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Appels au calme après la mort de l'indépendantiste Yvan Colonna, assassin d'un préfet français


Appels au calme après la mort de l'indépendantiste Yvan Colonna, assassin d'un préfet français

Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, le 25 mai 1999. Photo d'archives Ministère français de l'Intérieur / Handout via REUTERS

En Corse, l'heure était au recueillement mardi et aux appels au calme, notamment du président français, au lendemain de la mort d'Yvan Colonna, militant indépendantiste condamné pour l'assassinat d'un préfet, afin d'éviter une nouvelle flambée de colère sur l'île. Dans les rues, des "Gloria à tè !" inscrits en noir donnent le ton de l'émotion suscitée par le décès, après trois semaines de coma, du détenu corse le plus connu de France, qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l'assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac. Des faits qu'il a toujours niés.

Dans les kiosques, la Une de Corse-Matin montre la main d'une femme, les ongles peints, caressant une affiche du visage du militant nationaliste. Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, la mort d'Yvan Colonna "est une injustice et une tragédie, qui vont marquer l'histoire contemporaine de la Corse et de son peuple".

"La Corse traverse une crise identitaire, et avec Yvan Colonna, elle a trouvé son incarnation, son martyr", explique Dominique , 60 ans: "Je crains, je redoute qu'après le deuil, ça éclate", poursuit cette Corse de la diaspora venue s'installer dans l'île depuis vingt ans. Peu acceptent de parler, par respect pour la famille. Mais l'émotion est là. A Ajaccio, plusieurs centaines de jeunes --250 selon les autorités-- ont manifesté dans le calme mardi matin, passant allumer des bougies devant la cathédrale, derrière une banderole de tête en hommage à l'ancien berger de Cargèse, "Yvan martiriu di à causa corsa" (NDLR: Yvan martyr de la cause corse).

"À un moment donné le peuple corse va témoigner de sa colère", car "les jours qu'on vient de passer appellent à un changement profond", pense Gérôme Bouda, 41 ans. Un autre rassemblement est prévu à Bastia dans l'après-midi. L'agression d'Yvan Colonna le 2 mars à la prison d'Arles (sud), par un détenu djihadiste, avait suscité une colère quasi unanime dans l'île, de nombreux Corses estimant que cette agression n'aurait jamais eu lieu si le militant avait été transféré en Corse comme il le demandait de longue date.

Dans ce contexte, le président de la République Emmanuel Macron a estimé mardi sur la radio France Bleue que "le plus important est que le calme se maintienne", saluant au passage "l'esprit de responsabilité" des élus corses. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait dès mardi matin appelé "au calme et au dialogue", sur la radio Europe 1. "Toute la lumière sera faite sur l'enchaînement qui a conduit à cette situation qui n'est pas acceptable", a-t-il de nouveau promis.

Du Pays basque à la Nouvelle-Calédonie

Mardi matin, le maire d'Ajaccio, Laurent Marcangelli, leader de l'opposition de droite dans l'île a lui aussi appelé à respecter le deuil de la famille, "comme elle le demande avec dignité et sobriété". Sulidarita, une des associations de défense des prisonniers politiques corses, était cependant dans un autre registre. "Malheur à l'État français assassin", a promis sur Twitter sa secrétaire générale Katti Bartoli.

Pour tenter d'apaiser la situation, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait passé trois jours sur l'île en fin de semaine dernière, levant le tabou d'une possible autonomie de l'île. Il avait annoncé que les conclusions de l'enquête administrative sur l'agression de l'ancien berger de Cargèse devraient être rendues publiques d'ici la fin de cette semaine.

"Si la loi avait été appliquée et Colonna rapproché, ce drame ne se serait pas produit", a répété mardi matin Michel Castellani, député nationaliste corse, sur la radio franceinfo. L'audition à l'Assemblée nationale du chef d'établissement de la centrale d'Arles, prévue initialement mercredi, a été reportée d'une semaine, "afin de respecter le deuil de la famille". Après l'Assemblée nationale de Catalogne ou le parti basque Sortu, qui ont dès lundi apporté le soutien de ces deux régions à forte couleur nationaliste, c'est le FLNKS, partisan de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et l'Union sociale des travailleurs kanaks, qui ont fait part de leur soutien mercredi.

En Corse, l'heure était au recueillement mardi et aux appels au calme, notamment du président français, au lendemain de la mort d'Yvan Colonna, militant indépendantiste condamné pour l'assassinat d'un préfet, afin d'éviter une nouvelle flambée de colère sur l'île. Dans les rues, des "Gloria à tè !" inscrits en noir donnent le ton de l'émotion suscitée par le décès, après trois...