Le 13 avril 1975 est une date charnière dans l’histoire du Liban. Celle où tout bascule. Ce jour-là, à Beyrouth, l’attaque d’un autobus devient l’étincelle qui enflamme le pays et le plonge dans une guerre civile dévastatrice. Un événement tragique, survenu un dimanche, qui est aujourd’hui largement considéré comme le point de départ officiel d’un conflit qui durera quinze ans.

Ce matin du 13 avril 1975, dans le quartier chrétien d’Aïn el-Remmané, une cérémonie religieuse est organisée à l’occasion de l’inauguration d’une église melkite. Dans le même temps, un autobus transportant des militants pro-palestiniens, de retour d’une manifestation, traverse le secteur. Le climat est déjà extrêmement tendu dans la capitale : plusieurs incidents ont éclaté plus tôt dans la journée aux abords de l’église, échaudant les miliciens chrétiens présents sur place. Lors du passage du véhicule, ceux-ci ouvrent le feu, tuant 22 personnes.

À l’occasion du 50e anniversaire de cet événement tragique, nous avons rencontré Marwan Chahine, journaliste et auteur de Beyrouth, 13 avril 1975. Autopsie d’une étincelle (en lisse pour le prix Joseph Kessel 2025). Dans cet ouvrage, fruit de près d'une décennie d’enquête, il revient sur les heures qui ont précédé le drame et interroge les récits concurrents. « Ce qui m'a troublé autour du 13 avril, c'est le fait que c'est à la fois l'un des événements les plus connus du Liban, ou du moins de la guerre du Liban, et en même temps un événement assez mal connu et très peu documenté », affirme-t-il.