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Dernières Infos - Centrafrique

Un Français récemment arrêté accusé d'"espionnage" et "complot"

Un Français récemment arrêté accusé d'

Photo d'illustration AFP / SIA KAMBOU

Un Français, arrêté il y a un mois en possession d'armes de guerre en Centrafrique, y est accusé d'"espionnage" et de "complot", au moment où Paris gèle sa coopération avec son ancienne colonie qu'elle juge complice d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.

Juan Rémy Quignolot, interpellé le 10 mai dans la capitale centrafricaine, a été "placé sous mandat de dépôt, en détention provisoire", "accusé d'espionnage, détention illégale d'armes de guerre et de chasse, association de malfaiteurs, atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat et complot", a expliqué mercredi à l'AFP Éric Didier Tambo, procureur général près la Cour d'appel de Bangui, sans toutefois détailler pour quels pays ou organisation M. Quignolot est soupçonné d'avoir espionné.

Des photos de son arrestation avaient été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant le Français les mains liées dans le dos, un important arsenal à ses pieds. Le gouvernement l'avait alors accusé de détenir chez lui "une énorme quantité d'armes de guerre" et de se présenter comme "un journaliste".

"Instrumentalisation", selon Paris

Paris avait dénoncé, deux jours plus tard, cette arrestation et sa médiatisation comme une "instrumentalisation manifeste (...) par le biais de réseaux de désinformation liés à la promotion d'intérêts bien identifiés habitués à viser la présence et l'action de la France" en Centrafrique. La diplomatie française visait implicitement la Russie qui, depuis 2018, défie son influence dans ce pays parmi les plus pauvres du monde, en y multipliant ses investissements dans l'extraction des minerais et dans la coopération militaire notamment.

M. Quignolot avait travaillé ponctuellement dans plusieurs organisations en Centrafrique comme garde du corps, selon des sources humanitaires. "Il avait fait un court passage dans l'armée française dans sa jeunesse", avait indiqué une source diplomatique à l'AFP.

Le procureur Tambo n'a donné aucun détail à l'AFP sur ce qui est exactement reproché à l'accusé. Pour un éventuel procès, "je ne suis pas en mesure de donner une date mais ce sera dans les six prochains mois", a assuré le magistrat, ajoutant, quant à la peine encourue: "lorsqu'on parle d'atteinte à la sécurité intérieure, on parle de travaux forcés à perpétuité".

Classé par l'ONU deuxième pays le moins développé du monde, la Centrafrique est en proie depuis 2013 à une guerre civile qui a cependant considérablement baissé d'intensité depuis 2018.

Paramilitaires russes

Depuis fin décembre, face à une rébellion visant à le renverser, l'armée du président à peine réélu Faustin Archange Touadéra, a reconquis une grande partie de plus des deux tiers du territoire que contrôlaient jusqu'alors des groupes armés rebelles, mais seulement grâce à l'engagement de centaines de paramilitaires russes dépêchés par Moscou.

Depuis 2018, la Russie a déployé en Centrafrique des instructeurs militaires de façon officielle, mais aussi de nombreux paramilitaires. Fin décembre, Moscou a, sans l'admettre, envoyé en outre des centaines d'hommes du groupe privé russe de sécurité Wagner, lesquels ont permis aux forces gouvernementales de repousser les rebelles.

Et en décembre 2020, Facebook avait étayé le scénario d'une guerre de désinformation entre Paris et Moscou en Centrafrique, en supprimant publiquement trois réseaux de "trolls" gérés depuis la Russie et la France, dont un ayant des connexions avec l'armée française, tous accusés de mener des opérations d'interférence en Afrique.

Deux réseaux de comptes ont été attribués à des personnes associées à l'Agence russe de Recherche sur Internet (ARI) et au sulfureux homme d'affaires Evguéni Prigojine, réputé proche du président russe Vladimir Poutine et de Wagner.

Un troisième s'est avéré avoir "des liens avec des personnes associées à l'armée française", affirmait Facebook, qui se gardait toutefois d'attribuer directement l'opération à l'institution militaire.

En Centrafrique, "le discours antifrançais a permis de légitimer une présence de mercenaires prédateurs russes au sommet de l'Etat avec un président Touadéra qui est aujourd'hui l'otage du groupe Wagner", avait asséné le 30 mai le président français Emmanuel Macron dans une interview à l'hebdomadaire français Le Journal du Dimanche.

Quelques jours après, Paris gelait son aide budgétaire et suspendait sa coopération militaire avec la Centrafrique jugée "complice" d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.

"A plusieurs reprises, les autorités centrafricaines ont pris des engagements qu'elles n'ont pas tenus, tant sur le plan politique envers l'opposition que sur le comportement vis-à-vis de la France qui est la cible d'une campagne de désinformation massive", commentait lundi le ministère français des Affaires Étrangères, ajoutant: "les Russes n'y sont pas pour rien, mais les Centrafricains sont au mieux complices de cette campagne".

Un Français, arrêté il y a un mois en possession d'armes de guerre en Centrafrique, y est accusé d'"espionnage" et de "complot", au moment où Paris gèle sa coopération avec son ancienne colonie qu'elle juge complice d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.Juan Rémy Quignolot, interpellé le 10 mai dans la capitale centrafricaine, a été "placé sous mandat de dépôt,...