Un gouvernement en fin de semaine

Les prérogatives que la Constitution accorde au chef de l'État et au Premier ministre de signer le décret de la formation du cabinet justifieraient qu'ils règlent de leur propre chef certaines entraves persistantes à la naissance du gouvernement – surtout qu'il y a une unanimité déclarée de hâter la marche de l'exécutif au vu de l'échéance des législatives.

Reçu hier soir à Baabda par le président Michel Aoun, Saad Hariri lui a communiqué une mouture quasi complète du prochain cabinet, laquelle n'attendrait plus que le règlement de certains « détails », selon les termes du Premier ministre désigné, qui s'est dit toutefois optimiste. « Si Dieu le veut, tout ira bien », a-t-il lancé aux journalistes. L'ossature du cabinet étant « complète », rapporte une source informée, M. Hariri aurait pu, avec le feu vert du président de la République, passer outre certaines difficultés résiduelles, comme la nature du portefeuille attribuable aux Marada, ou la possibilité de faire participer les Kataëb au gouvernement, et mettre toutes les parties « devant le fait accompli », spéculaient hier soir des milieux concernés par ces difficultés.

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Celles-ci pourraient se résumer comme suit :
En ce qui concerne les Marada, leur participation au cabinet n'a jamais été contestée ni remise en cause par les Forces libanaises (FL) ou le Courant patriotique libre (CPL), selon des milieux de la Maison du Centre. Toutefois, des divergences portent sur la nature de leur portefeuille : les Marada demanderaient un portefeuille « de service jugé important », comme les Télécommunications ou l'Énergie. Le premier portefeuille serait quasiment acquis pour le camp Hariri, tandis que le second leur serait refusé par le ministre Gebran Bassil, qui, dit-on, aurait proposé aux Marada, mais sans résultat, de garder le ministère de la Culture au sein du cabinet sortant. Une autre issue pourrait se trouver si les FL renoncent à un portefeuille de service jugé important, ce qui semble néanmoins improbable.

Les FL seraient parties pour détenir quatre portefeuilles au sein du cabinet : trois confiés à des partisans et un quatrième à un indépendant (le ministre sortant Michel Pharaon). Mais des informations fort divergentes circulent sur la nature de ces portefeuilles. Selon des sources de Aïn el-Tiné, citées par notre correspondante Hoda Chédid, l'ancien ministre Ibrahim Najjar se verrait confier la Justice, Melhem Riachi l'Information, et un troisième l'Éducation. D'autres évoquent les Travaux publics à la place de l'Éducation et prévoient la désignation de Michel Pharaon à l'Information.

Au-delà de ces spéculations, l'importance quantitative de la quote-part des FL est jugée « excessive » par certains, en ce qu'elle rendrait très difficile par exemple l'inclusion des Kataëb au sein du cabinet. Au milieu d'un scepticisme généralisé sur une possible participation de Saïfi à l'exécutif, Ghattas Khoury et Nader Hariri ont été reçus hier par le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, en présence du vice-président du parti Joseph Abou Khalil et de Michel Abi Abdallah. Une source du parti a relaté à L'OLJ « une atmosphère positive », les délégués du courant du Futur ayant apporté des « assurances dans le sens d'une reconnaissance par tous du rôle que les Kataëb ont à jouer ». Mais « nous sommes encore dans le processus d'adhésion au cabinet », dit la source, qui précise enfin que les Kataëb sont indifférents à la nature du portefeuille. Selon une prétendue mouture du cabinet diffusée hier dans les médias (dont certains accusent le 8 Mars, d'autres les FL), les Kataëb se verraient attribuer au final l'Éducation.

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Par ailleurs, une grande inconnue est la répartition communautaire au sein de la quote-part du président de la République : des trois portefeuilles qu'il détient, inclura-t-il un ministre de confession musulmane, ou deux, l'un sunnite, l'autre chiite ?
Plusieurs sources certifient qu'il concédera un ministre chrétien à Saad Hariri, lequel nommerait Ghattas Khoury. Mais il n'est pas sûr qu'il fasse un échange pareil avec le tandem chiite. Celui-ci détiendrait en effet cinq portefeuilles, et s'il viendrait à en concéder un, ce serait probablement au Parti syrien national social. Ceci dit, une source du courant du Futur dit « espérer que la quote-part du président de la République soit répartie entre chrétien, sunnite et chiite. Ce serait en effet un acte à même de rompre le renfermement communautaire ».

Notons enfin que, pour la communauté druze, l'attribution des deux portefeuilles aurait été résolue entre les députés Walid Joumblatt et Talal Arslane, par le biais de Marwan Hamadé et Waël Bou Faour: M. Arslane détiendra un portefeuille (dont on ignore encore la nature). Ce sera en outre la Santé et non les Affaires sociales qui reviendra au final au futur ministre joumblattiste, Marwan Hamadé.

Du reste, bien que l'option de cabinet de trente ait émergé une nouvelle fois hier, elle aurait été déclinée une fois pour toutes par le chef de l'État et le Premier ministre désigné. Le prochain cabinet doit voir le jour avant la fin de la semaine courante, assurent des sources concordantes à L'OLJ.

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