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Liban - Insécurité

À Tripoli, une situation délétère qui « risque d’exploser à grande échelle, à tout instant... »

Signe de la gravité en hausse de la situation dans la capitale du Liban-Nord, le Premier ministre, en accord avec le chef de l’État, a convoqué le Haut Conseil de défense à Baabda demain dimanche. La restitution des dépouilles mortelles des jeunes sunnites tués à Tell Kalakh en Syrie pose également problème et risque de provoquer un regain de violences.

Des soldats patrouillant hier dans le quartier de Bab el-Tebbaneh, à Tripoli. Photo Omar Ibrahim

Le régime syrien avait accepté puis promis de rendre ces dépouilles mortelles, par étapes, à partir d’aujourd’hui. Mais les autorités libanaises ne l’entendent pas de cette oreille car elles craignent que cette restititution par étapes n’enflamme à chaque fois la rue sunnite avec la charge émotionnelle qui pourrait en résulter, et subir ainsi un scénario imposé par un régime aux abois à Damas visant à détourner l’attention de ses déboires en enflammant le nord du Liban. À cet égard, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, se rend aujourd’hui en Syrie pour négocier une restitution unique de tous les corps afin de réduire les risques. Donc le premier transfert d’aujourd’hui se trouve être remis en cause.


Par ailleurs, les appels lancés par le député Mohammad Kabbara, au nom des personnalités de Tripoli, semblent avoir reçu une oreille attentive. Un premier pas hier pour une tentative de contrôle sérieux de la situation a été entamé par le Premier ministre Nagib Mikati, rentré hier d’une visite écourtée à Rome. En sa qualité de vice-président du Haut Conseil de défense, et après concertation avec le président de la République Michel Sleiman, Mikati a convoqué une réunion urgente, non pas du Conseil des ministres comme l’escomptait le député Kabbara, mais du Haut Conseil de défense dimanche avant-midi à Baabda, au lendemain du retour du président Sleiman de sa tournée en Grèce. L’objet de la réunion portera sur les incidents de Tripoli, après la reprise des affrontements mardi entre les deux quartiers de Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen, ayant fait au total dix morts et plus de 70 blessés, la plupart des civils.


Dans la nuit de jeudi à vendredi, les violences avaient atteint un pic jamais égalé depuis mardi (un tué connu, Jalal Hallak, 28 ans, et six blessés ont été admis après minuit à l’hôpital islamique de bienfaisance), les bombardements à l’arme lourde ayant duré plusieurs heures. Mais la journée d’hier a été caractérisée par un calme précaire en début de matinée, qui s’est prolongé en cours de journée. L’armée a renforcé sa présence sur les axes chauds de Tebbaneh, Kobbé, Baal Mohsen, Rifa, Bakkar, Mankoubine et Haret Braniyé. Les blindés de la troupe ont renforcé encore plus leurs positions, rue de Syrie, qui constitue la ligne de démarcation entre Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen, tandis que des patrouilles longeaient régulièrement les rues de la ville. La circulation a presque repris son rythme normal dans l’après-midi et la plupart des commerces ont rouvert leurs portes, même si les établissements scolaires et universitaires sont restés fermés par crainte d’une nouvelle montée des violences. 

 

Parallèlement à ce retour apparent au calme, le Premier ministre a reçu le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, ainsi que le directeur des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, avec lequel il s’est réuni ensuite en présence du ministre de l’Intérieur Marwan Charbel. Ce dernier, qui a déclaré « suivre de près la situation à Tripoli », se rendra à la ville aujourd’hui pour présider la réunion du comité local de sécurité. « Nous nous concentrons sur le problème principal, qui est celui des victimes de Tell Kalakh », a rappelé le ministre Charbel.

 « Une volonté de paralyser l’armée » 
De son côté, le Premier ministre Mikati a assuré que « l’armée et les FSI effectuent leur devoir en bonne et due forme à Tripoli ». Dans une allusion à peine voilée au communiqué virulent du député Kabbara qui avait laissé entendre la veille que « l’armée n’agit pas d’une manière égalitaire entre Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen », le Premier ministre a précisé que « la critique visant les services de sécurité n’engendre que des résultats négatifs. L’État ne saurait être édifié tant que ses forces sécuritaires sont la cible d’une campagne visant à les paralyser ».


L’ancien Premier ministre Omar Karamé, après avoir contacté par téléphone le président Mikati, a d’ailleurs insisté sur le fait que « l’État et ses forces légitimes constituent la seule alternative de Tripoli. Toutes les personnalités se doivent d’appuyer l’armée dans sa mission de mettre un terme aux catastrophes périodiques qui secouent la ville ». 
Un appel que l’institution militaire a repris avec insistance dans un communiqué. « Les habitants des régions sous tension au Liban-Nord doivent respecter les mesures que nous prenons et notifier les autorités compétentes de toute activité suspecte, qui serait surtout celle de tireurs embusqués dans les quartiers résidentiels », a indiqué l’armée. Le communiqué a mis en garde contre le danger des francs-tireurs « ayant visé certains postes militaires, blessant légèrement sept soldats et endommageant plusieurs véhicules de l’armée ». Dressant le bilan des opérations effectuées par la troupe depuis jeudi soir, le communiqué a fait état de « plusieurs opérations contre les tireurs embusqués, ainsi que l’arrestation de plusieurs personnes suspectées d’avoir pris part aux violences, après la saisie d’armes de guerre, de munitions et d’équipements militaires en leur possession ».

