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Économie - Crise

Carburant, blé, médicaments : la BDL pourrait ne plus pouvoir subventionner dans trois mois

La Banque du Liban n’a plus suffisamment de réserves en devises pour maintenir tous ses dispositifs de subventions aux importations.

Carburant, blé, médicaments : la BDL pourrait ne plus pouvoir subventionner dans trois mois

Une station d'essence au Liban. Photo d'illustration P.H.B.

Une source officielle à la Banque du Liban a révélé à l'agence Reuters que la Banque du Liban n’avait plus suffisamment de réserves en devises pour maintenir tous ses dispositifs de subventions aux importations. Cette source précise que la BDL ne pourra assurer que les subventions sur le carburant, le blé et les médicaments et ce pendant encore trois mois. L’Orient-Le Jour a également pu se faire confirmer l’information par une autre source anonyme.

Une autre source citée elle par le Daily Star a précisé que le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé avait informé le gouvernement démissionnaire qu’il ne pouvait plus utiliser que 2,3 milliards de dollars sur les 19,8 milliards de réserves en devises à cette fin. Une précision qui recoupe l’information relayée par Reuters, selon laquelle la BDL chercherait à maintenir ses réserves à 17,5 milliards de dollars.

Il s’agit ici des réserves liquides, qui excluent les eurobonds (titres de dette en devises émis par le Liban et sur lesquels le gouvernement a fait défaut en mars) et qui incluent les réserves obligatoires de banques. La BDL ne communique jamais le montant de ses réserves liquides. Selon sa dernière mises à jour relayée cette semaine par le Lebanon This Week, les réserves en devises – en comptant les eurobonds et les autres titres en devises (obligations étrangères, titres immobiliers, etc.) qu’elle détient – sont à 30 milliards de dollars, soit une baisse de 19,6 % depuis le début de l’année. Les réserves d’or totalisent quant à elles 18 milliards de dollars, en hausse de 28,9 % depuis fin 2019. Contactée, le service de presse de la BDL n’a pas réagi pour l’instant.

Le pays s’enfonce depuis un an dans une crise économique de grande ampleur, marquée par une quasi-faillite du secteur bancaire et de l’État, ainsi que par un dévissage sans précédent de la livre par rapport au dollar (il faut autour de 7.000 livres pour un dollar, contre 1.507,5 livres pour la parité officielle, devenue presque fictive). Incapable de stabiliser le taux de change comme elle le faisait depuis 1997, la BDL a mis en place plusieurs dispositifs depuis octobre dernier pour permettre aux importateurs de plusieurs catégories de produits jugés stratégiques de continuer à acheter à la BDL tout ou partie des dollars (dont ils ont besoin pour payer leurs fournisseurs) contre des livres  libanaises, soit au taux officiel, soit à un taux intermédiaire (3.900 livres pour un dollar), imposé aux agents de change agrées depuis plusieurs mois.

La circulaire intermédiaire n° 530 adoptée début octobre 2019 a ouvert ce mécanisme aux importateurs de carburant, de blé et de médicaments. Le mois suivant, la n° 535 a étendu le même mécanisme, avec certaines modifications, au matériel médical et aux matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique. Enfin en mai et juillet, la BDL a institué, en coordination avec le gouvernement, puis mis à jour un mécanisme visant les importations de denrées alimentaires de base ainsi que certaines matière premières destinées à l’agriculture et à l’industrie (n° 557 amendée par la n° 564). Tous ces mécanismes visent principalement à contrôler l’inflation sur ces produits alors que certains prix en livres de biens à la consommation ont augmenté depuis le début de la crise dans des proportions affolantes.

La suppression des mécanismes de subventions risque donc d’avoir des conséquences encore plus dramatiques pour les Libanais, abattus par la crise économique, les mesures de confinement liées au Covid-19 et surtout la tragique double explosion qui a soufflé une partie de la capitale le 4 août. Selon un rapport publié mercredi par la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (Escwa), plus de la moitié de la population, qui subit en plus d’importantes restrictions bancaires aussi discriminantes qu’illégales, était déjà sous le seuil de pauvreté en mai.

