Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a marqué d'une messe d'action de grâce, hier, la récente canonisation de Mère Teresa, au cours d'une cérémonie religieuse célébrée à Bécharré, où les missionnaires de la Charité possèdent une maison, tenue par quatre de ses religieuses.
La messe a été célébrée en l'église Notre-Dame (as-Saydé) et a donné l'occasion au chef de l'Église maronite d'appeler à nouveau les forces politiques à remplir leur devoir et à élire un président.
Le patriarche a ainsi invité les membres de la classe politique – députés, ministres, partis et blocs politiques – à « se départir de leur égoïsme et de leurs intérêts particuliers et collectifs, de la prison où les ont enfermés leurs propres déclarations politiques, de leurs allégeances et de leur inféodation, pour sauver la patrie en élisant un président de la République, dégrippant les institutions telles que le Parlement et le gouvernement ».
Ce faisant, les responsables « pourront ensuite réformer ce qui doit l'être, mettre au point une loi électorale juste, établir un équilibre au niveau de la participation à la vie nationale, avancer sur la voie de la Constitution, du pacte national et de la formule (sigha) qui le met en œuvre ».
« Sachez, a poursuivi le patriarche, que par cette politique de blocage, directement ou indirectement, vous détruisez systématiquement l'appareil de l'État et les institutions, et par là, la vie économique, commerciale, industrielle et touristique, plongeant la population dans le besoin et la poussant à émigrer ou à désespérer. Nous vous pressons d'entendre la voix des organismes économiques et de réaliser l'étendue du mal que vous infligez par votre politique destructrice ; nous en appelons en même temps aux bonnes volontés de la société civile pour qu'elles élèvent la voix et expriment leurs inquiétudes, ainsi que leur loyauté à l'égard du Liban. »
La cérémonie religieuse s'est tenue en présence notamment de l'ancien député Gebran Tok et de Patrick Fakhry, fils du couple Sobhi et Nadimé Fakhry, assassinés par des trafiquants de la famille Jaafar, dans la Békaa. Également présents, Roy Issa el-Khoury, Saïd Tok et des membres du conseil municipal et des moukhtars, ainsi qu'une foule de fidèles. La messe a été concélébrée par les évêques Maroun Ammar et Hanna Alouan, ainsi que par monsignor Victor Keyrouz.
Monsignor Keyrouz devait faire l'émouvant récit de l'appel qui a conduit Mère Teresa à fonder une maison à Bécharré. Il a notamment évoqué le destin de l'officier Fakhr Fakhr, son neveu, et de la manière irréprochable dont il avait accompli son devoir au sein de l'armée, le doublant d'un service de bienfaisance aux nécessiteux. Soucieux de pérenniser sa mémoire, sa sœur et son époux avaient alors choisi de donner leur appartement à un ordre religieux, et le choix s'était porté sur les missionnaires de la Charité de Mère Teresa, qui avait personnellement accepté ce don, avec l'empressement qui la caractérise.
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« Mission de vie » à Knat
Auparavant dans la journée, le patriarche s'était rendu à Knat pour y lancer les travaux de rénovation d'un édifice dont le propriétaire, Michel Chaïban Nicolas, a fait don à un ordre religieux maronite nouveau, Mission de vie. La cérémonie s'est tenue en présence du président de la municipalité de Knat, Antoine Saadé, du chorévêque Fouad Barbour et du P. Wissam Maalouf, fondateur de Mission de vie.
Comme cela s'est produit à Bécharré, c'est la douleur de perdre un membre de sa famille, en l'occurrence ses parents et sa sœur, qui a poussé le donataire à remettre la propriété de l'immeuble qu'il possédait à une œuvre de charité. La maison recevra l'appellation de couvent de la Divine Miséricorde.
À Ilige
Enfin, le patriarche a parrainé hier, en y déléguant l'évêque de Jbeil, Michel Aoun, la messe annuelle d'hommage aux morts de la résistance libanaise en l'église Notre-Dame d'Ilige, à Mayfouk (Jbeil).
« Le sang des martyrs plaidera pour eux devant le Très-Haut, devait affirmer Mgr Michel Aoun dans son homélie, puisque le martyr offre sa vie dans la foi dans la gloire de Dieu et de tous les saints. »
« Le souvenir de nos martyrs augmente en nous la détermination de rester attachés à notre terre et au Liban, terre de témoignage jusqu'au sacrifice de la vie, et à l'attachement à notre foi dans le Liban décrit par Jean-Paul II comme "un message", un témoignage aux valeurs évangéliques. »
Ont notamment assisté à la cérémonie les deux députés Nadim Gemayel et Samer Saadé, l'ancien supérieur général de l'OLM, le père Boulos Naaman, des représentants d'Amine Gemayel, de Samy Gemayel et de Boutros Harb, ainsi que le chef de la section Kataëb de Jbeil, Georges Haddad, et le président de la Ligue de Notre-Dame d'Ilige, Clovis Choueifati.
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commentaires (5)
Ne peut représenter la communauté maronite que celui qui bénéficie de l'accord du patriarcat maronite. Quant aux prétendants être les protecteurs de notre communauté, ne sont que des maronites nés comme tel sans plus.
Un Libanais
17 h 16, le 19 septembre 2016