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Lifestyle - L’instant K à Cannes

Jour 10 : N’est pas Liz Taylor qui veut

Premier festival de cinéma au monde, le Festival de Cannes fait tourner les têtes. Il les couronne comme il les fait tomber. Tous les regards convergent vers la Riviera où stars, « wanna be » et has been se côtoient et festoient pour l’amour du 7e art. Depuis la Croisette, nous ouvrons grands les yeux et les oreilles. Qui brille sous les flashs, qui est la coqueluche, le talent du jour ? Qui délie les langues, qui rend les autres jaloux et qui est passé inaperçu ? « L’Orient-Le Jour » se glisse entre le tapis rouge et les murmures de café. Voici la pêche du jour.

Jour 10 : N’est pas Liz Taylor qui veut

Queen Latifah fait son entrée - spectaculaire - au gala annuel d'amfAR contre le Sida, au Cap-Eden-Roc d'Antibes. Photo Patricia DE MELO MOREIRA / AFP

Jeudi 25 mai, 9 heures. À l’entrée du Martinez, les mêmes scènes se répètent depuis 10 jours, à en lasser les personnes en charge de la sécurité, épuisées par ce festival « de clowns en smoking », comme le dit un vigile à son collègue n’arrivant pas à identifier les derniers arrivants venus passer un week-end prolongé sur la Croisette. Si Léon et Fabi se réjouissent à l’idée de s’imbiber de ce soleil qui leur manque cruellement au creux des alpes, ce couple de retraités suisses n’est pas sur la Côte d’Azur uniquement pour les paillettes cannoises… Au dernier étage du célèbre hôtel, les suites commencent à se vider, les yachts visibles depuis le port se font plus rares, tout comme les files d’attente devant la boutique Dior de la rue Foch.

L’actrice Andie Macdowell posant avant la projection de « L’Eté Dernier ». Photo Loic VENANCE/AFP

Pour tout ce beau monde, direction Monaco pour suivre le grand prix de Formule 1 qui débute, alors qu’arrive Andie MacDowell en t-shirt, jean et baskets au café devant le QG de L’Oréal, dont elle est l’égérie depuis près de 3 décennies. Chevelure poivre et sel, rides assumées, le look MacDowell détonne de tout ce qui peut être vu dans les rues de la ville, assommée par la fatigue et les excès. L’actrice salue les badauds qui la confondent avec Jessica Lange et commande un décaféiné à emporter. Quelques minutes plus tard, Virginie Efira tente de se faire discrète. Avec ses lunettes de soleil couvrant la moitié de son visage et son sac Jacquemus en main, la future maman est en retard. Au téléphone, elle s’excuse et promet qu’elle est en route. Comme si ses interlocuteurs avaient mieux à faire qu’attendre la comédienne la plus en vue du cinéma français…

Frustrations cannoises

En ce dixième jour de la compétition, c’est à l’Italien Nanni Moretti que revient l’honneur d’ouvrir le bal dans la salle des conférences de presse. La veille, le mythique réalisateur de 69 ans présentait Il sol dell’avvenire en compétition officielle. Il est midi et Margherita Buy ne semble pas encore bien réveillée. L’artiste multirécompensée boude, lève ses sourcils à la moindre remarque et ne répond aux questions qui lui sont posées que par quelques mots qu’elle murmure sans même s’approcher du micro mis à sa disposition. Mais ici, on pardonne tout... ou presque, aux légendes.

