Rechercher
Rechercher

Liban - Exécutif

Salam serait favorable à la formation d’un gouvernement homogène ayant un esprit d’équipe

Le Premier ministre désigné Tammam Salam a achevé hier ses consultations parlementaires pour la formation du nouveau gouvernement. Il se serait fixé pour objectif de mettre sur pied une équipe ministérielle homogène, loin de la logique des quotas et des desiderata.

Le Premier ministre désigné avec le bloc de la Décision libre...Photo Dalati et Nohra

Le second jour des consultations parlementaires, non contraignantes, entreprises au Parlement par le Premier ministre désigné Tammam Salam a mis en relief, comme ce fut le cas la veille, mardi, le profond clivage qui divise la classe politique dans le pays concernant le profil, la composition et la mission de la nouvelle équipe ministérielle. D’une manière générale, et en schématisant quelque peu, le 14 Mars prône la formation d’un gouvernement qui aurait pour principale tâche d’organiser les élections législatives et dont la déclaration ministérielle serait fondée sur la déclaration de Baabda (qui opte pour la neutralité du Liban face aux crises régionales), tandis que le Hezbollah et ses alliés réclament un gouvernement « politique d’union nationale » dont la mission ne se limiterait pas à l’organisation du prochain scrutin législatif.


C’est à partir d’aujourd’hui que M. Salam fera le point de la situation sur ce plan pour commencer à mettre sur pied son cabinet. Des sources proches du Premier ministre désigné indiquent dans ce cadre que l’expérience passée a montré que le type de « gouvernement d’union nationale » n’a pas été réellement un succès. Le « seigneur de Mousseitbé » pencherait de ce fait pour un gouvernement homogène dont les membres auraient un « esprit d’équipe afin de faire face aux échéances qui pointent à l’horizon ». Pour M. Salam, soulignent les sources susmentionnées, le cabinet en gestation devrait avoir pour principale mission l’organisation des élections, en sus du règlement des principaux problèmes socio-économiques auxquels est confronté le pays.


Les sources précitées ajoutent que le PM désigné estime qu’un gouvernement « qui ploie sous les requêtes (des blocs parlementaires), les portefeuilles (allusion aux cabinets de 30) et les quotes-parts (réclamées par les factions politiques) ne saurait mener à bien sa mission ». En clair, cela signifie que M. Salam n’aurait pas l’intention de se laisser entraîner indéfiniment dans le marchandage des noms et de la répartition des portefeuilles sur base des quotas et des desiderata des uns et des autres, d’autant que les échéances électorales se font pressantes.
Conséquent avec lui-même, M. Salam aurait en outre l’intention, selon les mêmes sources, de rendre son tablier s’il réalise que les élections législatives n’auront pas lieu et que le pays se dirige vers une impasse politique.

Le bloc d’Achrafieh
Mais dans l’immédiat, l’heure est aux concertations qui précèdent traditionnellement toute gestation gouvernementale. Hier matin, M. Salam a entamé ses consultations parlementaires à ce sujet en recevant, place de l’Étoile, les députés du bloc d’Achrafieh-Rmeil-Saïfi (« bloc des députés de la décision libre »), Michel Pharaon, Nadim Gemayel et Serge TerSarkissian. À l’issue de l’entrevue, M. Pharaon a réclamé la formation d’un « gouvernement souverainiste, regroupant des personnalités compétentes, qui respecterait la déclaration de Baabda ». « Il faut s’éloigner du comportement politique milicien et clientéliste, et cesser de s’attacher à des portefeuilles déterminés pour couvrir des scandales financiers », a déclaré Michel Pharaon qui a réclamé en outre la représentation de Beyrouth, et plus particulièrement d’Achrafieh, au sein du cabinet.
Le bloc du « consensus arménien », comprenant les députés Jean Oghassapian, Sebouh Kalbakian et Serge TerSarkissian, a prôné la formation d’un gouvernement de technocrates, réclamant que des ministères de poids soient attribués à la communauté arménienne.


Les deux députés du Baas prosyrien, Assem Kanso et Kassem Hachem, se sont prononcés pour un cabinet politique élargi et ont mis l’accent, pour l’occasion, sur la nécessité d’établir des relations « normales » avec la Syrie, déplorant « la campagne médiatique menée au Liban contre la Syrie ».
Le bloc du Parti syrien national social (PSNS), formé des députés Assaad Herdane et Marwan Pharès, a réclamé la mise sur pied d’un gouvernement « d’union nationale » qui respecterait « la règle d’or du Liban, fondée sur le triptyque armée-peuple-résistance » (Hezbollah).

