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Environnement - Liban

Les opérations de refroidissement se poursuivent dans la décharge de Bourj Hammoud

« Ce type de feu, dans une décharge, est particulièrement difficile à contrôler », indique un pompier à L'OLJ. 

Les opérations de refroidissement se poursuivent dans la décharge de Bourj Hammoud

La fumée continuant de s'élever de la décharge de Bourj Hammoud, dans le nord de Beyrouth, le 13 septembre 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Bien que le feu ait été circonscrit pendant la nuit après plusieurs heures d'efforts de la Défense civile libanaise et des pompiers de Beyrouth, une fumée intermittente continuait de s'échapper de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé, à la sortie-nord de Beyrouth, tout au long de la journée de vendredi.

« Il n'y a plus de flammes, mais on peut encore voir de la fumée qui s'élève » au-dessus de la décharge, en raison de ces opérations de refroidissement, qui ont commencé le matin vers 1h après que les pompiers ont pu contrôler les différents foyers, a indiqué Walid Hachache, contacté par L'Orient-Le Jour dans la matinée. Il a expliqué que ces opérations sont rendues difficiles par la nature du feu, dans une décharge contenant différents types de matériaux, notamment du plastique, et alors que les couches de déchets s'affaissent, provoquant des poches d'oxygène qui risquent d'attiser à nouveau les flammes. 

Un hélicoptère aspergeant la décharge de Bourj Hammoud, le 13 septembre 2024, pour refroidir la zone après un important incendie. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

« Le feu n'est pas totalement éteint, a de son côté dit à notre journaliste Waël Taleb, présent dans la décharge, un de ses collègues. Mais nous parvenons à le contenir ». « Ce type de feu, dans une décharge, est particulièrement difficile à contrôler, mais heureusement, il n'y a pas eu de blessé », a-t-il ajouté. 

« Il s'agit d'un type d'incendies parmi les plus difficiles à éteindre », a abondé à chaîne locale LBCI, le directeur de la Défense civile libanaise, Raymond Khattar. Il a précisé que pour venir à bout du sinistre, 20 véhicules de la Défense civile et trois camions des pompiers de Beyrouth avaient été mobilisés, ainsi que des grues de la société opérant la décharge. Des camions de terre et de sable à déverser sur le feu ont également été déployés sur les lieux. Le chef de la Défense civile a en outre critiqué la gestion de cette décharge « qui était constituée d'une seule montagne d'ordures », mais qui s'est étendue et dans laquelle des déchets dangereux sont jetés.

Identifier les causes

Jeudi soir, le ministre sortant de l'Environnement, Nasser Yassine, s'était rendu sur les lieux afin de suivre les opérations d'extinction. Il avait annoncé qu'il déployait « tous les efforts possibles pour identifier les causes du sinistre ». 

Des pompiers de la Défense civile libanaise dans la décharge de Bourj Hammoud, le 13 septembre 2024, pour refroidir la zone après un important incendie. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Dans la journée de vendredi, le volontaire anonyme de la Défense civile rencontré par L'OLJ dans la décharge a indiqué que « les causes restent indéterminées. Il peut s'agir d'un début de feu intentionnel, ou bien il peut être dû aux températures élevées ».

Peur, défaitisme, mauvais souvenirs ... des habitants de la région se sont livrés à notre journaliste sur place.

« Nous étions dans un café lorsque ça a commencé. Certaines personnes ont eu peur et l'odeur était terrible. Après l'explosion au port (du 4 août 2020, qui avait commencé par un incendie dans un hangar, ndlr), n'importe quel feu fait craindre que quelque chose de pareil ait lieu », a confié Ziad Ahmad, un Syrien vivant dans le quartier. 

De son côté, Pierre Khoueiry, qui tient un petit café dans le quartier voisin de Dora, raconte que « des cendres sont tombées dans nos verres », alors qu'il buvait un whisky avec d'autres personnes hier soir. « Certaines personnes ont quitté les lieux, mais la plupart d'entre nous sont devenus insensibles » à ce genre d'incident. D'ailleurs, « personne ne portait de masque » pour se protéger. 

Une menace sérieuse

L'ONG de protection de l'environnement Greenpeace, par la voix de Farah al-Hattab, juriste et chargée de campagne auprès de Greenpeace Moyen-Orient et Afrique du Nord, a publié une déclaration à la suite du sinistre : « Cet incident catastrophique nous rappelle brutalement la nécessité urgente de s'attaquer à la crise des déchets qui sévit au Liban, qui ne peut plus compter sur des solutions temporaires. Le pays doit mettre en œuvre des solutions efficaces, urgentes et durables à court et à long terme, en mettant l'accent sur la réduction, la réutilisation, le recyclage et l'élimination des déchets en toute sécurité. Si la situation perdure, le Liban sera confronté à des crises sanitaires et environnementales récurrentes », a-t-elle déclaré.

« Les décharges comme celle de Bourj Hammoud sont remplies de quantités massives de déchets non traités, dont des matériaux organiques et plastiques. Ces déchets se transforment en une masse fumante difficile à éteindre et qui propage des polluants toxiques tels que du méthane, des particules fines, des dioxines et des furanes, qui constituent une menace sérieuse pour la santé publique, en augmentant le risque de maladies respiratoires et cancéreuses », ajoute-t-elle.

« Deux montagnes de toxines »

L'incendie a provoqué des réactions au sein de la classe politique, notamment parmi les députés de Beyrouth et du Metn, deux régions entre lesquelles se situe la décharge. Le député de Beyrouth Ghassan Hasbani a mis en garde dans un message sur le réseau X contre l'éventualité que le feu ne s'étende aux réservoirs de carburant et de gaz voisins et réclamé que des « instructions » soient données aux habitants de la zone, en cas de risques.

Le chef du parti Kataëb et député du Metn Samy Gemayel a de son côté dénoncé un « nouveau crime environnemental dans le Metn », rappelant qu'il s'était opposé à l'agrandissement de la décharge. « Nous sommes aujourd'hui face à deux montagnes de toxines et de gaz nocifs qui tuent les habitants de Beyrouth et du Metn ». « Fermez cette décharge », a-t-il écrit sur X. Le bureau du Courant patriotique libre (CPL) dans le Metn a pour sa part regretté qu' « une fois de plus, les habitants du Metn paient le prix de la négligence de l’État ». « Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est trouver des solutions durables pour éliminer les risques » dus à la décharge, « sans clientélisme ni contrats douteux ».

Bien que le feu ait été circonscrit pendant la nuit après plusieurs heures d'efforts de la Défense civile libanaise et des pompiers de Beyrouth, une fumée intermittente continuait de s'échapper de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé, à la sortie-nord de Beyrouth, tout au long de la journée de vendredi.« Il n'y a plus de flammes, mais on peut encore voir de la fumée qui s'élève »...
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