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Liban - Violences

Pas d’accalmie sérieuse en vue à Tripoli....

Au terme de quatre jours de violents affrontements dans la capitale du Liban-Nord, le bilan s’alourdit : 11 morts et 147 blessés, selon l’Agence nationale d’information.

Dans les rues désertes de Tripoli, les francs-tireurs intensifient leur lâche besogne mortelle. Photo Naïm Assafiri

Ni les mesures sécuritaires, ni le plan d’intervention militaire, ni les médiations habituelles des dignitaires de Tripoli ne semblent près à mettre un terme aux combats sporadiques depuis dimanche entre les deux quartiers de Bab el-Tebbaneh et Baal Mohsen. En dépit d’accalmies ponctuelles, les échanges de tirs et surtout les tirs de snipers se sont intensifiés hier sur les axes chauds, notamment Bakkar, Rifa, Malloulé, Baal Darawich et la route internationale Tripoli-Akkar, en plus de la fameuse rue de Syrie qui sépare les deux quartiers protagonistes. Nouveau bilan des victimes (selon les chiffres de l’Agence nationale d’information) : 11 morts (deux militaires ; sept victimes de Tebbaneh et deux de Baal Mohsen ) et 147 blessés (parmi lesquels 31 militaires ; 38 de Baal Mohsen et 78 de Tebbaneh). Ce bilan pourrait augmenter dans les prochaines heures, car peu avant minuit, on apprenait qu’un obus de mortier a visé Baal Mohsen faisant vraisemblablement des victimes.


Beaucoup de « premières fois » semblent caractériser ces énièmes heurts, trahissant un niveau de violence plus important que les fois précédentes, tensions syriennes obligent. De nouvelles armes ont été utilisées, selon des témoins ; pour la première fois aussi, l’armée a été directement attaquée ; des lieux de culte ont également essuyé des dégâts dans des circonstances non encore élucidées (attaque directe ou dégâts collatéraux, cible intentionnelle ou pas...). Ainsi, la mosquée Nachabé, située entre la rue de Syrie et Baal Mohsen, aurait pris feu. Certains médias ont précisé que c’est le jardin de la mosquée qui aurait été détruit. En outre, les tirs échangés auraient atteint pour la première fois l’église Saint-Georges. L’un des incidents signalés, des tirs de source anonyme ont visé l’équipe d’al-Jazira (version anglaise) près de Tebbaneh. Cette attaque, qui n’a pas fait de blessés, a été stigmatisée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel.

L’entrée en scène des jihadistes
Par ailleurs, plusieurs éléments présagent de nouvelles escalades, comme l’entrée en scène de nouvelles parties aux combats (le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel avait d’ailleurs confirmé la veille à L’Orient-Le Jour l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène : « Tripoli est la transposition du terrain syrien. » ) De fait, un groupe qui se présente comme étant « Les lions sunnites » a distribué un communiqué appelant « chaque jihadiste sunnite à prendre part au combat pour défendre nos familles, nos biens et notre religion ». Le même groupe a déclaré qu’il ne permettra « à aucun alaouite de mettre le pied sur le sol de Tripoli » et a menacé les patrons des commerces qui emploient des alaouites « d’une sanction certaine, puisque plus rien ne nous importe, ni présidents ni ministres ». De même, un autre groupe jusque-là inconnu, celui des « Faucons des habitants de Tripoli », a déclaré le début d’opérations spéciales dirigées contre le Parti arabe démocrate « responsable de la mort d’innocents dans la ville ». De son côté, le chef du Parti arabe démocrate Rifaat Ali Eid qui, rappelons-le, avait déclaré jusqu’en fin de journée, mardi, son « refus de riposter aux sources de tirs » a annoncé hier que Parti arabe démocrate a décidé, à l’issue de la réunion de son bureau politique hier, de « s’engager pour un cessez-le-feu et laisser l’armée trancher ». Il a également appelé ses partisans à « se contrôler et à ne pas répondre aux attaques ». Mais en fait, les combattants de ce parti n’ont jamais arrêté leur participation aux affrontements.

