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À La Une - Société

Les Émiratis s’inquiètent : leurs filles ne se marient plus !

Les carrières professionnelles et même les frais de la noce entrent en jeu...

Le coût d’un mariage et de la dot est l’une des raisons principales de la forte proportion d’Émiraties non mariées. Karim Sahib/AFP

De plus en plus d’Émiraties ne sont pas mariées à trente ans, un phénomène qui inquiète les autorités de cet État pétrolier prospère du Golfe peuplé à 88% d’étrangers.


Ce problème est débattu au niveau national depuis deux semaines par les membres du Conseil national fédéral, une instance consultative partiellement élue, et relayé par les réseaux sociaux qui s’interrogent sur ses causes. Si l’âge moyen du mariage pour les Occidentales approche désormais la trentaine d’années, une Émiratie n’ayant pas convolé à cet âge est considérée comme une «vieille fille». Et elles sont de plus en plus nombreuses: selon Musbeh Saïd el-Kitbi, membre du Conseil, «plus de 175000 Émiraties» ont dépassé la trentaine sans être mariées, ce qui constitue entre 60 et 68% des jeunes femmes en âge de se marier. «Ce taux est inquiétant», affirme-t-il, avant d’ajouter que «ce n’est pas un problème en soi, mais nous craignons un déséquilibre démographique à long terme».


Les Émiratis ne constituent en effet que près d’un million sur une population totale de 8,26 millions, soit moins de 12% des habitants du pays, un des plus riches du monde. Les autorités du pays ne lésinent pourtant pas sur les moyens pour encourager la population à se marier et ont créé un «Fonds pour le mariage». Chaque Émirati désireux d’épouser une concitoyenne peut donc recevoir environ 19000 dollars, à condition qu’il s’agisse de son premier mariage ou que son épouse soit incapable de procréer, l’islam autorisant la polygamie.

La polygamie?
Le Fonds pour le mariage organise en outre des noces collectives pour aider les jeunes qui ne veulent pas se ruiner. Le coût prohibitif des noces et de la dot sont en effet la principale cause de la forte proportion d’Émiraties non mariées, selon 86,8% des personnes interrogées dans un sondage effectué par le Fonds pour le mariage auprès de jeunes Émiratis.


Les autorités émiraties ont fixé à 14.000 dollars le plafond de la dot que doit payer tout homme désireux de se marier à la famille de la jeune fille. Mais la population ne semble pas respecter cette décision et la dot peut atteindre plus de 135000 USD. «L’un de mes amis continue à payer des traites pour la dot, neuf ans après son mariage», affirme ainsi Ali Mansouri, un fonctionnaire de 30 ans. Lui-même est à la recherche d’une épouse, de préférence ne travaillant pas ou à temps partiel. «La plupart des hommes qui réussissent dans leur vie ont des épouses qui ne travaillent pas ou le font depuis la maison, car il est impossible de concilier vie professionnelle et familiale», affirme-t-il.

 

M. Kitbi estime également que l’une des causes du problème pourrait être «les jeunes filles elles-mêmes, qui préfèrent achever leurs études universitaires et travailler plutôt que de se marier et ne pas faire carrière, ou les jeunes gens qui préfèrent une femme qui ne travaille pas».

 

D’ailleurs, 57% de quelque 200 étudiants de la faculté de médecine de l’Université des Émirats, interrogés sur les raisons du report de l’âge de mariage des Émiraties, ont estimé que c’était parce que les jeunes filles préféraient leurs études et leur carrière. «Nous sommes un peu perdus entre les traditions et la modernité», résume Wafa Khalfan, une fonctionnaire célibataire d’une vingtaine d’années. «Beaucoup de filles sont jolies et cultivées, mais ne trouvent pas le prince charmant. Si elles sont libérales, elles sont considérées comme des filles faciles, et si elles sont conservatrices, les hommes les jugent trop collet monté!» dit-elle. Les «traditions tribales» sont aussi en cause, selon M. Kitbi, certaines familles refusant d’accorder la main de leur fille à des familles jugées de moindre statut social, ou «de marier la cadette avant l’aînée».


Tous ces facteurs ont encouragé, selon les autorités, les Émiratis à épouser des étrangères. Selon les statistiques officielles, 20% des Émiratis s’étant mariés en 2010 ont choisi des étrangères. Si le mariage d’un homme avec une étrangère est toléré, celui des citoyennes des Émirats avec des étrangers est mal vu dans cette société conservatrice.
Reste une solution: encourager la polygamie! Selon un autre sondage auprès d’étudiants des deux sexes de la faculté de médecine, 73% des étudiants, mais aussi plus surprenant 59% des étudiantes se sont prononcés pour. «Ce n’est pas une solution», affirme al-Saad el-Minhali, une écrivaine émiratie, qui estime que «le mariage est un choix personnel et ne sert pas à réaliser des objectifs nationaux».

 

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