 « Aucun accord sur aucun point... » 
Toutefois, des sources de terrain restent sceptiques quant au rétablissement du calme dans la ville. « Un calme prudent prévaut sur la ville, mais la situation est susceptible d’exploser à n’importe quel instant », ont estimé ces sources, citées par le site d’informations nowlebanon. En dépit des « réunions successives au domicile du député du bloc du Futur Mohammad Kabbara, aucun accord n’a été atteint jusque-là, sur aucun point de la crise », ont-elles ajouté.


En outre, le ministre de l’Information prévoirait la tenue d’une réunion élargie avec les responsables des médias et les représentants de la blogosphère, afin de les sensibiliser à la gravité de la situation. En attendant, « le gouvernement doit prendre les mesures requises au niveau des incidents de Tripoli », comme l’a souligné hier l’ambassadeur au Moyen-Orient de la commission onusienne des Droits de l’homme, Haytham Abou Saïd, qui a informé le ministre de la Justice Chakib Cortbaoui du « mécontentement » des organisations internationales à l’égard des incidents de Tripoli. « Le Liban ne peut supporter ce fardeau et les États arabes doivent en prendre conscience », a affirmé le diplomate.

 

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commentaires (5)

Cela fait plus d'un an, au moins, que les Tripolitains demandent à l'Etat de ramasser toutes les armes de la ville, maison par maison, et de la déclarer dépourvue d'armes (démilitarisée en un sens ). Qui sont ceux qui ne le veulent pas et mettent des bâtons dans les roues ? On demande aussi le déploiement de l'Armée sur les frontières du Nord. Qui sont ceux qui objectent ? Pourquoi ? Ceux-là sont les vrais responsables de ce qui arrive, et sur les frontières et à Tripoli...

SAKR LEBNAN

13 h 20, le 08 décembre 2012

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Commentaires (5)

  • Cela fait plus d'un an, au moins, que les Tripolitains demandent à l'Etat de ramasser toutes les armes de la ville, maison par maison, et de la déclarer dépourvue d'armes (démilitarisée en un sens ). Qui sont ceux qui ne le veulent pas et mettent des bâtons dans les roues ? On demande aussi le déploiement de l'Armée sur les frontières du Nord. Qui sont ceux qui objectent ? Pourquoi ? Ceux-là sont les vrais responsables de ce qui arrive, et sur les frontières et à Tripoli...

    SAKR LEBNAN

    13 h 20, le 08 décembre 2012

  • Chaque fois la même chose : Haut Conseil de défense, réunion à Baabda, communiqué, verbiage creux de Mikati : "l'armée et les FSI font leur devoir en bonne et due forme" ! Et rien ! Tout recommence. Quelqu'un peut-il répondre à cette question : Qu'est-ce que c'est que cette amée et ces FSI qui n'arrivent pas à imposer le calme dans une ville dont la surface et la population équivalent à un quartier d'une grande ville d'un pays sérieux ? A chaque fois le régime criminel de Damas ordonne à ses sbires du nord de rallumer l'incendie de Tripoli. Il veut restituer peut-être un à un les corps des jeunes sunnites de Tripoli qu'il a tués à Tall Kalakh pour faire de cette ville et du Liban un enfer comparable au sien. Y a-t-il un pareil cynisme d'Etat dans le monde entier ?

    Halim Abou Chacra

    12 h 24, le 08 décembre 2012

  • Oups,les combats ont donc repris...ben y a qu'à déclarer que Tripoli est syienne,en fait..après tout,c'est ce que les Tripolitains ont toujours voulu du moment de l'indépendance à aujourd'hui...comme çà,ils iront manger de la arnabita chez eux...en Syrie...ah,faut pas le dire!je le dis quand même ...après tout,au point où j'en suis....quoi,ce n'est pas vrai ce que je dis????!!!!ah,même si c'est vrai,faut pas le dire????tant pis!!!!

    GEDEON Christian

    11 h 02, le 08 décembre 2012

  • Un grand TEST pour l'ETAT et l'ARMÉE...

    SAKR LEBNAN

    02 h 53, le 08 décembre 2012

  • Tant qu'il y aura pas un désarmement général et sérieux, (voir...sous supervision internationale) des bandes armées et autres milices privées, les citoyens ...l'état ...seront cycliquement attaqué par les métastases de ce cancer...

    M.V.

    02 h 45, le 08 décembre 2012

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