L’actrice Margherita Buy, visiblement avare en réponses. Photo Loic VENANCE/AFP

À peine le point presse terminé avec l’équipe italienne que le pavillon américain ouvre ses portes, à l’arrière du Palais des festivals, pour accueillir Jeffrey Wright. L’interprète américain, bien connu des planches de Broadway, revient sur le tournage du dernier Wes Anderson, auquel il a contribué. De Westworld à Batman, l’acteur revient sur son parcours au cinéma comme à la télévision avant d’évoquer une vieille amitié avec une figure hors du commun, celle du regretté Starman, David Bowie, avec qui il a partagé l’affiche en 1996. Dans Basquiat, film éponyme retraçant la vie du street-artist, Wright côtoie un « Bowie aussi perché que passionnant » dans le rôle d’Andy Warhol, rappelant que l’extravagant chanteur a aussi été un acteur prolifique ayant travaillé avec les plus grands, de Martin Scorsese à David Lynch. Au pavillon américain, on écoute et on applaudit, beaucoup, trop. Un rien devient un show. Des jeunes Californiens venus arrondir leurs fins de mois en faisant le sale boulot sur 150 mètres carrés aux républicains de l’Arkansas qui découvrent l’Europe et qui froncent les sourcils quand on parle de problème d’inclusion au cinéma. Tous les clichés-sur-pattes de cette Amérique quelque peu vulgaire se réunissent dans l’enceinte de ce pavillon avec vue sur les plages bondées de monde. « Do you think Oprah’s here ? »

Le réalisateur Nanni Moretti danse entouré de Barbora Bobulova, Mathieu Amalric, Federica Pontremoli et Margherita Buy avant la projection de "Il Sol Dell'Avvenire" Photo Patricia DE MELO MOREIRA / AFP

Sur le tapis rouge « Je n’arrive pas à croire que je vais me taper un film français de 3 heures pour ressortir écrire dessus ! ». Au mini-bar d’une terrasse surplombant le Majestic Barrière, une journaliste italienne se fait remarquer, et pas que pour son accent. Visiblement agacée de n’avoir pas pu être accréditée pour couvrir la soirée de l’AmfAR qui réunit aussi bien people que richissimes anonymes, la trentenaire se contente de la montée des marches du jour avec au programme, le dernier long-métrage de Catherine Breillat, L’été dernier. Autour du tapis rouge, les photographes sont peu nombreux, ils savent que le show est ailleurs ce soir… Malgré ce manque d’enthousiasme, Léa Drucker (oui, on parle bien de la nièce de Michel Drucker) et Clotilde Courau assurent le minimum syndical entre selfies, autographes, interviews et poses jamais très naturelles…

L’Eden des stars

En fin d’après-midi, à quelques kilomètres de la Croisette, les célébrités se donnent rendez-vous pour le gala caritatif de l’AmfAR à l’Eden Roc, qui a pour objectif de lever des fonds pour la recherche sur le sida. Créée par la papesse de l’activisme-glam, Elizabeth Taylor, qui a toujours été la figure de proue de la lutte contre l’inaction des autorités face à l’ampleur qu’avait prise l’épidémie de VIH à ses débuts dans les années 1980, l’institution continue d’honorer la mémoire de l’icône décédée en 2011. Au cours de cette soirée, les personnes conviées sont clairement appelées à faire des dons et des promesses d’achats au travers d’enchères de biens luxueux. Si le mythique hôtel du Cap d’Antibes est bien connu pour loger les célébrités discrètes ne souhaitant pas se mêler aux autres pendant la tenue du festival, l’institution devient le temps d’une soirée the place to be, avec plus de visages connus au mètre carré que nulle part ailleurs au monde. De quoi rendre jalouse Anna Wintour et son Met Gala new-yorkais. À 18 heures, la maîtresse de cérémonie Queen Latifah fait son entrée, suivie par Heidi Klum, Eva Longoria et Kate Beckinsale, entre autres.

La très élégante Eva Longoria au gala d'amfAR. Photo Patricia DE MELO MOREIRA / AFP

À Cannes, Katia, styliste et commentatrice de mode de 56 ans suit l’arrivée des stars depuis son compte Instagram qu’elle ne cesse de rafraîchir. L’inspiration ne lui vient pas. « Elles sont toutes habillés de manière très fade cette année ! Il manque une Sharon Stone pour ce côté va-va-voom ! Tu comprends darling ? ». En veste léopard alors qu’il fait 25 degrés en cette fin de journée, Katia dresse la liste de celles qui feront leur entrée dans le top 10 des meilleures robes qu’elle prépare pour le site d’un magazine féminin américain. « Décidément, tout devient un peu insipide », ajoute-t-elle en tapant agressivement sur son clavier d’ordinateur avec ses longs ongles jaune fluo. Qu’elle paraît lointaine, l’ère mythique de Liz Taylor…

Sylvester Stallone et Elisabeth Taylor lors du Festival de Cannes 1993. Photo Patrick Billard/AFP

Jeudi 25 mai, 9 heures. À l’entrée du Martinez, les mêmes scènes se répètent depuis 10 jours, à en lasser les personnes en charge de la sécurité, épuisées par ce festival « de clowns en smoking », comme le dit un vigile à son collègue n’arrivant pas à identifier les derniers arrivants venus passer un week-end prolongé sur la Croisette. Si Léon et Fabi se réjouissent à...

commentaires (2)

Comme tout le monde nous attendons impatiemment le Palmarès de la Sélection, tout en craignant le couronnement (habituel) d'un film futur navet. Hier proclamation des prix de "la semaine de la critique " avec notamment le superbe "Inchallah walad". Je ne mentionne même pas les autres...sordides, morbides, absurdes ou avec des fins ouvertes. L'intérêt d'être-en ce moment- à Cannes c'est surtout de voir l'hystérie des badauds qui grillent au soleil dans l'attente de la sortie des stars qui, souvent, empruntent une porte de service!!! Autre amusement : les tenues extravagantes de personnes cherchant à se faire remarquer et qui ne trompent pas! Quant à la Queen Latifa dont je n'avais jamais entendu parler, j'ai bien cru que c'était une ressortissante d'un Émirat... Votre reporter a bien dû s'amuser dans ce cirque annuel !

Lilou BOISSÉ

01 h 31, le 27 mai 2023

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Commentaires (2)

  • Comme tout le monde nous attendons impatiemment le Palmarès de la Sélection, tout en craignant le couronnement (habituel) d'un film futur navet. Hier proclamation des prix de "la semaine de la critique " avec notamment le superbe "Inchallah walad". Je ne mentionne même pas les autres...sordides, morbides, absurdes ou avec des fins ouvertes. L'intérêt d'être-en ce moment- à Cannes c'est surtout de voir l'hystérie des badauds qui grillent au soleil dans l'attente de la sortie des stars qui, souvent, empruntent une porte de service!!! Autre amusement : les tenues extravagantes de personnes cherchant à se faire remarquer et qui ne trompent pas! Quant à la Queen Latifa dont je n'avais jamais entendu parler, j'ai bien cru que c'était une ressortissante d'un Émirat... Votre reporter a bien dû s'amuser dans ce cirque annuel !

    Lilou BOISSÉ

    01 h 31, le 27 mai 2023

  • Ces festivals sont bien beaux, bien sympas, ca fait tourner l'économie, ca sent la joie ( en apparence), c'est jour de fête pour le tourisme de la région.. c'est aussi montrer à certains barbus de par le monde ce qu'est "la joie de vivre " ( eux qui interdisent les maillots de bain et les musiques) . Bref...Super. Faut le garder ce festival voire ces festivals : mais bon pour ce que ces festivals représentent?? Le contenu?? C'est autre chose... ... S'auto-féliciter, s'auto-congratuler et s'auto-remettre des prix en cercle fermé c'est n'importe quoi. Surtout que la plupart des films (pas tous heureusement) récompensés sont les films qui n'ont pas eu le succès escompté par le grand public ou dont le public n'a jamais entendu parler. Bref, ce sont des prix remis par des artistes à des artistes. Le commun du peuple ne fera qu'admirer et applaudir béatement durant la durée de ces festivals ( que ce soit les oscars que les césars ..) Les gens n'attendent que des Buzz , comme la giffle faite par will smith au commentateur qui avait cité l'épouse de Smith.... Je suppose qu'en interne, les sourires entre artistes et compétiteurs stars ...Ces sourires ne sont pas présents comme ceux affichés face aux caméras ... Mais bon, tout le monde joue le jeu...Ce sont des comédiens après tout :) :)

    LE FRANCOPHONE

    14 h 14, le 26 mai 2023

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