Un Franco-Tunisien incarcéré depuis plusieurs années en Tunisie pour trafic de stupéfiants, une affaire dans laquelle il nie toute implication, a décidé de « se laisser mourir », ont affirmé ses avocats vendredi.
Onsi Abichou « est effondré », a dit à l'AFP son actuel avocat tunisien, Chawki Tabib, qui lui a rendu visite lundi. « Il m'a dit +je ne vais plus manger+, +je suis victime d'une erreur judiciaire flagrante+ », a-t-il ajouté.
La défense de M. Abichou dénonce un imbroglio judiciaire, le Franco-Tunisien étant poursuivi dans deux procédures distinctes pour les mêmes faits. Au fil des ans, il a été plusieurs fois jugé, condamné à la perpétuité puis acquitté avant que la Cour de cassation n'annule le jugement. « Cette affaire c'est 17 ans de procédure judiciaire, 10 procès, 4 jugements par défaut, 4 acquittements, 4 pourvois du ministère public », ont affirmé les avocats français de M. Abichou, William Bourdon et Lily Ravon, dans une déclaration à l'AFP.
L'affaire a débuté en février 2008 lors de l'arrestation en Tunisie de deux hommes à bord d'une camionnette transportant du cannabis et dont M. Abichou était l'ancien propriétaire. Pendant leur garde à vue, les deux suspects ont désigné ce dernier comme étant impliqué dans le trafic. Or l'un d'eux a par la suite retiré ses aveux, assurant qu'ils avaient été extorqués sous la torture, selon Me Bourdon et Me Ravon.
« Nous tirons aujourd'hui la sonnette d'alarme sur la situation d'Onsi Abichou, qui a décidé de se laisser mourir après 17 ans d'acharnement judiciaire », ont-ils dit. « À l'aube du 11e procès qui doit se tenir dans les prochains mois et tandis que les deux personnes condamnées à la perpétuité aux côtés d'Onsi Abichou ont été graciées et libérées depuis des années, notre client se voit refuser sa demande de grâce, lui qui a toujours clamé son innocence », ont-ils poursuivi.
M. Abichou avait été arrêté en Allemagne en 2009 puis extradé en 2010 vers la Tunisie, à l'époque dirigée par l'autocrate Zine El Abidine Ben Ali. Libéré dans la foulée de la révolution de 2011, il a de nouveau été incarcéré en 2021.