Abou Ahmad s’était juré de ne pas boire une goutte d’eau avant d’entrer à Yarmouk. En 2018, il doit fuir le camp palestinien, une cité triangulaire de deux kilomètres carrés reprise par le régime après des années de bombardements et de siège. Il a vingt ans. Un autre camp, celui de Deir Ballout, dans la province d’Alep, l’attend. « Pendant cinq ans, on a eu des entraînements quasi quotidiens, ça nous a crevés », raconte-t-il.  Lorsqu’il est arrivé à Damas avec son bataillon samedi dernier, il dit avoir enfin « compris la valeur de tous les sacrifices ». Il raconte la débandade des forces gouvernementales, la prise d’Alep, puis celle de Hama, et enfin l’arrivée aux portes de la capitale en un temps record. « Comme ça, dit-il en claquant des doigts, les yeux embués. Durant toutes ces années loin de chez nous, on ne disait pas qu’on...