Un vendeur arrangeant des stocks de grain dans un marché de Sanaa, capitale du Yémen sous contrôle des houthis, le 25 février 2025. Photo AFP / MOHAMMED HUWAIS
Le classement par Washington des rebelles houthis du Yémen comme organisation « terroriste » pourrait avoir des effets « dévastateurs » sur une population déjà exsangue, ont prévenu jeudi plusieurs organisations humanitaires.
Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a annoncé mardi le retour de ce mouvement, qui contrôle une grande partie du Yémen, sur la liste noire américaine, sur laquelle il avait été brièvement placé en 2021.
Les agences d'aides craignent que cette qualification, qui interdit toute transaction avec le groupe désigné, n'affecte l'acheminement et le prix des denrées dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dévasté par plus d'une décennie de guerre civile.
« Le Yémen importe près de 90% de sa nourriture, la grande majorité par le biais de canaux commerciaux. Les restrictions de cet approvisionnement (...) auront des effets dévastateurs sur des millions de personnes », a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'agence humanitaire de l'ONU Ocha, Eri Kaneko.
L'organisation espère que la fourniture de produits essentiels et d'aides humanitaires seront préservée, sinon « cela aura de graves conséquences sur des communautés déjà au bord du précipice », a-t-elle ajouté.
Les Etats-Unis ont annoncé par ailleurs mercredi sanctionner plusieurs hauts responsables houthis, accusés notamment d'importer illégalement des armes dans leur pays.
Après le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza en octobre 2023, les houthis ont mené plusieurs attaques contre des navires en mer Rouge, ainsi que contre Israël, disant soutenir le mouvement islamiste palestinien. Ces attaques ont cessé depuis l'accord de trêve à Gaza, entrée en vigueur en janvier dernier.
En 2024, l'administration du président américain Joe Biden avait opté pour une désignation un peu moins sévère des houthis, justifiée par la volonté de maintenir le flot d'aide humanitaire au pays.
Le conflit qui oppose les houthis, soutenus par l'Iran, au gouvernement, appuyé par l'Arabie saoudite, a plongé le Yémen, et ses plus de 38 millions d'habitants, dans l'une des pires crises humanitaires, selon l'ONU.
Les zones contrôlées par les houthis, où vit environ 70% de la population, sont déjà confrontées à une insécurité alimentaire galopante, a souligné pour sa part l'organisation Action contre la faim, en mettant en garde contre les conséquences potentiellement « dévastatrices » de la décision américaine.
Cette désignation devrait aussi restreindre l'accès aux transactions financières dans les zones rebelles, a-t-elle souligné.
Médecins sans frontières a dit à l'AFP attendre de voir l'impact que cette mesure aura sur ses activités au Yémen. « Mais les sanctions auront inévitablement un impact sur le travail des organisations humanitaires et augmenteront les souffrances de la population », a estimé l'ONG.
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