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Germes de changement ?

Si rares, par les temps qui courent, sont les motifs de réjouissance, que tout embryon de signe de changement, aussi précaire soit-il, doit être accueilli comme manne céleste. Tel est bien le cas de l’élection à la présidence de l’Iran de Hassan Rohani.

 

On n’applaudira pas trop vite, pour autant, à cette éclatante leçon de démocratie que croit administrer la remuante république des mollahs avec l’accession à la première magistrature de l’État d’un religieux passant pour un modéré et même un réformiste. Maints prétendants au poste, carrément contestataires ceux-là, se sont vu interdire en effet de se porter candidats... ne serait-ce qu’à la candidature. Et si Rohani s’est rallié les suffrages de la majorité mécontente (et plutôt silencieuse, depuis la sauvage répression de 2009), c’est en bonne partie parce qu’il restait seul en lice face à un escadron de poulains du régime trottant en ordre dispersé.


Pur produit de la théocratie iranienne, Hassan Rohani n’a pas manqué d’ailleurs de proclamer son indéfectible attachement aux objectifs et principes définis par le guide de la révolution, et à leur tête le droit de l’Iran à l’énergie nucléaire. Ce qui est nouveau cependant, c’est l’esprit de retenue, d’ouverture, de conciliation et de dialogue dont il a fait montre pour s’adresser aux Iraniens eux-mêmes, comme au monde occidental et aux Arabes, Saoudiens en tête. Si en définitive l’élection de Rohani n’est pas qu’une simple et savante récupération de la grogne populaire, voilà qui pourrait augurer d’une appréciable baisse des tensions sunnito-chiites actuellement observées dans le monde arabo-musulman et qu’attise la guerre de Syrie. Pour le Liban surtout, menacé jusque dans sa raison d’être par ce fléau, la voilà bien, l’amorce d’ébauche de bonne nouvelle.


Si par bonheur devait se concrétiser une telle espérance, si la modération prêtée à Rohani devait, en bonne logique, déteindre sur le Hezbollah, on aurait alors constaté que c’est du dedans que les choses ont toutes les chances de bouger, plutôt que par l’effet des seules sanctions économiques et pressions militaires.


De fait, le sol n’est plus aussi ferme sous les pieds de la milice qu’elle ne veut le croire. Et le faire accroire. Le sol, le terreau sur lequel elle a plongé ses racines, c’est une communauté chiite tenue pour inconditionnelle mais au sein de laquelle on commence à se poser des questions. Au sourd mais très réel débat sur l’envoi de combattants en Syrie, vient de succéder un franc – bien qu’encore embryonnaire, lui aussi – mouvement de contestation, dont la récente manifestation devant l’ambassade d’Iran n’était que la première illustration.


C’est bien des profondeurs de la terre que montent les premiers ébranlements.


Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

Si rares, par les temps qui courent, sont les motifs de réjouissance, que tout embryon de signe de changement, aussi précaire soit-il, doit être accueilli comme manne céleste. Tel est bien le cas de l’élection à la présidence de l’Iran de Hassan Rohani.
 
On n’applaudira pas trop vite, pour autant, à cette éclatante leçon de démocratie que croit administrer la remuante...