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Dernières Infos - Conflit

Nouveau point d'entrée pour l'aide à Gaza pendant qu'Israël poursuit les frappes

Des camions d'aide humanitaire font la queue au passage de Kerem Shalom, le 12 décembre 2023. Photo COGAT via X/Handout via REUTERS

Israël a autorisé vendredi l'ouverture « temporaire » d'un nouveau point d'entrée pour accélérer l'arrivée d'aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, tout en poursuivant d'intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour mieux protéger les civils.

La décision d'autoriser l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise à décongestionner le terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte. C'est actuellement l'unique point d'entrée des camions de vivres et médicaments dans l'étroite bande de terre, et à un rythme très inférieur à avant le début de la guerre. « Nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau, pas d'abris. Tous les services font défaut à Gaza », se désespère un habitant du camp de Jabaliya (nord) interrogé par l'AFP, qui ne donne pas son nom.

La guerre a été déclenchée par une attaque le 7 octobre, sans précédent dans l'histoire d'Israël, menée par le Hamas, qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Environ 250 personnes ont été capturées et emmenées dans la bande de Gaza par le mouvement islamiste palestinien et d'autres groupes alliés.

En représailles, Israël a promis de « détruire » le Hamas et a lancé une offensive sur la bande de Gaza. Près de de 18.800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, d'après le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza.

L'ouverture au passage de l'aide par Kerem Shalom est « une très bonne nouvelle », s'est réjoui le représentant de l'OMS pour les territoires palestiniens occupés, estimant cependant qu'il fallait « travailler » à l'accès des camions de vivres et médicaments à toute la bande de Gaza, qui restent largement bloqués à Rafah à cause des combats.

« Tout est détruit »

Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie sur l'étroite bande de terre sont décrites comme cauchemardesques par l'ONU et les ONG pour des civils acculés dans des zones toujours plus petites pour tenter d'échapper aux bombes.

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux combats qui s'étendaient.

A Khan Younès, au sud du territoire, le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi matin de « dizaines de morts et de blessés » dans des bombardements.

Rafah a elle aussi été frappée. « Nous dormions dans notre maison et soudain, il y a eu une frappe, a raconté à l'AFP un survivant, Bakr Abu Hajjaj. « Il y a des blessés, tout est détruit, cela fit 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction », a-t-il ajouté.

Dans le nord, les soldats israéliens appuyés par des chars ont lancé jeudi, pour la troisième journée consécutive, un assaut contre l'hôpital Kamal Adwane à Beit Lahiya, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), tandis qu'un autre hôpital de la même région, Al-Awda, à Jabalia, reste encerclé par l'armée.

En Israël, des journalistes de l'AFP ont vu plusieurs roquettes interceptées au-dessus de Jérusalem, peu de temps après le déclenchement des sirènes d'alerte pour la première fois depuis le 30 octobre, selon l'armée. Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a prévenu qu'il y aura « davantage de batailles difficiles dans les prochains jours ».

Au total, selon l'armée, 119 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déjà prévenu jeudi que la guerre à Gaza « durera plus que quelques mois ».

Nouvelle phase

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, était toutefois en Israël jeudi et vendredi pour appuyer le souhait de la Maison Blanche de voir l'offensive israélienne à Gaza diminuer d'intensité et devenir plus « ciblée » pour mieux protéger les civils.

Washington souhaite que l'offensive israélienne bascule vers des « opérations de plus faible intensité » dans un « futur proche », selon la Maison Blanche.

Dans un signe de crispation inédit face à l'ampleur des pertes palestiniennes, le président américain Joe Biden a déclaré mardi qu'Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements « aveugles ». M. Sullivan a aussi estimé vendredi qu'il ne serait « pas juste » qu'Israël occupe Gaza dans la durée.

Avec son offensive terrestre, l'armée israélienne a gagné le contrôle de plusieurs zones du nord de l'étroite bande côtière. Israël s'est retiré de la bande de Gaza en 2005, d'où l'Autorité palestinienne a été chassée en 2007 par le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Le gouvernement israélien, a souligné M. Sullivan, a lui-même « fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'occuper Gaza sur le long terme, et que le contrôle de Gaza, l'administration de Gaza et la sécurité de Gaza devaient revenir aux Palestiniens ».

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué plus tôt dans la semaine vouloir prendre « la responsabilité générale de la sécurité » du territoire « pour une durée indéterminée », après la guerre.

Journaliste blessé

Un journaliste de l'agence de presse turque Anadolu a par ailleurs été blessé à Jérusalem-est, annexée et occupée par Israël. Dans des images récupérées par l'AFP, on voit ce photographe, Mustafa Alkharuf, d'abord frappé au visage puis roué de coups de pieds.

Le PDG d'Anadolu Serdar Karagöz a déclaré sur le réseau social « X » que son agence allait « se battre résolument pour que les auteurs soient tenus responsables devant la loi internationale ».

Un porte-parole de la police israélienne a précisé que les officiers observés dans la vidéo avaient fait l'objet d'une « suspension opérationnelle immédiate ».

« La prochaine vie »

L'armée a annoncé vendredi avoir récupéré les corps de trois otages, dont celui d'un franco-israélien, Elya Toledano. Il reste 132 personnes aux mains du Hamas et de groupes alliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.

Vendredi ont eu lieu les funérailles d'Eden Zakaria, une otage du Hamas enlevée le 7 octobre et retrouvée morte par l'armée lors d'une opération à Gaza. « J'aimerais pouvoir être ta mère dans la prochaine vie. J'aimerais que nous puissions recommencer à zéro », dit sa mère entre deux sanglots.

Israël a autorisé vendredi l'ouverture « temporaire » d'un nouveau point d'entrée pour accélérer l'arrivée d'aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, tout en poursuivant d'intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour mieux protéger les civils.La décision d'autoriser l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise...