Quatre activistes de Nabatiyé ayant accusé à tort, sur Facebook, un homme d’avoir été un collaborateur du temps de l’occupation israélienne ont été convoqués hier devant le bureau de cybercriminalité. Interrogés sur ordre du parquet, les quatre personnes ont été relâchées sous caution d’élection de domicile dans l’après-midi. Il s’agit de Neemat Badreddine, Zaki Chakar, Mohammad Hajj Ali et Youssef Assi. Leur interpellation s’est basée sur une plainte pour diffamation déposée par Ali Qdouh. Les activistes ont par ailleurs eux-mêmes déposé plainte contre Ali Qdouh, qu’ils accusent d’avoir violemment agressé les contestataires dans la localité, le 23 octobre.
À l’issue de leur remise en liberté, leur avocat, Mazen Hoteit, a affirmé qu’ils n’ont pas nié les actes dont ils sont accusés, mais ont refusé de présenter des excuses, en attendant le jugement.Me Hoteit a précisé à L’Orient-Le Jour que l’affaire s’inscrit dans le cadre des attaques menées par des agents de la police municipale de Nabatiyé et d’autres individus gravitant dans l’orbite du mouvement Amal et du Hezbollah contre des manifestants pacifiques lors du sit-in organisé le 23 octobre. Selon lui, les activistes ont posté sur Facebook une photo de Ali Qdouh armé d’un bâton, l’accusant d’avoir été un collaborateur du temps de l’occupation israélienne. L’homme a alors intenté une action contre ses accusateurs, devant le parquet de Nabatiyé, arguant que c’est son cousin du même nom qui a été un milicien de l’Armée du Liban-Sud.
(Lire aussi : Irresponsabilité criminelle, l’édito de Michel TOUMA)
Dossier transféré à Beyrouth
Le procureur général a transféré leur dossier auprès du bureau de cybercriminalité (Beyrouth), qui, selon Me Hoteit, « les a bien traités », sachant que lors de leur interrogatoire, de nombreux avocats s’étaient mobilisés en signe de solidarité devant le siège du bureau.
Le procureur général leur ayant enjoint de retirer leurs publications sur Facebook, ils ont refusé de le faire, au motif que le parquet n’a pas qualité pour donner un tel ordre. Pas plus d’ailleurs que pour réclamer leurs téléphones portables, parce qu’il s’agit du droit à la vie privée. Selon l’avocat, les activistes n’ont pas non plus obtempéré à cette demande, parce que seul un jugement peut ordonner de telles mesures, et ce, après le constat d’un crime.
Tant qu’un tribunal n’a pas pris en charge l’affaire, le parquet, qui a relâché sous caution les militants, ne peut non plus leur demander de signer un quelconque engagement, parce qu’il s’agit de liberté personnelle, ont-ils encore fait valoir. Me Hoteit indique par ailleurs que ses clients, ayant présenté une dénonciation judiciaire contre Ali Qdouh, 3 ou 4 jours après la manifestation du 23 octobre, se sont indignés que le parquet n’ait toujours pas fait suite à l’action, alors que la photo publiée de M. Qdouh en dit long sur son méfait.
Irruption au Palais de justice
Par ailleurs, des protestataires ont fait irruption hier au Palais de justice de Beyrouth, réclamant l’ouverture d’enquêtes sur divers dossiers, notamment l’évasion fiscale, l’électricité, le pétrole, les carrières et les biens-fonds maritimes publics. Dans la salle des pas perdus, ils ont détaillé à tue-tête, devant qui voulait les entendre, tous les points qu’ils contestent, collant des affiches sur les murs et réclamant « la levée de la mainmise politique sur la justice », une justice qu’ils veulent « indépendante, intègre et équitable ». Les agents des forces de l’ordre sont aussitôt intervenus, enjoignant aux insurgés de retirer leurs affiches.
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commentaires (1)
Il me semblait qu'il y avait eu une amnistie pour les personnes qui ont suivi l'armee du Liban Sud VRAI OU FAUX Si c'est vrai cette accusation EST REPREHENSIBLE CAR ELLE REVEIL DE DOULEURUX SOUVENIRS
LA VERITE
17 h 51, le 03 décembre 2019