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Pénuries de carburant : le gouvernement cherche à rassurer



Pénuries de carburant : le gouvernement cherche à rassurer

Des voitures faisant la file devant une station-service de Begelly, au Pays de Galles, en Grande-Bretagne, le 24 septembre 2021. Photo REUTERS/Rebecca Naden

Après les supermarchés, les stations-service : le manque de chauffeurs routiers au Royaume-Uni provoque des difficultés d'approvisionnement aux conséquences de plus en plus visibles, contraignant le gouvernement à appeler au calme et à chercher des solutions d'urgence. Les images de pompes à essence fermées et d'automobilistes faisant la queue pour faire le plein de peur de manquer d'essence ont apporté une illustration choc des difficultés subies par les Britanniques sous l'effet de la pandémie et du Brexit.

Selon plusieurs journaux britanniques, le Premier ministre Boris Johnson, face à une aggravation faisant craindre le pire pour Noël, envisage parmi plusieurs options l'octroi de visas temporaires pour des chauffeurs de poids lourds malgré l'opposition de plusieurs ministres. Une mesure que l'organisation patronale CBI appelle de ses vœux, plaidant pour des mesures urgentes au plus haut niveau du gouvernement. La presse évoque également la possibilité de mobiliser l'armée pour livrer les carburants.

Le groupe britannique BP a indiqué avoir fermé une vingtaine de stations sur 1.200, tandis qu'entre 50 et 100 manquent d'au moins un type de carburant. Le géant américain ExxonMobil, propriétaire des stations Esso, avait indiqué jeudi qu'un "petit nombre" de ses 200 stations dans les supermarchés Tesco étaient touchées par ce problème. Shell a de son côté observé vendredi "une augmentation de la demande" dans certaines stations, provoquant parfois "des files d'attentes plus longues", selon un porte-parole, qui assure adapter ses livraisons pour assurer l'approvisionnement.

"C'est comme si nous vivions dans un pays du tiers monde", se désole Emile Jomaa, cadre dans le secteur bancaire de 66 ans interrogé par l'AFP dans une station BP de l'ouest de Londres, où certains types de carburants ne sont plus disponibles.
Pour Shane Kenneally, 38 ans, le problème vient du Brexit, à l'origine d'une une pénurie de main-d'œuvre "dans tous les secteurs". "On aurait dû y réfléchir, mais ce gouvernement n'a jamais anticipé", peste ce directeur d'une entreprise d'aménagement paysager.

Face aux craintes de pénuries, le ministre des Transports Grant Shapps a appelé vendredi matin les automobilistes à "agir comme d'habitude" et à ne pas procéder à des achats massifs sous l'effet de la panique, susceptibles d'aggraver la situation.

100.000 chauffeurs manquants 
La pandémie, qui s'est traduite par la fermeture pendant des mois de centres de formation des nouveaux chauffeurs, est la "principale cause" du manque de conducteurs, un problème qui touche d'autres pays, a affirmé Grant Shapps. Pour attirer davantage de candidats, il a encouragé une hausse des salaires et une amélioration des conditions de travail dans ce secteur.

La pandémie a aussi incité nombre de chauffeurs routiers étrangers à rentrer dans leur pays, et le Brexit a compliqué l'arrivée de nouveaux chauffeurs originaires de l'Union européenne en raison de formalités d'immigration bien plus complexes qu'auparavant. L'association de transporteurs RHA (Road Haulage Association) estime que le Royaume-Uni a besoin d'environ 100.000 chauffeurs routiers supplémentaires, un manque qui a créé des problèmes d'approvisionnements croissants ces dernières semaines dans les supermarchés ou encore de grandes enseignes comme les pubs Wetherspoon, les chaînes de fast-food McDonalds ou KFC.

Sur Twitter, le directeur général de l'association Rod McKenzie, a toutefois appelé à "ne pas paniquer", assurant que les "choses vont simplement prendre un peu plus de temps pour arriver". Selon la RHA, environ 20.000 chauffeurs routiers européens ont quitté le Royaume-Uni depuis le Brexit.

Le ministre des Transports a refusé d'expliquer la situation par le Brexit qui selon lui a "en réalité fourni une part de la solution" : "Grâce au Brexit, j'ai pu changer la loi et modifier la façon dont les tests de conduite fonctionnent, d'une manière que je n'aurais pas pu faire si nous faisions encore partie de l'UE", a-t-il dit. Le gouvernement avait annoncé le mois dernier changer les règles pour accélérer la formation des chauffeurs routiers.

La Fédération de l'industrie du pétrole du Royaume-Uni (UKPIA) s'est aussi voulue rassurante, affirmant que "la chaîne d'approvisionnement en carburant est résiliente et (que) le carburant arrive actuellement à la grande majorité des consommateurs".

Le député travailliste David Lammy a averti le gouvernement qu'il s'exposait à "un hiver de mécontentement" avec des pénuries de personnel et d'approvisionnement.

Après les supermarchés, les stations-service : le manque de chauffeurs routiers au Royaume-Uni provoque des difficultés d'approvisionnement aux conséquences de plus en plus visibles, contraignant le gouvernement à appeler au calme et à chercher des solutions d'urgence. Les images de pompes à essence fermées et d'automobilistes faisant la queue pour faire le plein de peur de manquer...