Harb, Chamoun, Hamadé, Ghanem, Saad, Fadel ...
Le député Imad el-Hout, de la Jamaa islamiya (14 Mars), a souligné la nécessité de former rapidement le gouvernement, réclamant que la déclaration ministérielle soit basée sur la déclaration de Baabda.
M. Boutros Harb a précisé de son côté qu’il avait laissé à M. Salam la liberté de choix au niveau de la composition du gouvernement. Le leader du PNL, le député Dory Chamoun, s’est abstenu de toute déclaration à l’issue de son entretien avec le PM désigné, tandis que le député Robert Fadel a appelé à la formation d’un cabinet « productif » pour faire face aux nombreux défis qui attendent les Libanais.
Le député du Chouf Marwan Hamadé a appelé quant à lui à la formation d’un cabinet « homogène » qui ait « un horizon politique » clair. M. Robert Ghanem a abondé dans le même sens, se prononçant lui aussi pour un cabinet « homogène ». Le député Fouad el-Saad a appelé de son côté toutes les parties à faciliter la formation du gouvernement.


Le député Antoine Saad a prôné, quant à lui, la formation d’un gouvernement « homogène » qui aurait pour tâche d’organiser les élections et de prendre en considération les « appréhensions nationales ». M. Nicolas Fattouche a appelé à la formation d’un cabinet dont la tâche ne serait pas uniquement consacrée à l’organisation des élections. Il a aussi rejeté les appels lancés par certains pour que les ministres du prochain gouvernement ne soient pas candidats aux législatives.
Le ministre démissionnaire des Finances et député Mohammad Safadi s’est prononcé pour la formation d’un cabinet « homogène formé des meilleures personnalités, politiques ou pas ».
Enfin, M. Hagop Pakradounian, membre du bloc parlementaire arménien (Tachnag), a affirmé être partisan de la formation d’un cabinet d’« intérêt national » représentant le plus grand nombre de forces politiques.

La principale tâche, les élections...
À l’issue de ses consultations, le Premier ministre désigné a fait, au Parlement, une déclaration dans laquelle il a réitéré sa volonté de mettre sur pied un cabinet d’« intérêt national » pour affronter les défis actuels. « J’ai écouté tous les avis et toutes les opinions dont j’ai grandement besoin pour la formation d’un gouvernement, a déclaré M. Salam. Je m’engage à préserver l’unanimité qui s’est illustrée lors de ma désignation », a-t-il dit, soulignant que la tâche principale de son gouvernement sera d’organiser les élections législatives.
Interrogé sur sa position concernant le triptyque armée-peuple-résistance, auquel est attaché le Hezbollah, M. Salam a déclaré : « Nous aborderons cette question et nous adopterons la formule adéquate lorsque le gouvernement sera formé. »


Il convient d’indiquer dans ce cadre que l’ancien Premier ministre Omar Karamé a déclaré hier que la désignation de M. Salam à la tête du gouvernement a été « un référendum pour tous les Libanais ». Il a invité à ce sujet les factions locales à faciliter la tâche de M. Salam.

L’ambassadeur d’Italie
Signalons sur un autre plan que le Premier ministre désigné a reçu hier l’ambassadeur d’Italie, Giuseppe Morabito, qui a salué, dans une déclaration à la presse, le consensus qui est apparu autour de la désignation de M. Salam. « Nous soutenons les efforts déployés par le Premier ministre désigné pour la formation d’un gouvernement qui jouit du plus large soutien des forces politiques », a déclaré l’ambassadeur italien qui a souligné en outre l’appui de son pays à « la politique de distanciation vis-à-vis de la crise syrienne, la déclaration de Baabda et la table de dialogue national ».

 

Lire aussi

Tous les délais électoraux suspendus pour un mois

Le second jour des consultations parlementaires, non contraignantes, entreprises au Parlement par le Premier ministre désigné Tammam Salam a mis en relief, comme ce fut le cas la veille, mardi, le profond clivage qui divise la classe politique dans le pays concernant le profil, la composition et la mission de la nouvelle équipe ministérielle. D’une manière générale, et en schématisant...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut