Cisjordanie : trois Palestiniens tués par des soldats israéliens dans un hôpital

Des forces spéciales israéliennes en civil ont exécuté trois jeunes palestiniens, mardi à l’aube, à l’aide d’armes munies de silencieux, au cours d’une opération d’infiltration à l'intérieur de l’hôpital Ibn Sina à Jénine, en Cisjordanie occupée. « Les forces d’occupation israéliennes ont assassiné trois Palestiniens à l’intérieur d’un hôpital à Jénine », accuse la productrice palestinienne Rania Zabaneh de la chaîne al-Jazeera English, dans un tweet sur le réseau X, vidéo à l’appui. « Deux d’entre eux rendaient visite au troisième qui était hospitalisé », ajoute-t-elle.

La vidéo tirée d'une caméra de surveillance et diffusée sur les réseaux sociaux montre des éléments armés, déguisés en médecins, infirmiers, imams ou femmes recouvertes d’une abaya noire courir dans l’hôpital à la recherche de leurs cibles. L’un d’entre eux porte un berceau, l’autre est sur fauteuil roulant et finit par se lever et porter le fauteuil.

Selon le quotidien Haaretz, qui se base sur un communiqué conjoint du service de renseignement intérieur israélien, de la police et de l’armée israélienne, les trois victimes étaient « des Palestiniens recherchés ». Il s’agissait « d’une unité armée du Hamas qui se cachaient à l’hôpital et planifiaient des attaques terroristes dans le futur immédiat ». Mohammed Jalamné, 27 ans, « était en relation avec le commandement du Hamas à l’étranger, fournissait les terroristes en armes et munitions et planifiait une opération contre les communautés israéliennes similaire à l’attaque du 7 octobre », précise le Haaretz. Les frères Mohammed et Bassel Ghazzaoui étaient également actifs à Jénine, toujours selon le journal. Le premier était « membre des bataillons de Jénine » et son frère appartenait au « Jihad Islamique » palestinien.

Mais côté palestinien, on dénonce une violation flagrante des lois de la guerre. Car Bassel Ghazzaoui était hospitalisé après avoir été grièvement blessé par une frappe israélienne sur le cimetière de Jénine, le 25 octobre dernier.

Sur les réseaux sociaux circulent des photos de lits d’hôpitaux recouverts de sang. La photo de Bassel Ghazzaoui sur son lit d’hôpital est également publiée. « Il s’agit d’une violation flagrante des lois humanitaires », accuse Moustapha Barghouti, médecin et homme politique palestinien, dénonçant « la terreur israélienne ». La femme politique palestinienne Hanane Achraoui condamne « les exécutions à bout portant d’un patient impuissant, de son frère et de leur ami ». « Israël persiste à commettre des crimes de guerre », accuse-t-elle, relayant les images publiées par l’internaute Nour Odeh.

Le directeur général du ministère palestinien de la Santé, le Dr Wissam Sbeihat, fait de son côté part de ses craintes à la chaîne al-Jazeera English que « ce genre de crime ne devienne la nouvelle politique israélienne ».

C’est dans ce cadre que le ministre palestinien a appelé les Nations unies et les organisations des droits de l’homme « à mettre fin à la série de crimes commis par l’occupation israélienne contre les structures de santé palestiniennes », demandant que « soient protégés les centres de soin, les ambulances et le personnel ».

Le Hamas a confirmé l'affiliation de Mohammad Jalamné, et le Jihad islamique celle des deux frères. Les funérailles se sont déroulées dans la matinée.