La responsabilité de la crise incombe, elle, aussi bien à l’ensemble d’une classe politique incapable de gérer le pays depuis la fin de la guerre civile en 1990 au moins, qu’à un secteur bancaire qui a surinvesti dans la dette publique du Liban. L’échec de la classe dirigeante à réformer le pays s’est notamment illustré entre mai et juillet lors des négociations lancées avec le Fonds monétaire international pour tenter de débloquer une assistance financière, un processus bloqué depuis le 10 juillet. Les précédents gouvernements s’étaient également distingués en ne tenant pas leurs engagements de réformes pris lors de la conférence de Paris d’avril 2018 (CEDRE), pour ne citer que ce rendez-vous manqué.

Une source officielle à la Banque du Liban a révélé à l'agence Reuters que la Banque du Liban n’avait plus suffisamment de réserves en devises pour maintenir tous ses dispositifs de subventions aux importations. Cette source précise que la BDL ne pourra assurer que les subventions sur le carburant, le blé et les médicaments et ce pendant encore trois mois. L’Orient-Le Jour a...

commentaires (9)

Timing suspicieux . Est-ce pour pouvoir s’acheter les voix des plus défavorisés , appauvrir le pays pour mieux le diviser et le satisfaire par la suite avec un panier repas ? Le peuple libanais n’a plus faim quand il voit la misère dans cette crasse politique. Que le parlement INCOMPÉTENT démissionne !

Alors...

22 h 37, le 24 août 2020

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Commentaires (9)

  • Timing suspicieux . Est-ce pour pouvoir s’acheter les voix des plus défavorisés , appauvrir le pays pour mieux le diviser et le satisfaire par la suite avec un panier repas ? Le peuple libanais n’a plus faim quand il voit la misère dans cette crasse politique. Que le parlement INCOMPÉTENT démissionne !

    Alors...

    22 h 37, le 24 août 2020

  • Il faut rendre à César ce qui appartient à César ... il est vrai que la corruption a commencer depuis 30 ans ... n’oublions pas que la Syrie était au Liban et souvenez vous des comptes de téléphone utiliser par ceux ci qui se chiffrait à des millions par années, n’oublions pas les fameux pourcentage que s’attribuait leurs services qui émanait du port et de l’aéroport ... nous n’oublierons rien de 1992 à 2005 la dette libanaise et ce même après la guerre la dette s’élevait à 42 milliards ce chiffre je m’en souviendrais toute ma vie et en l’espace d’un autre 15 ans elle se chiffre maintenant à 92 soit plus que le double et ..... surprise il n’y avait pas la guerre avant et plus de syrien qui occupait le Liban .... vous trouvez ca logique ?!?!

    Bery tus

    21 h 07, le 21 août 2020

  • Le pays s’enfonce et s’effondre. Y aura-t-il un miracle pour le sauver ? Espérons.

    Antoine Sabbagha

    18 h 40, le 21 août 2020

  • La révolution de la faim se rapproche. Son souffle dévastera tous les politicards et leurs palais aussi bunkerises qu’ils soient. Les forces armées légales seront les premières à rejoindre cette révolution de la faim. Commencez à trembler messieurs les corrompus de la politique et de l’administration depuis 30 ans ou bien déguerpissez tant qu’il est temps vers ces paradis fiscaux où vous avez caché tout l’argent détourné de l’épargne des libanais

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 48, le 21 août 2020

  • ON NE SUBVENTIONNE PLUS ET ON A CONFISQUE LES ECONOMIES D,UNE VIE DES GENS. FAUT SE DEBARRASSER DE TOUS CES MAFIEUX.

    LA LIBRE EXPRESSION, CENSUREE PARTI PRIS/ INTERET

    09 h 29, le 21 août 2020

  • Merde, mais comment va faire la Syrie alors? C’est pas juste.

    Gros Gnon

    19 h 21, le 20 août 2020

  • C,EST UN DRAME !

    LA LIBRE EXPRESSION, CENSUREE PARTI PRIS/ INTERET

    19 h 17, le 20 août 2020

  • Et pourquoi laisse-t-on des camions de mazout ou de blé subventionnés franchir la frontière syrienne ?

    Yves Prevost

    18 h 58, le 20 août 2020

  • Qu'avez-vous fait de nos $?? car c'est bien de ça dont il s'agit. Les subventions sont faites sur nos économies prises en otage. Rendez nous des comptes!!!!! Où sont les responsables?? Où en sont les enquêtes et l'audit de la BDL??

    Sybille S. Hneine

    18 h 51, le 20 août 2020

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