Un haut responsable du Hachd al-Chaabi, une coalition paramilitaire pro-Iran intégrée à l'Etat irakien, a été arrêté mercredi car suspecté d'avoir ordonné l'assassinat au début du mois du coordinateur de manifestations antipouvoir à Kerbala, a affirmé à l'AFP une source sécuritaire. Il s'agit de la première arrestation depuis le début fin 2019 d'une vague d'assassinats de militants prodémocratie dans le pays.
Selon cette source, "les services de renseignements de la police ont arrêté à l'aube à Bagdad Qassem Muslah, chef des opérations du Hachd al-Chaabi dans la région d'Anbar (sud) qui avait donné l'ordre d'assassiner Ehab al-Ouazni, le 9 mai, et un autre militant, Fahim al-Taïe, en décembre 2019". Ouazni dénonçait depuis plusieurs années les groupes armés et la mainmise de l'Iran sur son pays. Il a été abattu devant son domicile à Kerbala, dans le sud du pays.
Ce meurtre avait provoqué une onde de choc en Irak, même si le pays est habitué aux violences pré-électorales. Des législatives anticipées ont été annoncées pour octobre 2021.
Depuis le début de la révolte populaire inédite d'octobre 2019, plus de 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat, tandis que des dizaines d'autres ont été enlevés brièvement.
Si personne ne revendique ces attaques, les militants prodémocratie sont convaincus que les tueurs sont connus des services de sécurité mais ne sont pas en prison -- malgré les promesses du gouvernement -- par peur de l'Iran, le puissant voisin agissant en Irak.
Aussitôt après l'arrestation de Qassem Muslah, les forces de sécurité ont fermé la "zone verte" de la capitale, secteur ultra-protégé où se trouvent d'importants ministères, des ambassades occidentales et où vivent de hauts responsables irakiens, a indiqué une source sécuritaire.
Le Hachd al-Chaabi a publié un communiqué menaçant, promettant que Qassem Muslah "sera libéré dans les heures à venir".
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi à Bagdad à la mémoire de militants prodémocratie récemment assassinés, avant que n'éclatent des échauffourées au cours desquelles deux manifestants ont été tués.
Les affrontements ont également fait 150 blessés, en majorité des membres des forces de l'ordre, selon un tweet d'Ali Al-Bayati, membre de la Commission gouvernementale des droits humains.
Le Premier ministre irakien Moustafa Al-Kazimi s'est engagé à ouvrir une enquête "pour établir la vérité sur ce qui s'est passé dans les derniers instants de la manifestation".
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