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À La Une - manifestations

Egypte : des féministes violentées, place Tahrir

La télévision publique suspend un spot appelant à se méfier des étrangers.

Des Egyptiennes déposent, le 8 juin place Tahrir, des fleurs devant le portrait d'une femme tuée lors de la révolution. Suhaib Salem /

Des femmes manifestant contre le harcèlement sexuel sur la place Tahrir, au Caire, ont été attaquées vendredi soir par un groupe d'hommes qui ont sexuellement agressé plusieurs d'entre elles, ont indiqué des témoins à l'AFP.


Quelques dizaines de femmes, accompagnées par des hommes venus les appuyer et les protéger, avaient décidé de se rassembler sur la place pour dénoncer des agressions sexuelles récentes. Au même moment, des milliers d’Égyptiens manifestaient pour exiger la disqualification d'Ahmad Chafiq, dernier Premier Ministre de Hosni Moubarak qui doit affronter le Frère musulman Mohammed Morsi au second tour de l'élection présidentielle la semaine prochaine.


Mais alors qu'elles traversaient la place, elles ont été attaquées par des hommes "plutôt jeunes" selon l'une d'elles.
"On marchait en rang et les volontaires qui étaient là pour nous protéger ont formé des cordons autour de nous", a raconté à l'AFP l'une des participantes, qui souhaite rester anonyme. "On avait nettement le sentiment d'une forte hostilité", a-t-elle poursuivi. "Tout à coup, plein d'hommes se sont rués sur nous. Ça s'est passé très vite. J'ai senti une main ou deux, mais j'ai eu de la chance, un homme m'a extirpée de là très vite. Mais la plupart (des autres femmes) ont été victimes d'attouchements", a-t-elle ajouté. "L'une de mes amies a tenté de trouver refuge dans un magasin proche, mais les hommes qui le tenaient ont baissé le rideau" en la voyant arriver, a-t-elle dit.


D'autres ont été poussées contre des grillages et ont subi des attouchements plus prolongés, tandis que les volontaires se battaient avec les agresseurs.


Nombreuses sont les femmes, Égyptiennes ou étrangères, voilées ou non, qui se plaignent d'attouchements ou de remarques obscènes au quotidien dans les lieux publics.
La question avait été médiatisée à l'étranger lorsque l'une des principales correspondantes à l'étranger de la chaîne américaine CBS, Lara Logan, a raconté avoir été victime pendant une quarantaine de minutes d'une agression sexuelle le jour de la chute de M. Moubarak le 11 février 2011, menée par 200 à 300 hommes.

 

Lire pour mémoire : En Égypte, la menace du viol plane sur les femmes journalistes

 

 

Par ailleurs, la télévision publique égyptienne a arrêté la diffusion d'un spot appelant la population à se méfier des étrangers, présentés comme des espions en puissance, après une vague de critiques, a indiqué samedi à l'AFP Ali Abderrahmane, le président des chaînes publiques spécialisées comme Nile Drama ou Nile Cinema.

La vidéo  mettait en scène un jeune homme présenté comme un étranger cherchant à entrer en contact avec un groupe de jeunes égyptiens dans un café. Accueilli à bras ouverts, il écoute attentivement leur conversation.
"Il s'immiscera dans vos cœurs comme si vous le connaissiez depuis longtemps", dit la voix off sur fond d'une musique dramatique.
"Dans le métro je les ai entendus comploter contre l'armée" au pouvoir, "on a une crise dans les transports, les prix flambent", disent les jeunes égyptiens. Autant d'"informations importantes qu'il obtient gratuitement", selon la voix off.
"Really?" (vraiment?), réagit l'étranger, avant de pianoter lesdites informations sur un téléphone portable.
La vidéo se termine sur un avertissement: "Pesez vos paroles. Toute parole a son prix. Une parole peut sauver une nation".


Le spot s'est attiré les foudres de nombreux Égyptiens, qui ont réagi avec colère ou ironie sur les réseaux sociaux en le qualifiant de "ridicule" et "xénophobe" et en affirmant qu'il allait faire fuir les touristes, essentiels pour l'économie du pays.


Beaucoup y ont aussi vu une menace directe pour les reporters étrangers à quelques jours du second tour de la présidentielle (16-17 juin), qui aura lieu dans un contexte politique et social tendu.
Les étrangers, et en particulier les journalistes, régulièrement accusés de "salir" la réputation de l’Égypte, avaient été la cible d'une virulente campagne de dénigrement pendant la révolte contre le régime de Hosni Moubarak l'an dernier. Plusieurs d'entre eux avaient été arrêtés ou pris à partie.


M. Abderrahmane a expliqué que le spot allait être "reformulé afin qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'inciter (à l'hostilité) contre les étrangers", alors que l’Égypte "aspire à augmenter le nombre de touristes" qu'elle accueille.
Il a justifié l'existence de la vidéo par "l'entrée d'un grand nombre d'étrangers sous divers titres - organisations de la société civile, médias et autres - qui ont commencé à (...) rassembler beaucoup d'informations sur l’Égypte".
Le spot vise à "sensibiliser une population où le taux d'analphabétisme est de 50% (...) pour que le simple citoyen égyptien ne donne pas d'informations sur le pays à quelqu'un qu'il ne connaît pas".

Des femmes manifestant contre le harcèlement sexuel sur la place Tahrir, au Caire, ont été attaquées vendredi soir par un groupe d'hommes qui ont sexuellement agressé plusieurs d'entre elles, ont indiqué des témoins à l'AFP.
Quelques dizaines de femmes, accompagnées par des hommes venus les appuyer et les protéger, avaient décidé de se rassembler sur la place pour dénoncer des...

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