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Démantèlement de la plus importante fabrique de cigarettes de contrefaçon


Démantèlement de la plus importante fabrique de cigarettes de contrefaçon

Des cigarettes stockées dans une fabrique clandestine, le 15 janvier 2023. Photo SIRPA / AFP

Dans une petite commune de l'ouest de la France, il y avait tout pour fabriquer, conditionner, expédier les cigarettes de contrefaçon, y compris un espace de vie pour ne pas avoir à quitter les lieux. Les gendarmes ont démantelé jeudi près de Rouen la plus importante fabrique clandestine de cigarettes à ce jour dans le pays.

Plus de 100 tonnes de produits (55 tonnes de cigarettes, 50 tonnes d'étiquettes, filtres, papiers, emballages... et 18 tonnes de résidus de tabac et de déchets de cigarettes) ont été saisies. Le prix de revente de tabac contrefait est évalué à 13,7 millions d'euros, selon la gendarmerie nationale. Ce qui en fait la plus importante fabrique clandestine découverte à ce jour en France.

La première l'avait été en décembre 2021 par les douanes à Poincy, en région parisienne. Depuis cette "première", deux autres ateliers clandestins ont été mis au jour: un site de conditionnement à La Longueville (dans le nord) et un lieu de stockage à Poincy, encore. Le 12 janvier, les gendarmes, alertés par l'Office européen de police (Europol) fin 2022 sur la présence d'un trafic international de cigarettes dans la zone industrielle de Saint-Aubin-les-Elbeuf, près de Rouen, découvrent une véritable usine intégrée.

Neuf personnes interpellées 

La fabrique, qu'une soixantaine de gendarmes investissent, comprend trois unités. Une unité de production avec deux chaînes, une de confection des cigarettes à partir de tabac brut et une autre dédiée au conditionnement en paquets puis en cartouches au nom d'un fabriquant célèbre. Il y a aussi une zone de stockage où les cartouches de cigarettes sont conditionnées en carton sur des palettes recouvertes de film, le tout prêt à être livré. Enfin, une zone de vie complète l'ensemble, avec notamment un dortoir équipé d'une quinzaine de couchages et un coin cuisine, qui permettait aux malfaiteurs de vivre sur place en toute autonomie.

L'ensemble des produits saisis a été détruit immédiatement, de même que les machines de production, a précisé la gendarmerie. Neuf personnes, âgées de 21 à 55 ans, toutes de nationalité étrangère, ont été interpellées et placées en garde à vue. La majorité d'entre elles sont de nationalité moldave.

Profits énormes 

Au regard de l'ampleur de ce dossier, le parquet de Rouen s'est dessaisi au profit de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) de Paris. Les neuf personnes interpellées ont été inculpées dimanche à Paris. Quatre ont été placés en détention provisoire, les cinq autres sous contrôle judiciaire.

Les profits énormes générés suscitent l'appétit d'organisations criminelles souvent spécialisées dans les stupéfiants, qui cherchent à se diversifier. "Le coût de fabrication est d'un euro par paquet, le reste c'est de la marge", rappelait début décembre Christophe Perruaux, directeur du service d'enquêtes judiciaires des Finances (SEJF), en charge des deux affaires de Poincy et maintenant de celle de Rouen.

Les organisations criminelles d'Europe de l'Est, des pays baltes aux Balkans, ont la mainmise sur le trafic de tabac. Auparavant établies en Ukraine puis en Pologne, les usines ont commencé, après l'offensive russe en Ukraine, à prendre racine plus près des frontières françaises, en Belgique notamment. Elles s'installent désormais en France, où le marché noir représente environ 30% du tabac en circulation, avec la volonté de rapprocher production et consommation pour optimiser les coûts de transport.

"Une usine clandestine fonctionne pendant maximum trois mois", expliquait début décembre le patron du renseignement douanier, Florian Colas. De ses lignes de production sortent en moyenne 700 paquets à la minute, 4.200 cartouches de l'heure. "Chaque machine coûtant entre 50.000 et 200.000 euros, elles sont rentabilisées en quelques jours et les taux de marge sont stupéfiants", ajoutait-il.

A raison de 8 heures par jour, ces usines rapportent, selon les renseignements douaniers, de 80.000 à 120.000 euros la journée, soit 7 millions d'euros pour trois mois.

Dans une petite commune de l'ouest de la France, il y avait tout pour fabriquer, conditionner, expédier les cigarettes de contrefaçon, y compris un espace de vie pour ne pas avoir à quitter les lieux. Les gendarmes ont démantelé jeudi près de Rouen la plus importante fabrique clandestine de cigarettes à ce jour dans le pays.
Plus de 100 tonnes de produits (55 tonnes de cigarettes, 50...