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Le procès d'un jihadiste de l'EI ouvre aux États-Unis par une confusion sur sa place dans les "Beatles"


Le procès d'un jihadiste de l'EI ouvre aux États-Unis par une confusion sur sa place dans les

Diane Foley, mère du journaliste américain assassiné par des membres de l'État islamique, James Foley, arrive au tribunal fédéral d'Alexandria, en Virginie, le 30 mars 2022. Photo OLIVIER DOULIERY / AFP

La justice américaine a entamé mercredi le procès d'un jihadiste de l'État islamique (EI) dans une certaine confusion sur sa place au sein de la cellule dite des "Beatles", spécialisée dans la capture et l'exécution d'otages occidentaux. El Shafee el-Sheikh, un homme de 33 ans déchu de sa nationalité britannique, était-il "George", comme certains anciens otages le pensent? Ou "Ringo", comme l'a déclaré le procureur dans ses déclarations liminaires?

S'engouffrant dans les "incohérences" entre témoins, l'avocat de l'accusé a quant à lui assuré que son client n'avait "pas fait partie des Beatles". Ce surnom avait été donné par des otages occidentaux à un groupe de jihadistes à l'accent britannique, actifs entre 2012 et 2015, qui avait gagné une sinistre notoriété en mettant en scène l'exécution de captifs dans d'insoutenables vidéos de propagande.

Ils sont soupçonnés d'avoir enlevé 27 otages occidentaux, originaires d'une quinzaine de pays. "Tous ont été maltraités, brutalisés aux mains des +Beatles+", a rappelé le procureur John Gibbs. "En secret, les otages leur avaient donné des surnoms et El Shafee el-sheikh était Ringo", a-t-il assuré, en l'accusant d'avoir "volontairement conspiré avec d'autres pour prendre en otage" des Occidentaux. Ces enlèvements "ont entraîné la mort", entre autres, de quatre Américains: les journalistes James Foley et Steven Sotloff, ainsi que les travailleurs humanitaires Kayla Mueller et Peter Kassig, a-t-il rappelé.

Le procureur a décrit les vidéos mettant en scène la décapitation des trois Américains, mais aussi de Britanniques ou Japonais. Il a également expliqué comment la jeune Kayla Mueller avait été réduite en "esclavage" et "violée" par le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi, avant d'être tuée en 2015. Dans la salle d'audience du tribunal d'Alexandria, près de Washington, les proches des victimes ont écouté ces descriptions, serrés les uns contre les autres.


"Méprisables"
Ces vidéos sont "horribles" et "brisent le cœur", a commenté l'avocat de l'accusé, Ed MacMahon. Ce sont des actes "méprisables, insensés, nous ne le contestons pas". Mais "qui était +John+ ? qui était +George+ ? qui était +Ringo+ ou +Paul+? ", s'est-t-il interrogé, en soulevant les "incohérences" entre les anciens otages. Leurs geôliers étaient toujours masqués et avaient "les mêmes caractéristiques, le même parcours, le même accent", a-t-il relevé. "Est-ce-que les identifications sont correctes?"

Pour Me MacMahon, El Shafee el-Sheikh s'est bien rendu en Syrie en 2012 et a rejoint les rangs de l'EI, mais "il n'était pas membre des +Beatles+". Il "n'était pas impliqué dans les enlèvements ni les meurtres", a-t-il soutenu, en demandant aux jurés de l'acquitter.

Sans "compassion"

Une quarantaine de témoins devraient être appelés à la barre lors des trois à quatre semaines de procès. Parmi eux, d'anciens otages raconteront le "strict protocole" que leur imposaient les +Beatles+: se mettre à genou face à un mur, sans les regarder. Qu'ils s'y plient ou non, "ils subissaient des coups de manière répétée et imprévisible", a déclaré le procureur Gibbs. L'accusation a également convoqué une femme yazidie, ancienne esclave de l'EI, qui a été détenue pendant plusieurs mois avec Kayla Mueller.

El Shafee el-Sheikh a été arrêté par les forces kurdes syriennes en 2018 avec Alexanda Kotey, un autre membre présumé des "Beatles". Alors qu'il était leur captif, il a admis, dans des interviews accordées à plusieurs médias, avoir "interagi" sans "compassion" avec les otages. Mais il a cherché à minimiser son rôle, en se décrivant comme un intermédiaire chargé de récupérer les adresses e-mail des proches des détenus pour négocier les rançons. Son avocat a appelé les jurés à "mettre de côté" ces interviews, données alors que son client craignait, selon lui, pour sa vie.

Drone
Les deux hommes avaient été transférés en 2019 aux forces américaines en Irak et en 2020 aux États-Unis. Depuis, Alexanda Kotey a plaidé coupable "de prise d'otages ayant entraîné la mort", dans l'espoir de purger une partie de sa peine -- qui sera prononcée fin avril -- au Royaume-Uni. La figure la plus marquante des "Beatles", Mohammed Emwazi, dit "Jihadi John", qui apparaissait armé d'un couteau de boucher sur les films montrant l'exécution des otages, est mort dans une attaque de drone américain en 2015.

Un quatrième jihadiste britannique, Aine Davis, est en prison en Turquie, où il a été condamné pour terrorisme.
El Shafee el-sheikh encourt une peine de prison à vie incompressible, les États-Unis s'étant engagés à ne pas requérir la peine de mort afin d'obtenir la coopération judiciaire de Londres.

La justice américaine a entamé mercredi le procès d'un jihadiste de l'État islamique (EI) dans une certaine confusion sur sa place au sein de la cellule dite des "Beatles", spécialisée dans la capture et l'exécution d'otages occidentaux. El Shafee el-Sheikh, un homme de 33 ans déchu de sa nationalité britannique, était-il "George", comme certains anciens otages le pensent? Ou "Ringo",...