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Dernières Infos - Diplomatie

Accord de défense mutuelle entre Moscou et la Corée du Nord, qui soutient la Russie sur l'Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine et le leader nord coréen Kim Jong Un, lors d'un concert à Pyongyang, le 19 juin 2024. GAVRIIL GRIGOROV/AFP

La Corée du Nord et la Russie, qui « luttent ensemble » contre l' »hégémonie » américaine, ont signé mercredi un accord de défense mutuelle, a annoncé Vladimir Poutine qui a remercié son hôte à Pyongyang Kim Jong Un pour son soutien dans sa guerre contre l'Ukraine.

Reçu en grande pompe, le président russe a par ailleurs estimé que les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU visant les Nord-Coréens pour leur programme nucléaire, « inspirées par les États-Unis et leurs alliés », devaient être « réexaminées ».

« Le traité pour un partenariat global signé aujourd'hui prévoit, entre autres, une assistance mutuelle en cas d'agression contre une partie au traité », a déclaré M. Poutine à la presse après avoir signé le document.

« La Russie et la Corée mènent toutes deux une politique étrangère indépendante et n'acceptent pas le langage du chantage et du diktat », a-t-il poursuivi, dans un clair avertissement aux Occidentaux.

Le chef de l'Etat russe a qualifié l'accord de « document véritablement révolutionnaire », ajoutant que la Russie « n'excluait pas pour elle-même une coopération militaro-technique » avec Pyongyang.

Ukraine : soutien nord-coréen à la Russie 

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a de son côté assuré que l'accord était « exclusivement pacifique et défensif ». Qualifiant Vladimir Poutine de « meilleur ami » de son pays, il a salué l'avènement d'une « nouvelle ère » dans les relations avec Moscou.

« Il ne fait aucun doute que le traité de partenariat stratégique global (...) garantira de manière fiable l'alliance entre la Corée du Nord et la Russie pendant un siècle et qu'il contribue pleinement au maintien de la paix et de la stabilité dans la région », a plus tard jugé Kim Jong Un pendant une réception en l'honneur de son invité, selon une traduction en russe.

Le gouvernement nord-coréen « exprime son entier soutien et sa solidarité au gouvernement, à l'armée et au peuple russes dans la conduite de l'opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger la souveraineté, les intérêts de sécurité et l'intégrité territoriale », a-t-il en outre dit à M. Poutine.

« Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien », a en retour lâché le chef du Kremlin.

« Nous sommes reconnaissants aux dirigeants et au peuple de la République populaire démocratique de Corée s'agissant de la situation en Ukraine. Aujourd'hui, nous luttons ensemble contre les pratiques hégémoniques et néocolonialistes des États-Unis et de leurs satellites ».

Première visite 

Vladimir Poutine, accueilli par une grande cérémonie sur la place Kim Il Sung, avec une fanfare militaire et des danses synchronisées, a quant à lui offert une voiture de luxe du constructeur russe Aurus à son hôte. Il a ensuite eu des entretiens aux côtés de sa délégation avec le dirigeant nord-coréen, suivis d'un long aparté, et a convié Kim Jong Un à se rendre à Moscou.

Il s'agit du premier séjour en Corée du Nord de M. Poutine en 24 ans et de la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d'un an. En septembre 2023, Kim Jong Un était allé en train blindé dans l'Extrême-orient russe pour un sommet avec le président russe.

Moscou et Pyongyang sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) mais se sont rapprochés depuis l'opération militaire russe déclenchée en Ukraine en février 2022.

« La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d'armes en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d'énergie et d'armes de pointe pour alléger la pression des sanctions », a commenté auprès de l'AFP Koh Yu-hwan, professeur émérite d'études nord-coréennes à l'université de Dongguk.

Pour lui, le gouvernement russe reste toutefois prudent et ne veut pas « brûler complètement les ponts avec des pays comme la Corée du Sud ».

Moins dépendre de Pékin 

Américains et Européens s'inquiètent pour leur part depuis des mois du rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer massivement des munitions et des missiles à la Russie.

En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires.

Le soutien de Vladimir Poutine permet à Kim Jong Un d' »amoindrir sa dépendance » à l'égard d'un autre allié clé, Pékin, a insisté auprès de l'AFP Vladimir Tikhonov, professeur d'études coréennes à l'université d'Oslo.

Entre-temps, le chef de l'Etat russe « obtient un accès sécurisé aux obus d'artillerie de type soviétique dont il a besoin en énormes quantités aujourd'hui », d'après cet expert.

Cette visite d'Etat est un moyen pour M. Poutine de remercier la Corée du Nord de « remplir le rôle d'un +arsenal pour l'autocratie+ en soutenant son invasion illégale de l'Ukraine », a relevé Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul. 

La Corée du Nord et la Russie, qui « luttent ensemble » contre l' »hégémonie » américaine, ont signé mercredi un accord de défense mutuelle, a annoncé Vladimir Poutine qui a remercié son hôte à Pyongyang Kim Jong Un pour son soutien dans sa guerre contre l'Ukraine.Reçu en grande pompe, le président russe a par ailleurs estimé que les sanctions du Conseil de...