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After

On dit que toutes les bonnes choses ont une fin. Au Liban, elles ont un « after ». Il arrive qu’on fasse la fête et qu’après la fête on ait encore envie de faire durer la fête. Alors on embarque les mêmes et on recommence ailleurs, autrement. C’est le principe de l’after, une exception transformée chez nous en règle. Ah ! Le cauchemar des « after » de fêtes de promotion, où vos enfants rentrent au petit matin après avoir passé la nuit à danser sur une plage. Qui prendrait le risque de perdre la face en allant se coucher avant la man’ouché de l’aube ? Il y a une bonne dose d’honneur dans ces traditions-là. Mais il y a aussi le plaisir ineffable de repousser les limites, celles de la fête et du temps de la fête, celles de la liberté et celles de la nuit.
Qu’on ne se supporte pas entre voisins de banlieue, qu’on se la joue West-side story, qu’on en arrive aux mains, l’épisode d’après, c’est l’after : on rentre chez soi, on se change et on sort l’artillerie lourde, les RPG qui trépignent sous le lit et on en assassine un ou deux de la famille adverse. Pour le coup on est sûr que ça ne s’arrêtera plus. Les incidents majeurs, on l’a vu à Tripoli et Saïda, commencent souvent ainsi, avec une escarmouche, une provocation, une mesquinerie, une malveillance. Ça tourne à l’insulte, puis à la menace. À un moment, on se retrouve à court d’arguments, mais jamais à court de munitions. Épisode 2, on rentre chez soi, on se change et on astique les lance-roquettes. Ça fait des trous béants dans les murs, ça fait des morts sales, ça paralyse le commerce, appauvrit les gens, détruit les infrastructures. Peut-être, mais d’after en after, on a bien vécu quinze ans de guerre. Que cela ait duré si longtemps est bien le signe que certains ont fini par y prendre goût. Surtout faire durer, réduire le feu s’il le faut mais entretenir les braises.
Au Liban, il y a une autre tradition tenace, celle des étés pourris. Les expatriés le savent qui, chaque mois de juin, bien qu’ayant payé leurs billets d’avion à prix d’or et longtemps à l’avance, se demandent s’il est bien raisonnable de rentrer s’immerger dans la folie ambiante. La route de l’aéroport sera-t-elle coupée par des pneus brûlés ? Pourra-t-on circuler entre une ville et l’autre, se déplacer d’un quartier à l’autre sans risque d’être « bloqué » là où on n’aurait pas souhaité l’être ? Il y a tant d’oisifs, chômeurs ou étudiants sans études qui vont armés pour tuer quelque chose, à commencer par l’ennui et le temps. Mais après tout, ceux qui vont au Japon ne se demandent pas s’il y aura un tsunami. Ceux qui voyagent à San Francisco ne pensent même pas au « Big one » qui pourtant menace. À défaut de phénomènes naturels, le Liban souffre de phénomènes humains. Quand ce ne sont pas ses voisins qui ouvrent les festivités, il organise tout seul ses réjouissances. Quant aux afters... Bienvenue au pays qui ne s’arrête jamais.
On dit que toutes les bonnes choses ont une fin. Au Liban, elles ont un « after ». Il arrive qu’on fasse la fête et qu’après la fête on ait encore envie de faire durer la fête. Alors on embarque les mêmes et on recommence ailleurs, autrement. C’est le principe de l’after, une exception transformée chez nous en règle. Ah ! Le cauchemar des « after » de fêtes de promotion,...
commentaires (6)

C'est vrai.. LA théorie de l'After colle parfaitement, car les solution aux pays des merveilles ne sont jamais définitives ou radicales pour x raisons (à développer un jour!) dans un Liban qui souffre de +ieures maladies chroniques, mentales et parfois mnémoniques! Et TOUT-LE-MONDE, à commencer par ceux qui veulent s'attribuer d'une quelconque manière la qualité "voyeurs malgré eux" ou encore des "des intéressés à la culture et non à la violence", en sont HAUTEMENT responsables aussi. Quand le corps est malade, les autres organes n'en sont jamais dissociés, même s'ils le désirent.

Ali Farhat

13 h 24, le 27 juin 2013

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Commentaires (6)

  • C'est vrai.. LA théorie de l'After colle parfaitement, car les solution aux pays des merveilles ne sont jamais définitives ou radicales pour x raisons (à développer un jour!) dans un Liban qui souffre de +ieures maladies chroniques, mentales et parfois mnémoniques! Et TOUT-LE-MONDE, à commencer par ceux qui veulent s'attribuer d'une quelconque manière la qualité "voyeurs malgré eux" ou encore des "des intéressés à la culture et non à la violence", en sont HAUTEMENT responsables aussi. Quand le corps est malade, les autres organes n'en sont jamais dissociés, même s'ils le désirent.

    Ali Farhat

    13 h 24, le 27 juin 2013

  • On peut toujours mélanger les pseudo-elements :before et after avec la pseudo-classe libanaise cette personnalité qui s'est formée à partir du refoulement dans l'inconscient de situations vécues dans l'enfance ou durant la guerre de 1975 comme sources d'angoisse et de culpabilité, et qui continue à survivre avec nos enfants malheureusement . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 51, le 27 juin 2013

  • Chère Mme. Fifi, laissez tomber ces "espèces de libanais". ils ne valent pas l'ulcère qu'on risque de catcher de leurs Méfaits.... surtout qu'ils ne le méritent pas à ce si Beau pays ! Äâl libanais äâl !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 25, le 27 juin 2013

  • C'EST PLUTÔT : D'IDIOTIE EN IDIOTIE... OU... DU FANATISME MOU AU FANATISME DUR... ET ON SE LAISSE EMBARQUER SUR LA GALÈRE ...

    SAKR LOUBNAN

    09 h 29, le 27 juin 2013

  • N'oublions surtout pas: "After me, the deluge"!!!

    Nadine Naccache

    09 h 16, le 27 juin 2013

  • Tristes réalités mais exquis!

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 34, le 27 juin 2013

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