L'épouse d'un avocat emprisonné en Egypte a été relâchée lundi à l'issue de "13 heures de détention" pour avoir affirmé en ligne que son mari avait été maltraité par le personnel pénitentiaire, rapportent des défenseurs des droits humains.
Neamatallah Hisham, la femme de Mohamed al-Baqer, l'avocat d'Alaa Abdel Fattah, le détenu politique le plus célèbre d'Egypte, a été "libérée", a indiqué en fin d'après-midi Hossam Bahgat, le directeur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).
Mme Hisham avait été "arrêtée, son téléphone confisqué et elle a été conduite vers un lieu inconnu" par les forces de sécurité tôt le matin, avait précédemment rapporté l'EIPR, la plus importante ONG de défense des droits humains d'Egypte.
La Rapporteure de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, avait qualifié cette arrestation de "préoccupante".
L'arrestation a eu lieu "quelques heures après qu'elle eut rendu visite à son mari et publié des messages sur les mauvais traitements qu'il avait subis de la part du personnel de la prison", avait écrit Mme Lawlor sur Twitter. Selon ces messages --qui ont disparu du compte Twitter de Mme Hisham durant sa détention--, M. Baqer a été "battu", "bâillonné", "mis en sous-vêtements pendant deux jours" et "placé à l'isolement" la semaine dernière. Elle a ajouté que les autorités pénitentiaires avaient pris pour cible M. Baqer et ses compagnons de cellule parce qu'ils avaient défendu un détenu âgé contre les mauvais traitements qui lui étaient infligés.
M. Baqer purge une peine de quatre ans d'emprisonnement pour "fausses nouvelles". Il a été arrêté en 2019 alors qu'il assistait à l'interrogatoire de M. Abdel Fattah, blogueur prodémocratie et icône de la "révolution" de 2011.
Alaa Abdel Fattah a également été arrêté fin 2019 et condamné à cinq ans de prison pour "fausses informations" après avoir reposté sur Facebook un texte, écrit par un autre, accusant un officier de torture.
Les organisations de défense droits humains estiment à environ 60.000 le nombre des prisonniers politiques en Egypte, dont plusieurs dans des conditions difficiles dans des cellules surpeuplées.
Le Caire assure avoir lancé une nouvelle "stratégie nationale des droits humains", réactivé sa commission des grâces présidentielles et promet sous peu un dialogue national. Mais, répondent les défenseurs des droits humains, si les grâces présidentielles ont permis de libérer 124 détenus politiques au premier trimestre 2023, 459 autres sont entrés en prison au même moment.
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