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Chavez, ou le paradoxe érigé en diplomatie

Une figure exubérante et controversée du socialisme

Né en 1954, Hugo Chavez est père de quatre enfants et deux fois divorcé. Tomas Bravo/Reuters

Hugo Chavez s’est imposé comme l’homme fort du Venezuela depuis sa première élection, provoquant la controverse chez lui autant qu’à l’étranger avec son projet socialiste « du XXIe siècle » et son style exubérant. Cet ancien parachutiste, aujourd’hui affaibli par les traitements après la détection d’un cancer en 2011, a remporté toutes les élections auxquelles il a participé, malgré les accusations « d’autoritarisme » de ses opposants. Orateur infatigable, M. Chavez est capable, comme son mentor cubain Fidel Castro, de haranguer les foules des heures durant, vêtu d’un costume et d’un béret rouges, d’un treillis ou, plus récemment, de complets à l’occidentale (mais avec la cravate rouge).
Né en 1954, fils de deux instituteurs de l’État de Barinas (Sud-Ouest), père de quatre enfants et catholique deux fois divorcé, Hugo Chavez avait commencé à nourrir dès 1982 son projet socialiste inspiré de Simon Bolivar, la figure emblématique de l’indépendance acquise contre les Espagnols. En 1992, le lieutenant-colonel tentait un coup d’État infructueux contre le président Carlos Andrés Pérez, qui le jeta en prison pour deux ans, ce qui l’a paradoxalement rendu très populaire. Six ans après, candidat d’une coalition de partis de gauche, il remportait l’élection, avec 56 % des suffrages.
Hugo Chavez, à la tête du premier exportateur de pétrole sud-américain, a bâti sa popularité sur de nombreux programmes sociaux dans la santé et l’éducation. Les plus défavorisés lui vouent depuis une reconnaissance sans limite, répétant à l’envi qu’il leur a rendu leur « dignité », malgré une inflation galopante. En revanche, ses opposants lui reprochent son omniprésence et son instrumentalisation des moyens de l’État au service d’une seule cause : son maintien au pouvoir. Hyperactif, implacable avec ses adversaires, charismatique, capable de mêler dans un même discours chansons romantiques, insultes et démonstrations d’érudition, Hugo Chavez a développé un style de gouvernement non conventionnel, faisant appel à son instinct mais aussi à sa formation militaire. Il dort peu et ne prend pas de vacances, ce qui lui a valu de reconnaître d’avoir commis une « erreur fondamentale » en négligeant sa santé pendant des années.
« Chavez est un mélange contradictoire de gauchisme et de militarisme. Il a un appétit exagéré pour le pouvoir. Une de ses principales motivations est de rester sans limite au pouvoir », estime l’historienne Margarita Lopez Maya, ex-alliée passée dans l’opposition. Après la tentative de coup d’État qui l’avait visé en 2002, le président avait décidé que le monde se divisait en amis ou adversaires, qualifiant ses opposants de « traîtres » et « d’apatrides ».
Au-delà des frontières, il est le modèle – et bailleur de fonds – de plusieurs dirigeants latino-américains de gauche. Fervent défenseur de l’union de l’Amérique latine, il a mis en place des structures d’intégration régionale et tissé des alliances stratégiques avec la Russie, la Chine ou l’Iran, ne manquant jamais d’apporter son soutien à des dirigeants controversés, comme le Libyen Mouammar Kadhafi, l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad ou le Syrien Bachar el-Assad. En même temps, il a su faire preuve de pragmatisme, ne suspendant jamais ses livraisons de pétrole aux États-Unis, en dépit de ses critiques acerbes contre « l’impérialisme yankee ».

(Source : AFP)
Hugo Chavez s’est imposé comme l’homme fort du Venezuela depuis sa première élection, provoquant la controverse chez lui autant qu’à l’étranger avec son projet socialiste « du XXIe siècle » et son style exubérant. Cet ancien parachutiste, aujourd’hui affaibli par les traitements après la détection d’un cancer en 2011, a remporté toutes les élections auxquelles il a...