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Dernières Infos - Turquie

Turquie: trois journalistes arrêtés puis relâchés après un article sur le procureur d'Istanbul


Trois journalistes d'un quotidien turc de gauche ont été arrêtés plusieurs heures ce week-end en vertu de la législation antiterroriste après un article sur le procureur d'Istanbul, nouvel épisode des pressions croissantes contre la liberté de la presse en Turquie.

La principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), ainsi que l'ONG de défense des médias Reporters sans frontières (RSF), ont vigoureusement dénoncé la mesure. Les journalistes Ugur Koç et Berkant Gültekin, qui travaillent pour l'édition en ligne de BirGün, et son directeur de la rédaction Yasar Gökdemir, ont été arrêtés samedi soir à leurs domiciles pour avoir « nui à des individus engagés dans la lutte antiterroriste », a écrit sur X le rédacteur en chef, Ibrahim Varli.

Selon lui, il leur est reproché d'avoir relaté la rencontre entre un journaliste du quotidien progouvernemental Sabah et le procureur général d'Istanbul, Akin Gürlek, rencontre qui pourtant « avait déjà été évoquée » par Sabah lui-même. Les autorités « tentent d'intimider la presse et la société par des enquêtes et des arrestations », a dénoncé M. Varli.

A l'issue de leurs auditions, les trois hommes ont été relâchés. Il s'agit toutefois de « libération conditionnelle » pour M. Gökdemir et M. Koç, qui devront se présenter au tribunal une fois par semaine, selon BirGün. Ils ont aussi interdiction de quitter la Turquie. Pendant qu'ils étaient entendus, une centaine de manifestants rassemblés devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul ont brandi des pancartes sur lesquelles était inscrit « BirGün ne se taira pas » ou « le journalisme n'est pas un délit », a constaté l'AFP sur place.

Ces interpellations sont « inacceptables », a réagi sur X Erol Önderoglu de RSF. « Cette mesure, motivée par un article critiquant +l'impartialité du procureur+, est injustifiée », a-t-il ajouté. Ces derniers mois, plusieurs enquêtes judiciaires ont déjà été ouvertes à la suite d'articles ou de commentaires sur le procureur d'Istanbul. Ont notamment été visés le maire de la ville Ekrem Imamoglu, figure de l'opposition au président Recep Tayyip Erdogan, et le président du CHP, Özgür Özel.

« Honte sans précédent »

Les trois nouvelles interpellations du week-end sont une « honte sans précédent », a réagi ce dernier sur X. « Essayer de fabriquer un crime à partir de cela est un signe de culpabilité », a-t-il estimé. M. Özel avait lui-même été inculpé en novembre d' »insulte à un agent de l'Etat » et d'avoir « nui à des individus engagés dans la lutte antiterroriste », pour des propos sur M. Gurlek, qu'il avait qualifié de « guillotine mobile », expression qu'il a réutilisée dimanche sur X.

Les autorités turques s'en prennent régulièrement à des journalistes, des avocats ou des élus, avec un nombre de cas en hausse depuis quelques semaines. Trois journalistes de la chaîne d'opposition Halk TV ont ainsi été arrêtés fin janvier. Deux d'entre eux bénéficient de la libération conditionnelle, mais le rédacteur en chef Suat Toktas est toujours derrière les barreaux.

L'actrice Melisa Sözen, qui a joué le rôle d'une combattante kurde dans la série française « Le Bureau des Légendes », a elle été entendue cette semaine par la police, soupçonnée de « propagande terroriste », selon l'agence de presse DHA et Halk TV. Une enquête déclenchée par le procureur d'Istanbul. En 2024, RSF a placé la Turquie au 158e rang sur 180 pays pour la liberté de la presse, soulignant que « le pluralisme des médias est plus que jamais remis en cause. Tous les moyens sont bons pour affaiblir les plus critiques ».

Selon l'ONG turque de défense de la liberté d'expression MLSA, au moins 30 journalistes et collaborateurs de médias sont en prison en Turquie, et quatre assignés à résidence. En 2024, elle a suivi 281 procès relatifs à la liberté d'expression impliquant 1.856 accusés, dont 366 journalistes. 

Trois journalistes d'un quotidien turc de gauche ont été arrêtés plusieurs heures ce week-end en vertu de la législation antiterroriste après un article sur le procureur d'Istanbul, nouvel épisode des pressions croissantes contre la liberté de la presse en Turquie.La principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), ainsi que l'ONG de défense...