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Pas de réconciliation nationale au Mali sans acceptation des Touareg - Élection présidentielle

Traumatisé par des mois de chaos, le Mali vote enfin

À Tombouctou, de nombreux électeurs qui ont fait la queue pendant des heures ont cherché en vain leurs noms sur les listes. Serge Daniel/AFP

Les Maliens votaient hier, dans le calme et en grand nombre, au premier tour d’une présidentielle devant permettre de tourner la page de 18 mois d’une crise politique et militaire qui a plongé leur pays dans le chaos. À la mi-journée, le réseau indépendant d’appui au processus électoral au Mali (APEM), qui a déployé 2 100 observateurs sur tout le territoire, notait « une grande mobilisation des électeurs », surtout dans le Sud où se trouve Bamako. Le Sud regroupe environ 90 % des quelque 6,9 millions d’électeurs inscrits.
Dans les villes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou, région qui a subi en 2012 la violence et l’occupation de rebelles touareg et de groupes jihadistes liés à el-Qaëda, le vote se tenait sous la surveillance de Casques bleus de la force de l’ONU, la Minusma, et de l’armée malienne, assistés par les 3 200 soldats français restés au Mali. Un des groupes jihadistes qui ont occupé le Nord, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avait menacé samedi de « frapper » les bureaux de vote et tenté de dissuader « les musulmans maliens » de prendre part au scrutin.
Vingt-sept candidats participent à cette présidentielle, dont deux grands favoris : Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre, et Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances et ex-dirigeant de l’Union économique et monétaire (Uémoa). Après avoir voté à Bamako entouré d’une cohorte de partisans, Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé qu’après cette élection, « seul le Mali sera gagnant » pour « oublier le cauchemar » qu’il vient de vivre. « Aujourd’hui, il faut tourner la page, a de son côté déclaré Soumaïla Cissé en votant dans la capitale. Il faut retourner dans le calme à des institutions républicaines. »
À Bamako, dans un centre de vote installé dans le lycée Mamadou Sarr, plusieurs centaines d’électeurs attendaient de pouvoir voter avant l’heure d’ouverture des bureaux à 08h00 (heure locale et GMT). C’est là qu’a voté le président par intérim, Dioncounda Traoré, qui ne se présente pas, affirmant à la presse que c’était « le meilleur scrutin » que le Mali ait organisé depuis son indépendance de la France en 1960.
À Kidal, bastion des Touareg et de leur rébellion dans le nord-est du pays où les tensions entre communautés touareg et noires sont vives, la participation était faible. Une soixantaine de partisans de la rébellion ont manifesté pour « l’indépendance de l’Azawad », nom donné par les Touareg au nord du Mali. À l’entrée de chaque bureau de Kidal, chaque électeur était contrôlé et fouillé par des soldats togolais de la Minusma.
À Gao, la plus grande ville du nord du Mali, le scrutin était également très surveillé par les forces de sécurité maliennes et la Minusma. « J’espère qu’avec ma voix, mon candidat sera élu et pensera surtout à développer ma région longtemps abandonnée », a déclaré Issoufou Cissé, un quinquagénaire de Gao en boubou bleu et turban blanc.
À Tombouctou, ville qui a payé un lourd tribut à l’occupation jihadiste, de nombreux électeurs cherchaient en vain leurs noms sur les listes car, selon un observateur national, « le travail d’identification n’a pas été fait, des électeurs ne savent pas où ils vont voter ». Devant les bureaux de vote visités, des militaires maliens montaient la garde, une arme en bandoulière, et fouillaient les électeurs. « Ce sont des élections particulières, c’est pour ça que la sécurité est renforcée », explique un sergent de l’armé malienne.
Cette élection doit rétablir l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’État qui a précipité la chute du nord du Mali, voisin de la Mauritanie, de l’Algérie et du Niger, aux mains de groupes islamistes de la mouvance el-Qaëda, alliés dans un premier temps à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Elle intervient six mois après le début en janvier d’une intervention militaire internationale menée par la France pour stopper une avancée vers le Sud des islamistes armés et les chasser du Nord qu’ils occupaient depuis neuf mois. Les résultats provisoires doivent être publiés au plus tard vendredi, mais de premières estimations devraient être connues dès aujourd’hui. Un second tour aura lieu, sauf surprise, le 11 août.

(Source : AFP)
Les Maliens votaient hier, dans le calme et en grand nombre, au premier tour d’une présidentielle devant permettre de tourner la page de 18 mois d’une crise politique et militaire qui a plongé leur pays dans le chaos. À la mi-journée, le réseau indépendant d’appui au processus électoral au Mali (APEM), qui a déployé 2 100 observateurs sur tout le territoire, notait « une grande...