Échec des négociations..
Une source sécuritaire citée par l’agence al-Markaziya a assuré dans ce cadre que « les deux parties au conflit participent à l’échange de tirs et d’obus ». La même source a prévu en outre la poursuite des combats. « L’horizon du dénouement paraît loin... » Effectivement, pusieurs réunions visant à calmer la rue ont successivement échoué en fin de soirée. Même la traditionnelle réunion des dignitaires de Tripoli au domicile du député Mohammad Kabbara n’a pu se dérouler normalement, plusieurs personnalités censées y prendre part n’ayant réussi à sortir de chez elles à cause de l’intensité des combats. Une réunion fort restreinte s’est déroulée pendant la journée dans le hall de la mosquée Harba en présence des deux cheikhs Nabil Raheem et Bilal Baroudi, ainsi que le responsable au sein du courant du Futur Amid Hamoud.


En même temps, notre informateur rapportait en fin de soirée que « l’armée a le feu vert absolu de toutes les parties pour prendre les mesures qu’elle juge nécessaires, sans avoir besoin d’une décision du Haut-Conseil de la défense ». Notons dans ce cadre que les députés Samer Saadé, Riad Rahhal et Kassem Abdel Aziz avaient été reçus en début d’après-midi par le commandant en chef de l’armée, auquel ils ont communiqué leur appui entier à l’armée.
Plus tôt dans la journée, le ministre démissionnaire de la Défense Fayez Ghosn a appelé « toutes les parties à assumer leurs responsabilités et cesser de couvrir ceux qui troublent la sécurité à Tripoli et menacent de provoquer la discorde au niveau du pays dans son ensemble ». « La crise syrienne se répercute à Tripoli », a-t-il ajouté.

 « Les ordres de Damas... »
Une lueur dans ce schéma opaque : la manifestation symbolique des acteurs de la société civile en fin d’après-midi hier appelant à rendre à Tripoli son vrai visage, celui de la coexistence et de l’essor. En outre, l’Association des commerçants de Tripoli a publié un communiqué appelant à « l’abandon des discours confessionnels qui attisent les tensions et les esprits ». Ils ont réitéré leur appel au dialogue. De son côté, le comité de coordination syndicale a décidé de convertir sa manifestation prévue aujourd’hui pour l’échelle des salaires, en marche « pour la protection de la paix civile et de l’unité », à la lumière de la montée des violences.

 

 

(Lire aussi : « Des milliers de Hezbollahis combattent en Syrie... », révèle Kerry)

 


Les réactions politiques aux incidents de Tripoli ne sont pas rassurantes. Le président de la Chambre Nabih Berry serait « inquiet du chaos sécuritaire dans le Nord et dans d’autres régions », comme l’ont rapporté les visteurs de Aïn el-Tiné hier. Pour le membre du bureau politique du Futur, Moustafa Allouche, « aucune solution ne se présente pour Tripoli ». « Nous savons très bien qui fournit les armes à Baal Mohsen », a-t-il ajouté. Renchérissant sur ce point, le député du bloc du Futur Jamal Jarrah a estimé que « les décideurs à Tripoli sont les chabbiha du régime syrien. Ce sont eux qui décident de la reprise et de la fin des combats, selon les ordres qu’ils reçoivent de Damas ». Le député du même bloc Khaled Zahraman s’est d’ailleurs étonné du timing de la reprise des combats à Tripoli, qui a coïncidé avec le début des confrontations entre le régime, soutenu par le Hezbollah, et les rebelles à Qousseir.

 

 

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commentaires (1)

C'est la mèche finale ...le dictateurs criminogène damasquin aux abois ... tente d'élargir ses défaites...

M.V.

10 h 36, le 23 mai 2013

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Commentaires (1)

  • C'est la mèche finale ...le dictateurs criminogène damasquin aux abois ... tente d'élargir ses défaites...

    M.V.

    10 h 36, le 23 mai 2013

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