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Dernières Infos - Elections au Pakistan

Course serrée, les candidats d'Imran Khan font mieux que prévu


Des personnes chargées de la surveillance des élections du parti Pakistan Tahreek-e-Insaf, à Islamabad, le 8 février 2024. AFP / SAJJAD QAYYUM

Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont au coude avec coude avec le parti de son grand rival Nawaz Sharif vendredi aux élections au Pakistan, mais la lenteur du dépouillement ne fait qu'ajouter aux soupçons de manipulation en leur défaveur.

Le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan n'a pas été autorisé à se présenter en tant que parti aux élections de jeudi. Mais les résultats officiels donnent les candidats indépendants liés au PTI vainqueurs de 16 sièges pour le scrutin législatif, soit seulement un de moins que la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de la famille Sharif. Les décomptes officieux des chaînes de télévision locales font apparaître le PTI en tête dans plusieurs des circonscriptions restantes. À 11H30 (06h30 GMT) – plus de 17 heures après la fermeture des bureaux de vote – la Commission électorale du Pakistan n'a annoncé que 53 résultats.

Nawaz Sharif, 74 ans, qui est rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres, aurait le soutien de l'armée selon les observateurs. Une victoire de son parti lui permettrait de diriger le pays pour la quatrième fois.

« Le sentiment de certitude (sur l'issue finale du scrutin) a disparu assez tôt », les candidats liés au PTI faisant mieux qu'attendu, a déclaré à l'AFP Sarah Khan, professeure de Sciences politiques à l'université de Yale, aux Etats-Unis. « Ce n'est assurément pas la conclusion déterminée à l'avance que tout le monde attendait », a-t-elle estimé.

Avant l'annonce des premiers résultats officiels, l'organisateur en chef du PTI, Omar Ayub Khan, s'était dit convaincu que son parti serait en « capacité de former le prochain gouvernement fédéral avec une majorité des deux tiers », dans une déclaration vidéo aux médias

La PML-N reste toutefois bien placée pour remporter la province du Pendjab, la plus peuplée du pays et qui représente plus de la moitié de l'électorat, a souligné sa porte-parole, Marriyum Aurangzeb.

Le vainqueur du Pendjab est normalement en position de force pour prendre la tête du gouvernement national. Nawaz Sharif a été élu dans sa circonscription de Lahore, la capitale provinciale.

« Fraudes pré-électorales » 
Les difficultés relatives de la PML-N s'expliquent sans doute par son passage au pouvoir, sous la direction de Shehbaz Sharif, le frère de Nawaz, après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre par une motion de censure en avril 2022.

Le Parti du peuple pakistanais (PPP), qui avait participé à ce même gouvernement, mais s'était distancé de la PML-N - son rival historique - pendant la campagne, fait aussi mieux que prévu, avec 15 sièges selon la Commission électorale. Son chef, Bilawal Bhutto Zardari, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, a évoqué des résultats « très encourageants ».

La Commission a d'abord invoqué des « problèmes d'internet » pour expliquer la lenteur du processus. Mais le ministère de l'Intérieur a indiqué dans un communiqué qu'elle découlait « de précautions prises pour assurer la sécurité absolue » du dépouillement.

« Pourquoi mettent-ils aussi longtemps ? », s'est indignée auprès de l'AFP Ambreen Naz, 35 ans, une femme d'affaires de Lahore (est). « Vous savez ce qui va passer maintenant ? La bourse va ouvrir avec de fortes fluctuations. Le dollar va augmenter et la roupie chuter. Tout ça parce qu'ils ont retardé la publication des résultats, les rendant controversés ».

Quelque 128 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes jeudi pour élire les 336 députés du parlement fédéral et renouveler les assemblées provinciales.

La campagne avait été marquée par des accusations de « fraudes pré-électorales », avec la mise à l'écart du populaire Imran Khan, 71 ans, condamné à trois longues peines de prison, et la répression à l'encontre de son parti. La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles pour la journée électorale a encore renforcé les doutes sur la régularité des élections.
« Un effort est en cours pour falsifier les résultats », a accusé dans la nuit Raoof Hasan, responsable de l'information pour le PTI.

Posture anti-establishment 
Les Pakistanais à 70% « n'ont pas confiance dans l'intégrité des élections », avait déjà pointé cette semaine l'institut Gallup. Cela traduit un recul démocratique pour un pays qui a été dirigé pendant des décennies par l'armée, mais est sous gouvernement civil depuis 2008.

« Les craintes de falsification des résultats et de fraudes sont répandues et à juste titre », a observé sur le réseau social X Michael Kugelman, directeur de l'Institut d'Asie du Sud au Wilson Center de Washington.

Imran Khan espérait bénéficier comme lors de son élection en 2018 de la mobilisation de la jeunesse, assoiffée de changement après des décennies de domination des grandes dynasties familiales, jugées corrompues.

La posture anti-establishment de l'ancienne star du cricket explique que sa popularité est restée intacte, malgré un passage au pouvoir marqué par la détérioration de la situation économique.

Il a défié de front l'armée, pourtant soupçonnée de l'avoir soutenu en 2018, l'accusant d'avoir orchestré sa chute en 2022 et lui attribuant ses ennuis judiciaires.

Le scrutin a été ensanglanté mercredi par la mort de 28 personnes dans deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

L'armée a indiqué que 51 attaques avaient eu lieu jeudi, qui ont fait 12 morts, dont 10 membres des forces de sécurité.


Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont au coude avec coude avec le parti de son grand rival Nawaz Sharif vendredi aux élections au Pakistan, mais la lenteur du dépouillement ne fait qu'ajouter aux soupçons de manipulation en leur défaveur.Le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d'Imran Khan n'a pas été autorisé à se présenter en...