Un monde arabo-musulman largement miné par les dissensions internes, que viennent aggraver encore les vieilles et tenaces tensions sectaires : voilà bien une situation de rêve pour l’État hébreu. Il est trop facile cependant de voir partout la main d’Israël tout en fermant les yeux sur ses propres tares et turpitudes. La dernière et tragique illustration en est le flot intarissable d’inepties auquel a donné lieu l’attentat à la voiture piégée d’hier dans la banlieue sud de la capitale, et qui s’est fort heureusement soldé par des blessés légers et des dégâts matériels : à quoi il faut ajouter, au chapitre des dommages collatéraux, le prestige du ministre de l’Intérieur agressé par des forcenés alors qu’il visitait les lieux de l’explosion.

 

Toujours est-il que sans attendre les résultats de l’enquête, de farouches partisans de l’axe syro-iranien ont rivalisé de véhémence pour stigmatiser un complot à la déstabilisation intersectaire péremptoirement attribué à Israël et ses agents libanais.

 

Mais qu’en est-il de ceux qui, par leurs propres dérives armées sur la scène locale, suivies de leurs équipées hors des frontières, n’ont cessé eux aussi – eux surtout – de pousser à la roue de la fitna tout en s’en défendant avec véhémence, comme ils le faisaient encore dans leurs péroraisons, hier ? En se jetant à corps perdu dans le brasier syrien, ce n’est pas sur elle seule, ni sur les seules régions tristement sujettes à sa domination, que la milice pro-iranienne attire inévitablement un meurtrier retour de flamme : c’est le pays tout entier – c’est le Liban menacé d’irakisation après qu’eut été libanisé l’Irak – qu’elle expose aux représailles d’un terrorisme épouvantablement actif, désormais, des deux côtés des tranchées de Syrie.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Pas de guerre sans l’Égypte, mais pas de paix sans la Syrie !  
Des décennies durant, cette célèbre maxime, que l’on doit à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger, a paru régler les soubresauts, tantôt diplomatiques et tantôt guerriers, du conflit arabo-israélien. Tout étant relatif, c’était l’heureux temps où les États arabes désunis n’avaient...